Lutte Contre La Montre

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La nuit passait et laissait place à la première lueur du soleil. Ce qui annonçait la fin du rêve dans lequel était plongé David, le premier fils des Lokossou. Avant même le premier chant du coq, il avait ouvert les yeux, couché sur le lit accusant la providence d'avoir mis fin à ce magnifique rêve dans lequel il était plongé. Sa mère, Rita, déjà debout se donnait à l'inspection de toute la maison comme pour observer le travail qui attendait les dormants. Arrivée au niveau de la fenêtre de la chambre des garçons et elle s'écria :
-David ne vas-tu pas à l'école ? d'une voix étouffée il répond
-Je ne dors pas, elle reprit aussitôt
-Donc tu attends que l'école vienne à toi ou bien tu ne sais pas que tu as des travaux à exécuter avant de te rendre au cours
Elle retourna dans sa chambre et lui avec difficulté se leva, il avait l'habitude de ce genre référence venant de sa mère et ces phrases paraissait normal pour lui. David enfila sa serviette qu'il venait de retirer du haut de la porte qui recouvre la chambre. Sans faire de bruit il sortit de la chambre à une vitesse environ 2km/h. Il descendit les escaliers, il remplit un seau qui se trouvait à côté du puit ensuite il traversa la cour pour se rendre dans la douche. C'est avec arduité qu'il envisageait le travail qu'il aura à faire pour se rendre dans la douche mais petit à petit il y arrivait et dix minutes plus tard c'est tout propre qu'il en ressorti. Il se rendit en chambre pour s'habiller, il mit l'uniforme kaki qui est obligatoire pour tout élève masculin en Côte d'Ivoire. Il en profita pour réveiller son jeune frère qui n'était pas encore revenu du monde des fées.
David jeta un œil sur sa montre et était 5h45 minutes, il constata qu'il lui restait exactement 1h15 minutes pour se rendre à l'école. Il sortit de la chambre laissant son frère Arnold à ses préparatifs. Il ouvrit la porte de la chambre en sautant la petite clôture de fer qui fait ouverture sur la dalle du salon. Entrant dans le salon qui préalablement avait été ouvert par ses parents. Il contourna les fauteuils, fit un petit arrêt devant le miroir pour vérifier si ses cheveux étaient bien peigner et s'il avait réussi à bien se fourrer comme à son habitude. Après cette inspection il se rendit à l'arrière de la bibliothèque ou se trouvait le balai, se saisissant de celui-ci il s'accroupit pour débuter le balayage. Il fit un arrêt et décida d'aller saluer ses parents comme tous les autres matins d'aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Il repassa devant le miroir et tout droit devant lui se trouvait la porte de la chambre de ses parents. Il frappa la porte.
-Qui est là demande Stéphane, le père
-C'est moi papa
Sans même attendre l'approbation de son père David se saisit du poignet de la porte et l'ouvrit.
-Bonjour maman, bonjour papa
Son père déjà réveillé était assis sur le rebord lit et écoutait les informations sur RFI et sa mère, assoupit dans le canapé qui se trouvait au pied du lit réfléchissait à la dure journée qui se dessinait devant elle. Tous 2 levèrent la tête vers lui pour répondre à sa salutation.
-Bonjour David répondit le père suivit de la mère mais celle-ci continue
-As-tu bien dormi ?
-Oui maman, en acquiesçant de la tête
-A quelle heure as-tu cours ?
-7h
-Je te laisse alors à tes occupations.
David ressorti de la chambre comme il était rentré, saisissant le balai il se mit aussitôt à balayer.
6h30 tous les travaux ménagers qui lui incombaient étaient terminés. Heureusement pour lui, il n'était pas responsable du nettoyage de la grande cour qui entoure la maison. Il savait qu'il lui restait 30 minutes pour parcourir 1km et se rendre à son lycée, se précipitant dans la chambre il prit son cartable qu'il avait pris soin de la remplir la veille de tous les effets dont il aurait besoin en ce jour. Muni de ce cartable, il se rendit en direction de la porte de la cour suivit d'Arnold, l'ouvrit, sortit puis commença une course contre la montre pour se rendre à son lycée.

Chez les Kouadio, on assistait au même scenario mais d'une autre façon. Marc le père, déjà debout à l'aurore se levait de son lit, enfila sa culotte noire et son t-shirt bleu puis sans réveiller sa femme sortit discrètement comme un voleur. Il refermait la porte derrière lui et se retrouvait en face de la porte de ses enfants. Il ouvrit leurs portes comme pour vérifier s'ils avaient effectivement passé la nuit dans cette maison. Tout doucement il referma la porte, longeant le couloir, il traversa le salon et se retrouvait directement dans la cour qui enveloppait sa maison. Il se dirigea vers la grande porte se saisissant de l'une de ses nombreuses clés, l'ouvrit. En cinq secondes le voici dehors, seul, affrontant le silence et la solitude de la ville. Il se mit à courir comme il le faisait tous les matins en quittant sa maison située au quartier Fakala dans la ville de Bouaflé pour se rendre au quartier commerce.
Le commerce qui, toujours animé aux heures de pointes, laissait place tous les matins à un silence de cimetière. Même si parfois il apercevait des fêtards de la nuit précédente qui n'ont pas encore dessoulé complètement ou les quelques-uns comme lui qui se donnaient à cet hobby, le jogging. Après une bonne ronde il se retrouvait devant son portail, par le même procédé, il était dans son salon. Voulant entrer dans sa chambre, il se rappelle que la veille, Louise, sa première fille lui avait demandé de la réveillé ce matin pour se rendre au lycée au cas où elle ne pourrait pas s'en acquitter de cette tache elle-même. Attrapant le poignet de la porte de ses enfants, il l'ouvrit, entrant dans la chambre il avance tout doucement à son niveau pour éviter de gêner son jeune frère. D'une petite voix il s'adressait à sa fille
-Louise réveille toi.
-Hum papa, répondit-elle inconsciemment ?
-Réveille-toi, je dis, tu dois te rendre à l'école.
Les yeux toujours fermés mais sortant de son sommeil elle répliqua
-Attends encore quinze minutes.
Il ouvrit la paume de sa main droite et tapota légèrement de manières successives sur le dos de Louise. Elle ouvrit alors les yeux, restant allongé, elle regarda son père s'éloigner lentement puis sortir de la chambre. Elle enfila sa serviette et faisait un petit saut dans sa douche qui se situe juste dans un coin de sa chambre. A sa sortie de la chambre, Marc effectua quelques pas et le voici dans l'une des chambres de sa maison. Il forma un point avec sa main gauche qu'il utilisa pour frapper la porte et d'une voix autoritaire appela Fatou sa servante. Elle jeta le drap vert qui la recouvrait au pied du lit et se précipita aussitôt pour répondre à l'appel de son employeur. Habillé d'une petite culotte rouge, elle attrapa son t-shirt et son pagne qu'elle avait posé sur la chaise au coin sud de sa chambre et les enfila rapidement. Elle se rendit en direction de la porte qu'elle ouvrit légèrement.
-Oui monsieur réponds-t-elle
-N'est-il pas encore l'heure pour toi d'effectuer tes travaux ?
-J'y vais tout de suite monsieur.
Sans dire un mot il se dirigea vers sa chambre pour prendre sa douche. Et Fatou sortit de sa chambre en direction du salon.
Dans son attitude de femme, Louise prenait tout son temps pour se doucher, s'habiller et se pomponner. Elle est vêtue d'une chemise blanche et d'une jupe bleue, le complet autorisé par le gouvernement ivoirien pour les filles. En sortant de la chambre, elle manqua de peu de cogner Fatou qui s'effectuait au nettoyage.
-Bonjour Fatou
-Bonjour Louise
-Excuse-moi, j'ai failli renverser ton eau
-Non, toi aussi c'est rien ça
-Moi je vais au cours on se voit plus tard, à midi
-Pas de problème moi je ne vais nulle part, elle le dit d'une voix ironique et toutes les deux se mirent à rire.
Louise l'a contourna pour lui laisser le champ libre dans son action puis longeant le couloir, elle s'installa dans l'une des nombreuses chaises installé dans le salon.
6h32 minutes son père n'est toujours pas sorti de sa chambre. Pour tuer le temps Louise s'empara de son téléphone, qu'elle utilisa pour raconter la soirée de ouf qu'elle avait passé hier à ses deux meilleures amies, elle n'oublia surtout pas de leurs mentionner la rencontre qu'elle avait faite au cours de cette soirée. Cinq minutes plus tard toujours plongé dans son téléphone, elle n'entendit même pas les interpellations de son père qui déjà prêt n'attendait plus qu'elle pour la déposer à son école. Il s'approcha d'elle et s'empara de son téléphone avant qu'elle ne décidait de lui accorder toute son attention
-Qu'est-ce que tu fais papa ? en levant les yeux à l'endroit de son père
-Depuis que je t'appel tu ne me réponds pas, c'est donc la seule solution que j'ai trouvé pour attirer ton attention
-C'est bon je suis à toi et maman
-Elle dort toujours, à ton retour tu l'as verra
-Mais donne-moi mon portable
-Désolé madame mais oublie le
En riant il lui remet son téléphone et tous deux sortirent du salon. Marc s'empara de sa moto qu'il avait pris soin de mettre dans le garage la nuit dernière pour éviter aux voleurs de la chiper. Marc au volant et Louise à l'arrière, cartable au dos. Il y introduisit la clé, l'alluma et 10 minutes plus tard les voici au lycée moderne de Bouaflé.
L

es élèves affluaient vers l’école, filles comme garçons chacun utilisait les moyens à sa disposition pour se rendre au cours à l’heure. Marchant chacun à son rythme, ils se dirigeaient tous vers l’entrée principale du lycée pour affronter l’inspection minutieuse de l’éducateur. C’est dans cette foule que le regard de Louise et celui de David se rencontraient. Plongé dans le regard l’un de l’autre, les deux élèves affichaient un sourire jusqu’aux joues. Louise baissa la tête comme pour montrer son désintéressement à ce regard affectif que lui lançait David. L’inspection de l’éducateur venait mettre fin à ce moment d’intimité partagé par David et Louise. Comme à son habitude l’éducateur placé à la limite du portail était à l’affut de tous élèves qui ne respecterai pas les prescriptions d’habillement établi par le gouvernement ivoirien.
Louise et David passaient haut la main ce barrage instauré par l’établissement mais malheureusement, comme toujours, quelques élèves récalcitrants trouvaient toujours des excuses pour éviter de se soumettre aux règlements. Aussitôt le barrage franchit, chaque élève retrouvait sa classe. David se dirigeait vers les salles des terminales qui se situaient tout en haut de l’école et Louise se rend vers celle des premières qui était juste derrière les salles des terminales en allant vers le bas de l’école. David franchit la porte de salle de classe, en depassant quelques élèves qui s’entretenaient sur la situation du pays et les nouvelles rencontres faites ce week-end à la fete de Franck. David sans preter attention longa les premières rangées, si introduisit dans la dernière rangée et va s’assoir à la quatrième place. Heureusement pour moi le professeur de philosophie n’est pas là se dit-il. Son voisin lui était déjà là et procédait à des dernières revisions
-Bonjour Franck, comment vas-tu ?
-Je vais bien voisin et toi.
-Ça va mais ta soirée était….
David n’eut pas le temps de terminer que le chef de classe s’empara du siège du professeur et commença à proceder à l’appel. Alors chaque élève à l’entente de son nom répondait à voix haute par ‘’présent’’. Les 2 élèves levaient les yeux en direction de la voix qui vient de les interrompent et aussitôt retournaient à leurs discussion mais comme si la providence s’opposait à cette conversation, le professeur fit son entré. Tous les élèves en chœurs se mettaient debout en disant
-Bonjour monsieur
-Bonjour les enfants, vous pouvez vous rassoir.
Le chef de classe s’empressa de quitter la place du professeur tout en continuant de faire l’appel. Le professeur se dirigeant vers son siège, déposa son cartable sur la table et en sorti la fiche contenant la leçon du jour. Le chef de classe achevant son travail donnait dos au professeur et rejoingnit sa place en silence.
David qui avait coupé court à sa discussion avec son voisin était assis en silence, se posait encore et comme à son habitude ces memes questions. « Pourquoi un élève de serie D à t-il besoin de faire la philosophie ? », « A quoi sert-elle dans ce monde ? », « Pourquoi sommes-nous obligé de l’apprendre ? » et encore, il ne trouva pas reponse à ses intérrogations. Peut etre qu’il ne demandait pas à la bonne personne ou peut etre qu’il avait raison mais lui conforté dans son ignorance était convaincu dans ses affirmations. Le professeur se saisit une craie et se dirigeant vers le tableau, inscrivit le titre du jour. Un desinteressement se saisit de David à la vue de ce titre. Aussitôt le visage de Louise lui submergeait l’esprit et il se remémora la soirée qu’il avait passé le samedi dernier.

le regret d'un père Où les histoires vivent. Découvrez maintenant