Le voyageur des mondes

La vie, la mort, et encore - Partie 1

Je me réveillai, flottant dans le noir le plus absolu.

Je gigotai dans tous les sens, cherchant un point d'appui. Rien. Il n'y avait rien autour de moi. Juste un vide total. Je tâtonnai. Bras, corps, jambes, tête. Tout était là, même mes vêtements, sans que je puisse voir quoi que ce soit. J'essayai d'appeler, de crier, que quelqu'un me vienne en aide, que quelqu'un m'explique ce qu'il se passait. Cependant, aucun son ne sortis de ma bouche. Par reflexe, je continuai de respirer, sentant mon torse se gonfler et s'affaisser rapidement, mais aucun air ne passait dans ma gorge. Alors je restai là, à dériver dans cet immense néant.

Je réfléchis. Je replongeai dans mes souvenirs. Comment étais-je arrivé ici ? Que s'était-il passé ?

J'étais un jeune homme, tout ce qu'il y avait de normal, vivant dans un appartement d'étudiant quelconque, dans un monde moderne des plus banals et ennuyeux. Il n'y avait jamais eu grand-chose à dire sur moi. Physiquement, J'étais probablement un peu trop gros pour une taille supérieure à la moyenne, mais je ne m'en portais pas plus mal. Des cheveux courts et noirs jamais coiffés, des yeux marron derrière de petites lunettes rectangulaires et une barbe de trois jours mal rasé par endroit, le tout sur un visage plutôt rond. J'avais toujours préféré l'aspect pratique à l'esthétique, ainsi, tous mes vêtements ne consistaient qu'en des Tee-shirts et des Joggings sombres, comme ceux que je portais actuellement. Je n'étais pas plus brillant socialement. J'évitais la plupart des sorties en groupe, préférant mon petit groupe d'amis restreint. Je prétextais d'ailleurs toujours des devoirs pour l'université, ce qui en soit, n'était jamais complètement faux. J'étais d'un genre assez studieux.

Malheureusement, les événements les plus récents restaient entièrement flous. Je me souvenais vaguement d'une exposition scientifique, ou d'une visite d'un laboratoire à laquelle j'avais participé. Je ne me rappelais que de grosses machines bruyantes, dont je n'avais pas retenu l'utilité. Puis il y avait eu un début de panique. Je me souvins avoir croisé des regards inquiets. Et finalement, plus rien.

Quelque chose avait mal tournée. Une explosion, peut-être. Etais-je mort ? C'était le raisonnement le plus logique qui me venait en tête. Il n'y avait pas d'autre explication, je devais être dans l'au-delà. Au purgatoire, sûrement. Je n'étais pas croyant, et pourtant, il semblait que je sois en attente d'une décision divine. La panique m'emporta. Les yeux humides, je me débattis jusqu'à l'épuisement. Mais mes gestes furent bien inutiles, car rien ne changea. Alors j'abandonnai. Je passai à une méthode bien moins fatigante, et me refugiai dans des pensées joyeuses et des souvenirs qui m'étaient encore claires.

Une éternité passa. L'heure du jugement arriva enfin. J'entendis une voix, d'abord lointaine, comme un murmure, pour ensuite devenir parfaitement audible. J'essayai à nouveau de parler, sans succès.

– Encore un ! s'exclama la voix que j'attribuai à une femme assez âgé. Cette impudence ! Ne comprendront-ils jamais que leurs espoirs sont vains. Ils n'échapperont jamais à leur fin. Toi ! Préviens mes bons à rien d'enfants.

Le silence revint un instant. Seules quelques moqueries de cette voix tranchaient avec l'absence de tout.

– Il vit encore ?! Regardez-moi ce moucheron, s'agiter pour rien dans le vide.

– Vous m'avez appelez, mère ?

Ces nouvelles paroles me firent sursauter. C'était une voix aigüe, mais qui appartenait clairement à un homme. A chaque mot qu'il prononçait, un sifflement se faisait entendre en arrière-plan, comme si l'air passait mal dans sa gorge.

– Que puis-je pour vous ? continua-t-il.

– Tu pourrais faire des inventions qui fonctionnent, ça me changerai ! répondit sèchement la mère. Regarde, une âme égarée se dirige par ici.