-Épilogue-

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"Sebastian, mon amour,
Si tu lis cette lettre, ça veut dire que je ne suis plus de ce monde. J'ai demandé à Jace de te la donner le jour de ma mort. Nous avons passé de merveilleux moments, tous les deux. Tu es mon premier amour et tu seras, sans aucun doute, le dernier. J'aurai aimé que notre histoire dure plus longtemps. J'aurai aimé que tu sois vraiment mon mari et le père de mes enfants. Mais le destin en a décidé autrement. Nous aurions acheté une petite maison sur le bord de mer. J'aurai râlé parce que comme d'habitude, tu as voulu tout payer. Au final, nous aurions coupé la poire en deux et j'aurai payé la moitié. Nous nous serions mariés, après que tu m'aies fait une demande en mariage unique et extraordinaire. Nous aurions eu un beau mariage, avec ma famille, la tienne, nos amis proches. Nous serions passés devant le maire et le curé. On se serai échangé les alliances et tu m'aurai embrassé avant d'en avoir l'autorisation. Nous aurions passé une nuit de noce très mouvementée, comme on en avait l'habitude. Puis, nous aurions eu un enfant et un deuxième. Peut-être même plus. J'aurai été une vraie maman poule et toi, un vrai papa poule. Nos parents auraient gâté nos enfants comme s'ils étaient les leurs. Et si l'un de nous était stérile, alors nous aurions adopté un enfant. Un enfant d'un pays loin, malheureux. Et nous l'aurions rendu heureux, nous lui aurions donné tout l'amour que des parents peuvent donner à un enfant. Nous aurions vieilli ensemble. Reproduisant le même schéma que nos parents envers nos propres petits-enfants. Nous serions morts chez nous, dans notre maison au bord de la mer. Nous aurions vécu une vie heureuse et merveilleuse. Mais la vie est cruelle. J'ai souvent hésité à t'en parler. Je voulais te le dire. Je devais te le dire. J'ai essayé de te le dire. Mais je n'ai jamais réussi. Je ne voulais pas enlever ce si beau sourire de ton visage. Je voulais que tu le gardes jusqu'à la fin. Je ne sais pas comment j'ai pu réussir à te le cacher, sans que tu ne te doutes de rien. Je me demande encore comment j'ai réussi cet exploit. Mon amour, toutes les fois où je ne répondais pas à tes messages, j'étais à l'hôpital. Toutes les fois où j'avais un rendez-vous dont je ne pouvais te parler, j'étais à l'hôpital. Toutes les fois où j'ai vomi mes tripes, c'était à cause de ça. Toutes les fois où j'avais d'affreuses migraines, c'était à cause de ça. Je t'en prie, mon amour, ne t'en veux pas de n'avoir rien vu, je ne t'ai laissé aucun signe, aucun indice. J'ai défendu à mes parents et mon frère de te dire quoique ce soit. J'ai décidé de te garder en dehors de la confidence. Mais aujourd'hui, tu as le droit de savoir. Savoir pourquoi je ne suis pas à tes côtés en ce moment. Savoir quelle est la cause de notre séparation brutale. Tu as le droit de connaître la vérité. Et la vérité, mon amour, c'est que je suis malade. J'ai une tumeur au cerveau. Elle nous a laissé des moments de paix mais elle a toujours été là, tapie dans l'ombre. Les nombreux voyages que j'ai pu faire n'étaient, en fait, que des séjours prolongés à l'hôpital. Le jour où nous nous sommes vus la première fois, je ne comptais pas t'embrasser, te présenter mes proches. Je ne le voulais pas. Je ne voulais pas qu'on s'aime parce qu'au final, tu serai détruit. Mais tu m'as embrassé. Et ce que j'ai ressenti était tellement fort que je me suis dit : Au diable ma maladie, je peux bien profiter de ma jeunesse. Je ne pensais pas que notre relation durerait autant. Je pensais que tu te lasserai de moi, bien vite. Et que tu ne souffrirai pas de ma mort. Et ensuite, j'étais beaucoup trop attachée à toi pour te laisser partir. Je t'aime trop pour ça. Notre première nuit d'amour restera gravée à jamais dans ma mémoire. C'était la plus belle nuit que j'ai passée de ma vie. Je m'en rappelle comme si c'était hier. Mon amour, ne tombe pas en dépression après ma mort, je t'en prie. Je ne supporterai pas de te voir dans un tel état. Je veux que tu te relèves et que tu vives ta vie. Je veux que tu sois heureux. Avec une autre femme qui saura te combler de bonheur. Tu as le droit de pleurer. C'est naturel. Mais, s'il-te-plaît, ne t'apitoie pas sur ton sort. Je ne veux que ton bonheur. Je sais que tu avais de grands projets pour nous deux. Mais, peu importe que je ne sois plus là. Réalises-les. Je les vivrai à travers toi. Je serai toujours là pour veiller sur toi. Quoiqu'il advienne. Et même si je suis morte, je suis vivante dans ton cœur. Dis à mes parents que je les aime, que je ne les remercierai jamais assez pour tout ce qu'ils ont pu accomplir pour moi. Je les remercie de m'avoir donné la vie, de m'avoir élevée, nourrie, habillée. Je les aime plus que tout, mes petits parents. Dis aussi à mon frère que je l'aime. Certes, il m'a sacrément emmerdée durant ma courte vie. Mais je l'aime et je sais que lui aussi m'aime. Combien de fois a-t-il laissé tombé ses potes ou une de ses ex pour rester à mes côtés ? Pour me soutenir ? Pour être simplement avec moi ? Il a été là dans les pires moments comme dans les meilleurs. Lui aussi, je lui dois beaucoup. Enfin, mon amour, toi aussi je dois te remercier. Je te dis merci. Merci de m'avoir épaulée quand j'en avais besoin. Merci de m'avoir renvoyé un sms quand mes règles se sont finies. Merci de m'avoir donné rendez-vous devant le Starbucks, ce jour-là. Merci de m'avoir embrassée, assis sur ce banc. Merci de m'avoir dit que nous étions un couple, que je le veuille ou non et que je t'appartenais. Merci de m'avoir rendue heureuse. Merci pour tous ces moments de paix que tu m'as donné. Merci pour ses petits instants d'éternité que nous avons passé ensemble. Je t'aime, Sebastian.
-Zhanna"

La Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant