Self-concept

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Ce n'est pourtant pas si compliqué, si ? Il suffit juste de faire travailler ses méninges et le tour est joué n'est-ce pas ? Pourquoi ces putains de belles pensées que j'ai lorsque je suis nostalgique ne veulent pas refaire surface ? Moi qui pensait avoir un côté poète quelques fois... J'aurais dû les écrire sur papier pour m'en souvenir. Oui, il m'arrive souvent d'être stupide.

Je ne pensais pas qu'écrire un livre pouvait être aussi difficile. Je n'ai pas écrit un mot et me voilà déjà coincée, je ne suis même pas capable d'imaginer une introduction avec un peu d'originalité. Il est possible que je vise un peu trop loin, c'est vrai déjà pourquoi écrire, pourquoi ai-je eu cette soudaine idée d'inventer une histoire ? Je n'ai jamais été douée en français durant mes années scolaires, je déteste par-dessus tout lire des bouquins, rédiger mes pensées par écrit me donne des nausées et écrire réellement mon vécu à l'instant allait sans doute me faire prendre conscience de la vie sans intérêt que j'ai, la vie d'une fille banale qui n'a jamais rien fait de révolutionnaire. Evidemment il est tout à fait logique à mon âge de ne pas encore avoir eu l'opportunité de faire des choses extraordinaires, je ne suis pas la seule, et puis j'ai le temps, je n'ai que vingt ans, ma vie ne fait que commencer, mais pour une personne utopiste comme moi qui se creuse un peu trop la tête, qui a des rêves pleins les yeux et pour qui la routine lui donne envie de chialer (Expression belge signifiant pleurer ), cette situation me déplait parce que ce quotidien ne me suffit pas, j'ai besoin de plus, j'ai besoin de me sentir unique et d'enrichir mes expériences.

Je suis une personne qui passe ses journées à se plaindre, évidemment les gens que je côtoie ne sont pas au courant, j'essaye tant bien que mal d'avoir une attitude cool et décontractée. Je m'enferme dans une bulle afin de réfléchir sur mon passé, mon présent et mon avenir. Je me rends compte que je n'ai jamais eu le courage de me lancer ne serait-ce que dans un seul projet, je n'ai jamais su réaliser des choses concrètes par manque de confiance. J'ai toujours voulu tenter de dépasser mes limites, d'aller au-delà de mes capacités mais ces désirs qui flottent au-dessus de ma tête finissent par s'envoler quelques jours plus tard. Pourtant je suis là devant mon ordinateur à vouloir raconter une histoire afin d'exister et de laisser une trace dans ce monde. Peut-être la raison de cette soudaine envie vient du fait que je suis légèrement introvertie. Je me fais toute petite en temps général, je n'aime pas me faire remarquer, j'évite par-dessus tout, les conflits pour empêcher que les émotions prennent le dessus.

Je pensais que rédiger quelques lignes fictives ou peut être simplement parler de mon parcours allait être plus simple que cela et qu'enfin j'aurais pu me découvrir un éventuel talent afin de commencer une nouvelle vie enrichissante et pleine d'audace. Il faut que je redescende sur terre, écrire n'est pas aisé et n'est pas inné chez tout le monde. A quoi bon trop réfléchir pour au final terminer un travail qui ne portera pas ses fruits ? Il y a des activités qui sont plus adaptées pour une personne comme moi, des choses qui me permettraient de m'occuper, d'éviter toute réflexion sur l'individu que je suis et plutôt de profiter des simples choses de la vie sans me torturer l'esprit. Il y a énormément de petites actions quotidiennes que je pourrais débuter à l'instant qui me permettraient de rencontrer des gens, d'évoluer, de changer d'opinion. Je pourrais aller à l'extérieur prendre l'air par exemple ... Non, il fait un temps de chien, je ne supporte pas le froid. Ou bien je pourrais rejoindre ma sœur qui regarde son émission préférée... Sans façon, ça devient lassant ces émissions de téléréalité à la con. Et pourquoi pas faire du sport ? Pas la peine d'essayer de me convaincre, je suis mieux dans mon lit, je refuse de devenir comme ces mannequins anorexiques qui sont en train de se tuer peu à peu.

« Compliquée » aurait dû être mon prénom, c'est déjà mieux que « Blanche » Pas vrai ? Après tout, il serait bien qu'à partir de maintenant je me bouge un peu l'arrière train, que je sorte de cette maison afin d'avoir un peu d'inspiration pour la rédaction de ce livre qui sans doute ne fera pas le buzz. Mon père me dit souvent que prendre l'air est la meilleure des choses à faire pour se vider l'esprit. Il n'a peut-être pas tort et je ferais bien de l'écouter un peu plus souvent.

Je décide donc en vitesse d'enfiler un jeans parce que sortir en jogging, je ne dirais pas que ce soit le style vestimentaire le plus féminin et le plus tendance et puis imaginez si je rencontre l'homme de ma vie ... ça y est, je m'emballe un peu trop là. Je mets un sweat bien confortable et chaud, je prends une casquette car vous auriez vu l'état de mes cheveux, la crise cardiaque serait devenue la cause numéro une de mortalité dans le monde. Je dévale l'escalier comme si j'avais une bonne nouvelle à raconter. Ce n'était pas le cas mais j'étais juste de bonne humeur à l'idée de bouger un peu de ma chambre que je n'avais plus aérée depuis dix jours et qui me donnait la sensation d'être asthmatique.

Arrivée dans la cuisine, ma mère m'observa comme si elle ne m'avait plus vue depuis une semaine. Il ne faut pas pousser mémé dans les orties, elle me voit à chaque souper... Je prends mon mentaux et rejoins la route à toute vitesse comme si je sortais d'une centrale nucléaire qui était prête à exploser. Je décide de marcher une centaine de mètres et tourne à droite pour rejoindre une petite forêt fleurie bien sympathique. Je me suis dit que le calme, le son des oiseaux, le crépitement des sapins m'inspireraient et me relaxeraient, c'est en quelque sorte ma thérapie du jour. Le son de quelques hirondelles m'emmena vers un petit emplacement bordé de mousse et de copeaux, comme si quelqu'un était déjà passé par là et avait créé de ses mains ce petit nid rien que pour moi. C'est à cet endroit que je décide de m'installer et de fermer l'œil afin que ce discours qui a tendance à résonner dans ma tête durant quelques minutes, lorsque je suis mélancolique, resurgisse.

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Un léger vent me caresse la joue, j'entends le doux son des vagues tapant sur les rochers, le bruit des mouettes qui survolent mon crâne. Je perçois légèrement les cris de joie des enfants, le bruit des bals cognant des raquettes. C'est à ce moment-là que je me rendis compte qu'il était impossible d'entendre ce genre de choses à la campagne, surtout dans une forêt et parce que j'habite à l'extrême opposé de la plage. Je me lève rapidement parce que j'avais le sentiment qu'on essayait de m'appeler sur mon portable. Je ne m'étais pas trompée, en le déverrouillant j'ai vu que j'avais six appels manqués de ma mère. Il était vingt-et-une heure, le ciel était gris, le vent était glacial. Je me demande bien comment j'ai pu dormir autant de temps dans ces conditions. Je décide de partir sans la rappeler, de toute façon je n'habite pas très loin.

Healthy mindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant