Je fus tiré du sommeil par une chaleur diffuse
Mon esprit tanguait, mes pensées trop confuses
Me redressant, j'entendis brusquement une voix
Réalisant tout-à-coup que tu étais là, toi, émoi
Une fois debout, j'aperçus une étendue sans la moindre terre
Une immensité infinie à perte de vue appelée mer
Elle qui m'avait accueilli sur mon piètre esquif
Lorsque j'avais du doigt montré mon rêve, vague récif
Mon attention se porta instinctivement sur l'horizon
Strie majestueuse qui sur moi dardait ses rayons
Mais c'était sur ta lumière que je voulais poser le regard
M'inondant sans faillir, tel dans la nuit mon phare
Mais, incapable de me détacher du large,
Terrible souvenir que mon cerveau jamais n'émarge,
J'ai laissé les ondes de l'ennui me pénétrer
N'écoutant pas ton appel resté en retrait
J'avais bien entendu le chant d'une sirène
Mais je n'avais pas pris la bonne peine
Ce n'était pas celle qui guidait le navire de mon cœur
C'était celle qui jusqu'alors se pensait mon âme sœur
Je ne vis pas arriver le violent déluge
La force profane qui aujourd'hui encore me juge
Submergé, impuissant, je laissai la nuée se déchaîner
Tandis qu'à mon embarcation, je restai enchaîné
Battu par les flots, à deux doigts de la mort
J'aperçus soudain au loin les contours d'un port
Et je compris subitement que j'avais échoué
Bien trop loin malheureusement de la moindre bouée
Que n'aurais-je donné pourtant pour remonter à bord !
Pour que la pluie cesse de me bercer dans les bras de Thor
Je voulais revoir une dernière fois ton visage ravissant
Reflété dans les méandres du vaste océan
Je me demande encore aujourd'hui où j'ai fauté
Laquelle j'aurais dû reconnaître extrême beauté
Je regarde une dernière fois le soleil se coucher sur l'eau tendre
Et je ne pense pas cette fois-ci me méprendre
Émergeant du néant dans lequel j'étais plongé,
Sachant que la mer veille sur moi comme sur son protégé
Je contemple cette ultime ligne
Où j'ai décidé de jeter l'encre bleu marine