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Dominik.

La tension a atteint le niveau maximale dans notre simple salle à manger. Seul le bruit de nos fourchettes touchant les assiettes se fait entendre. Mon père se décide enfin à briser le silence.

"Dominik, j'aimerais bien savoir quel genre d'études comptes-tu poursuivre quand tu termineras le lycée"

J'y réfléchis un moment et à vrai dire aucune réponse n'apparait dans ma tête. Je n'y avais jamais pensé, trop occupé à observer chaque détail de ce monde à longueur de journée. Je n'avais jamais réfléchi à mon futur, trop occupé par mon passé. Je n'avais jamais réfléchi à ce que j'allais devenir.

"Je ne sais pas, je n'y ai pas vraiment réfléchi, mais chaque fin d'année le lycée organise une sorte d'exposition pour les élèves qui n'ont pas encore fait leur choix, où chaque université du coin envoie son représentant"

Il hoche la tête tout en mettant un bout de son escalope dans sa bouche. Quant à ma mère, elle reste silencieuse. Nous finissons le dîner en silence, et c'est mieux ainsi. Je n'avais plus besoin de faire semblant de leur parler de bon cœur. Je fais des efforts, de gros efforts, pour ne pas leur dire mes quatres vérités en face. Sur le fait qu'ils étaient tellement égoïstes et que maintenant ils s'intéressent à moi comme par magie.

Je mets mon gilet et sort de la maison. Une bouffée d'air m'envahit, ça fait du bien. Après presque un mois cloîtré dans ma chambre, j'avais besoin de sortir. Je monte sur mon vélo et pédale vers une destination inconnue.

Je me retrouve contre mon grain à l'endroit où nous avions pris l'habitude de nous voir, Sylwia et moi. À mon plus grand étonnement, j'aperçois une chevelure rose. Elle observe l'horizon comme nous le faisions à chaque fois. Je m'assois près d'elle en silence et elle ne prend même pas la peine de retourner la tête. Elle savait que j'allais venir.

Cette fille est imprévisible, c'est comme une bombe. Elle parle lorsque je m'y attends le moins​, et disparait pendant des jours. Je ne sais pas si cela m'agace, je n'en sais rien. J'ai toujours été sur de moi, mais il fallait que cette fille arrive et chamboule tout. Elle en rajoute à ma dépression d'adolescent mais elle m'aide également.

J'observe l'horizon à mon tour. Je n'ai jamais eu l'occasion de dire ça mais c'est tellement beau. Sylwia dépose sa tête sur mon épaule, ce simple geste provoque un frisson dans tout mon corps. Elle chuchote :

"Je suis désolée Dominik"

Je ferme les yeux, et laisse le vent caresser ma peau, tout en profitant de la présence de cette fille qui m'intrigue.

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