La fine pluie berce doucement la respiration de mon enfant. Il y a longtemps que j'ai oublié combien c'était bien d'être seule avec mon mari. L'enfant ferme ses yeux si semblables aux autres, ces autres fermés depuis trop longtemps. Je sens mon bébé s'alourdir et s'envoler vers ce merveilleux pays des rêves. Ce pays dans lequel tout est encore possible, dans lequel personne ne le dérangera. J'essaie de murmurer une chanson à cet ange qui vivra pour deux pendant toute sa vie. Cet ange qui ignore déjà quelle vie vit en lui, ce qu'il représente. Seuls quelques sanglots répondent à ma demande, faisant écho aux gouttes de pluie qui battent la vitre de la chambre. J'ai beau essayer, mes sanglots refusent de s'arrêter et continuent de s'élever dans la chambre silencieuse. Quel est ce macabre destin qui m'accable ? Qu'ai-je pu faire dans mon ancienne vie pour que l'on m'inflige toute cette peine ? Pourquoi à moi ? J'aurais préféré mourir ce jour-là. Pourtant, il reste toujours cet ange qui ne pourra jamais se remettre de ces pertes. Il reste toujours cet être que j'ai porté tout autant que l'autre et qui mérite également de sourire et rire comme tous les enfants de son âge. Mais comment pourrait-il vivre avec cette écrasante culpabilité qui est la mienne ? Comment pourrais-je trouver le courage de lui sourire et d'oublier ce que je lui fais subir chaque jour ?
Je souffre déjà assez, je n'ai pas la force de le laisser souffrir. Je te protégerai mon amour, de toute cette peine qui t'accablera. La pluie devient plus forte tandis que son corps refroidit. Je dépose tendrement mon bébé, qui ne connaîtra jamais frère et père, dans son landeau et quitte la salle en fermant la porte silencieusement. Lentement, accablée par mes peines déjà ancienne et nouvelle, je descends les escaliers et descends dans la cave. C'est une mort bien triste, un ensemble de petit détail si triste. J'ai tellement de regret dans cette vie. Pourquoi ai-je dû séparer mes garçons pour faire des courses ? Pourquoi n'ai-je pas prévenu mon mari, demandé si tout irait bien et dit que je l'aimais ? Pourquoi donc ? Cette maison n'a pas pu prendre feu de manière si idiote. J'aurais du l'en empêcher et faire en sorte que mes beaux jumeaux grandissent ensemble. Maintenant, il n'existe plus de futur pour eux deux.
Je suppose qu'il est temps pour moi de les rejoindre, où qu'ils soient. Mes trois anges, qui n'ont rien demandé, mais que j'ai tué si bêtement. Je m'en veux tellement... Il est temps que je parte à mon tour.
L'orage éclate dehors, je l'entends alors que je saisis le sac et que je camoufle mon visage et mes cheveux avec.J'entends faiblement le pleur d'un bébé. Je dois me rapprocher d'eux. Ils doivent m'attendre, tous trois assis de l'autre côté. Les pleurs de bébé s'intensifient jusqu'à ce que je n'entende plus rien. Vous m'avez manqué mes amours, je vous aime toujours autant.
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Bonsoir... Une courte histoire bien triste... J'étais dans l'humeur, j'ignore encore pourquoi. Qu'en avez vous pensé ? Laissez moi le savoir !
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Pierrot Smiles At Us
General FictionLes mots se mélangent au gré des phrases et portés par le courant des lettres, ils tracent une histoire que je vais vous conter. Histoire joyeuse et drôle, histoire folle et d'amour, histoire de dragons et de fantaisie. Histoire dramatique et triste...