Drug addict

Il venait de se faire jeter du bar pour la troisième fois et se retrouvait maintenant la tête sur le sol. Le roux se releva en titubant puis proliféra des insultes incompréhensibles au gérant du bar avant de s'en aller en sifflotant et en sautillant comme un enfant de cinq ans. Il était complètement soûl et il s'en fichait. De toute façon, personne ne se préoccupait de sa personne. Son père adoptif, le seul membre vivant de sa famille, l'avait mis à la porte à cause des penchants de son fils.

Roy Harper était un accro à la drogue depuis ses dix-huit ans mais il se penchait de plus en plus vers les drogues dures. Maintenant âgé de vingt-et-un ans, le roux vivait chez son meilleur ami, Jason Todd. L'ami qui lui avait évité de vivre à la rue. L'ami qui lui avait offert un toit. Cela faisait maintenant six mois que les deux jeunes hommes vivaient ensemble. Jason partait travailler la nuit tandis que Roy passait ses journées allongé sur le canapé du petit salon triste et terne, à fumer des joints ou snifer de la cocaïne quand Jason n'était pas dans les parages. Evidemment, son ami s'était vite aperçu de son addiction et avait tenté de l'aider. Mais comment aider un homme sans ambition qui ne souhaite pas être sauvé ?

Il connaissait Jason depuis ses dix-neuf ans, le brun avait juste un an de moins que lui. Roy ne savait pas grand-chose sur son ami hormis qu'il avait vécu à la rue après la mort de ses parents, qu'il s'en était sorti en faisant du trafic d'armes puis qu'il s'était fait coffrer par la police et envoyer en prison où il y resta jusqu'à sa majorité. Le brun n'avait pas trouvé de travail à cause de son casier judiciaire, et pourtant, il ramenait toujours de l'argent pour payer le loyer et faire de temps en temps les boutiques avec Roy. Le rouquin ne s'était jamais posé de questions sur ses activités. Il n'aimait pas trop se mêler des affaires des autres.

Il longea une longue ruelle étroite et éclairée par un seul réverbère qui clignotait de façon angoissante. Le rouquin frissonna et resserra un peu plus son blouson rouge contre lui pour se protéger du froid qui lui mordait la peau. Il passa une main sur ses longs cheveux roux pour les plaquer vers l'arrière puis reprit la marche jusqu'à trouver l'appartement où il vivait avec son ami.

Il claqua la porte un peu trop fort derrière lui, puis retira ses chaussures avant de se laisser tomber sur le canapé. Ses yeux scrutèrent lentement la pièce avant de trouver ce qu'ils cherchaient. Jason était aux fourneaux, torse nu et cigarette collée aux lèvres. Il faisait des omelettes au fromage et l'odeur alléchante du futur repas vint faire baver Roy. Jason attrapa rapidement deux assiettes pour y déposer les omelettes prêtes puis vint faire la table avant d'enfin lever les yeux sur Roy. Il fronça subitement les sourcils avant de se diriger vers son ami qui souriait stupidement.

- Tu as...bu, lâcha Jason sur le ton du reproche.

- Oh, juste quelques verres, tu sais, ça fait du mal à personne, haha !

- Tu es complètement soûl !

Roy pouvait percevoir l'agacement du brun dans sa voix. Il avait appris à le connaître. Il le détailla attentivement. Ses cheveux noirs, coupés en brosse, étaient aujourd'hui plaqués vers l'arrière, hormis la mèche blanche qui ornait son front. Lorsque le roux lui avait demandé d'où elle provenait, le brun lui avait vite répondu qu'il avait eu une commotion cérébrale lors d'un affrontement entre détenus dans la prison où il avait été enfermé. Les yeux de Jason étaient bleu acier, presque gris. Son regard était si captivant.

Jason plongea ses pupilles dans les yeux verts de son ami puis soupira avant de rejoindre la table et de manger son repas sans attendre Roy. Il en avait assez du comportement je-m'en-foutiste de son meilleur ami. Il faisait tout pour l'aider, le rouquin se confiait souvent à lui, mais le résultat était toujours le même. Roy était démotivé sans arrêt, c'était comme si la vie ne lui plaisait plus et qu'il ne faisait qu'errer dans ce monde. Il avait besoin de combler un vide, un manque. Mais quoi et comment ? Parfois, Jason ne le comprenait plus.