Chapitre 6

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Je me lève doucement à cause de mes vertiges, il faudrait que je pense à dormir plus, ma nuit blanche ne m'a vraiment pas réussi, et me dirige vers mon dressing pour m'habiller. Une fois mon uniforme enfilé, je sors de ma chambre et me dirige vers les escaliers. Je repense à la réunion d'hier, nous avons mis un plan en place, il reste juste quelques petits détails à régler et nous pourrons partir. Arrivée devant les escaliers, mes vertiges s'intensifient et je rate une marche. C'est la chute. J'ai juste le temps de sentir des bras réconfortants et sécurisants m'enlacer avant que le vide ne l'emporte.

***

Je me réveille dans une pièce toute blanche et je reconnais l'infirmerie. J'ai un bandage autour de la tête mais je ne rappelle de rien. Je me redresse difficilement, une main me retient.

     - Reste allongée, il faut que tu te reposes.

C'est Jim. Je me tourne vers lui, il a l'air inquiet. J'essaie de me rappeler ce qui a pu se passer, en vain. Pourquoi suis-je ici ? Depuis combien de temps ? Pourquoi ma tête est-elle bandée ? Je suis perdue.

     - Qu'est-ce que je fais ici ?

     - Tu ne te souviens pas ?, demande Jim étonné.

     - Bien sûr que si, c'est pour ça que je te demande, lui dis-je à mon tour en ricanant sarcastiquement.

     - Tu es tombée dans les escaliers, c'est Ethan qui t'a ramené ici.

Quand le prénom Ethan sors de sa bouche je me retourne vivement vers lui, ce qui me vaut un brusque mal de tête. Jim rigole devant ma grimace et mon intérêt soudain. Je me souviens maintenant, les bras qui m'ont enlacée avant que ne m'évanouisse, c'était Ethan. Cela justifie cette sensation de réconfort et de sécurité.

     - Depuis combien de temps est-ce que je suis là ?

     - Ça fait presque deux jours.

J'écarquille les yeux. Deux jours ? Eh ben, je ne me suis pas loupée. D'ailleurs pourquoi est-ce que ma tête est bandée ? Au moment où j'allais lui demander, une infirmière rentre dans la chambre. Elle s'avance vers moi :

     - Ah, enfin réveillée mademoiselle Bott. Vous avez une légère commotion cérébrale, rien de grave. Par contre vous allez devoir rester ici encore quelques jours, le temps de vous reposer et de vous remettre sur pieds.

Je hoche la tête et demande enfin :

     - Pourquoi ai-je la tête bandée ?

     - Quand vous êtes tombée, vous vous êtes frappée la tête contre une marche. D'ailleurs vous aurez une légère cicatrice à l'arrière du crâne mais rassurez-vous, elle sera cachée par vos cheveux.

A ces mots, l'infirmière sort, me laissant seule avec mon meilleur ami. Celui-ci ne tarde pas à sortir, lui aussi, pour aller manger et se coucher. Le fait de devoir rester cloîtrée ici pendant encore plusieurs jours me fout en rogne. En plus j'ai du boulot moi ! A cause de moi notre plan va être retardé et on va perdre un temps considérable. Les autres vont beaucoup m'en vouloir. Et pour ne pas arranger les choses, je vais m'ennuyer à mourir dans ce lit. J'espère au moins que j'aurai de la visite. Une autre présence humaine ne sera pas de trop, ces fils et machines installés partout dans cette pièce me donne l'impression d'être captive.

Je profite de ce moment de solitude pour repenser au plan. Oui je sais ce que vous allez dire, que je ne pense qu'à ça mais je ne peux m'empêcher de douter de ce que nous avons mis en place. Allons-nous vraiment réussir ou alors serons-nous rattrapés avant même d'avoir pu poser un pied dehors ? J'ai la ferme impression que quelque chose d'essentiel nous manque mais je ne saurai dire quoi.

Alors que je m'obstine à trouver une solution, un bruit de porte qui s'ouvre me sort de mes pensées. J'espère un instant que se soit Ethan mais c'est seulement une infirmière portant un plateau repas. Comment j'ai pu penser qu'il voudrait venir me voir ! Je remercie l'infirmière avec un sourire et commence à manger, les yeux dans le vague.

Soudain, la solution à mon problème me parait évidente. Pourquoi n'y avons-nous pas pensé plus tôt ? C'est capital ! Il faudra que l'on modifie le plan sinon nous pourrions rater notre chance. J'en parlerai aux autres quand je pourrai enfin sortir de cette prison de fils et de machines. Maintenant que j'ai trouvé la réponse à la question qui tournait en boucle dans ma tête, je suis d'excellente humeur.

Je finis rapidement mon repas et le pose sur la table à côté de moi. Il est 20 heures passé mais je sais d'avance que je ne pourrai pas dormir cette nuit étant donné que j'ai dormi toute la journée d'hier en plus de celle d'aujourd'hui et je suis de trop bonne humeur pour ça. Je porte donc mon attention sur l'écran de télévision qui se trouve en face de moi. Celui-ci retransmet un Marvel : "Spiderman : Homecoming". Je ne suis pas compliqué au niveau des goûts des films. Je regarde de tout à part les films d'horreur, ce qui me permet de passer le temps facilement, notamment ce soir. Bien évidemment, la télé ne retransmet pas de programme du Monde, comme on aime bien l'appeler entre nous. Nos geôliers ont créé leur propre chaîne et nous n'avons accès qu'à celle-ci. Le programme varie selon l'heure : le matin il y a principalement des documentaires et des émissions éducatives, l'après-midi il y a toutes sortes de films jusqu'à 23 heures. La nuit rien n'est prévu. Chaque semaine, tous les pensionnaires votent pour le programme de la semaine. C'est le seul moment que les Masters partagent avec les Minors, même si les programmes sont différents et que les Minors ont moins de choix.

La porte s'ouvre pour la troisième fois de la soirée, détournant mon attention de l'écran. Cette fois-ci c'est au tour d'Ethan de faire son entrée et mon cœur loupe un battement en le voyant franchir la porte. Il referme cette dernière et s'avance vers moi, le visage neutre, tout en me fixant. D'ailleurs je ne peux m'empêcher de le fixer aussi, sûrement trop intensément. Une fois arrivé à ma hauteur, il s'assoit sur la chaise posée à côté de mon lit et me regarde un instant avant de prendre la parole :

     - Tu vas mieux ?

Je dois lutter intérieurement pour ordonner à ma bouche restée entrouverte de se fermer et pour pouvoir répondre à sa question sans baragouiner quelque chose dénué de sens. Je détourne mon regard du sien, reprends mon souffle et avale ma salive avant de me lancer.

     - Oui...

Il esquisse un petit sourire qu'il efface bien vite mais ne reprend pas la parole, nous plongeant dans un silence pesant. Voulant couper court à celui-ci, je me lance :

     - Merci de m'avoir emmenée à l'infirmerie...

     - Je t'en prie. Mais fais attention la prochaine fois. Je ne voudrais pas avoir à te ramener à l'infirmerie toutes les semaines !, dit-il en souriant franchement cette fois.

Je lui réponds d'un sourire aussi, mais embarrassé, et baisse les yeux sur mes mains que je triture depuis qu'il est entré dans la pièce.

Nous discutons de tout et de rien pendant encore une petite heure puis Ethan s'en va, me laissant seule à nouveau dans cette salle immaculée. Mon corps me fait rapidement et efficacement comprendre que j'ai besoin de sommeil, je ne peux désormais plus ouvrir les yeux ou alors ceux-ci me piquent. A croire que faire face à celui qui déclenche des cataclysmes émotionnels en moi est fatiguant. C'est sûr que dit comme ça cela paraît évident ! Je m'endors donc, heureuse d'en avoir appris plus sur ce garçon si mystérieux et qui accepte de se livrer au moins un peu à moi.

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Dommage ! Un chapitre qui retarde l'action ! Mais au moins les romantiques doivent être content de la fin ! Un léger rapprochement entre Eline et Ethan ne peut faire de mal à personne. Vos commentaires sont le bienvenus, et les votes aussi ! A la semaine prochaine !

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[PAUSE] MasterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant