CHAPITRE 4

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Nick

- Papa ?

A l'entente de la voix de ma fille, je m'empressai de cacher la bouteille d'alcool afin que ma mère et Emma ne s'aperçoivent pas de mon penchant pour l'alcool. Je devais rester une illusion, au moins pour ma fille.

Je déglutis lorsque ma mère débarqua, un regard désapprobateur noircissant ses grands yeux. L'accueil chaleureux que j'espérai, ne vint pas. Emma se contenta de me fixer longuement, n'osant m'approcher. Une distance s'était créée entre nous. Je l'avais négligée, modifiant les fondamentaux de notre relation.

Nous étions liés comme les doigts de la main et maintenant ma fille ne m'approchait même plus.

Ma mère, furieuse contre moi, savait pertinemment que je buvais et que je n'étais pas à mon premier verre aujourd'hui. La lueur oranger dans ses yeux fut suffisamment éloquents pour me faire des remontrances. Si elle avait pu m'embraser sur place, elle n'aurait pas hésité.

Elle avait toujours été moralisatrice, sauf qu'autrefois c'était Logan qu'elle essayait de remettre sur le droit chemin.

Honteux, je fuyais son regard pour ne pas y lire tant de déception.

Timidement, je marchai jusqu'à ma fille, posai un genou à terre pour me mettre à sa hauteur. L'un face à l'autre, je pus croiser ses grands yeux azuréens, de la même teinte que les miens. Son visage, à moitié caché par la cuisse de ma mère, rosit à ma vue.

Emma n'avait plus l'allure d'une petite fille.

A sept ans déjà, elle ressemblait de plus en plus à Sarah. Elle portait un jean, des Converses, couleur prune, et un joli manteau de la même teinte qui l'emmitouflait sous ce temps hivernal.

La neige n'avait eu de cesse de tomber.

D'ailleurs, Emma avait encore des poussières blanches répandues un peu partout sur ses épaules et commençaient à fondre sous la différence de température.

- Bonjour mon cœur, soufflai-je.

N'ayant toujours pas bougé d'un centimètre, je caressai sa joue du bout des doigts. Elle jeta un regard vers ma mère qui lui sourit. Elle a besoin d'une autorisation pour m'étreindre maintenant ?

Puis, elle se sépara enfin de sa grand-mère pour venir contre moi. Ses bras frêles m'enroulèrent la nuque tandis que je la saisissais fortement dans mes bras. Heureux de la retrouver après tant de jours, ma fille fut prise de sanglots, me contraignant à l'enlacer plus affectueusement encore.

- Tu m'as manquée, sanglota-t-elle.

- A moi aussi mon amour, lui assurai-je.

Nous restâmes de longues minutes l'un contre l'autre, jusqu'à ce qu'elle m'embrasse sur la joue et se défasse de mon étreinte.

- Chérie, pourquoi n'irais-tu pas jouer dans ta chambre un instant pour que papa puisse tranquillement discuter avec mamie ? Proposa ma mère d'une voix douce.

Obéissante, ma fille acquiesça et se précipita dans sa chambre.

Bien décidée à me faire des remontrances, ma mère croisa les bras sur sa poitrine, le regard noir et attendit que la porte claque pour débuter son monologue. Même si je n'étais pas prêt à avoir cette conversation, elle était inévitable.

- A quoi tu joues, bordel ?

- Maman, j'ai mal à la tête, ne commence pas !

- Si tu arrêtais de boire autant, tu n'aurais pas de migraines ! Tu as une petite fille de sept ans qui a besoin d'un père responsable pour endurer cette épreuve non d'un ivrogne ! Tu n'as pas le droit de penser uniquement à toi. Au début, je pouvais le comprendre, mais maintenant tu dois remonter la pente. Elle a besoin de toi. Elle ne mérite pas d'endurer la disparition de Sarah toute seule...

Anna Andolini T1 : Âme retrouvée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant