Je suis stupide

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Petit OS version Chansoo, bonne lecture!

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« Je suis stupide. Je ne vais pas le nier. Heureusement personne ne sait ce qu'il y a dans ma tête. A part moi. Je suis le seul à devoir supporter mon idiotie...

Je me lève pour aller au lycée et la journée est belle. Soleil tiède, fleurs parfumées, rafales d'air passant dans les cheveux, les ravageant, immergeant le visage, s'immergeant dans les vêtements. J'aime le vent. Il me donne l'impression de me laver, il m'épure, me lave de toutes mes saletés. Mais voilà je ne suis pas comme les joyeux lurons de ma bande au lycée. Eux, ils sont tous gentils, innocents, ils savent ce qu'ils veulent et ils font en sorte de le retrouver. Ils marchent droits sur la route qu'ils choisissent et avec le sourire, sans se prendre la tête. Ils savent aussi ce qu'ils aiment et ils l'aiment à fond, comme en hommage, pour remercier ce qu'ils aiment. Moi je suis plus compliqué ; quand j'aime quelque chose, vraiment, je le hais en même temps. J'aime le vent parce qu'il m'inspire, m'emporte dans des souvenirs d'enfances, des rêves, des ambiances, dans d'autres mondes, des histoires, et il est agréable, on se sent exister, on est complice avec lui du fait qu'on le sent jouer sur le dessus de notre peau sans que les autres le voit. Mais je le déteste de faire ressortir toutes mes douleurs corporelles en venant ainsi me caresser, de me rendre autant nostalgique et le pire : de disparaître quand il le veut, où il le veut, sans rien dire, alors qu'on commençait seulement à s'habituer et à souhaiter sa présence...

J'arrive au lycée, les groupes d'élèves sont heureux, béats, endormis dans le confort et la bonne humeur pour la plupart. Je me sens tellement différent d'eux. Moi, quand je suis avec mes amis je pense à d'autre chose, je pense à moi, à la gueule que je tire, à mes doutes, à mes complexes. Je suis stupide. Je n'apprécie pas le moment présent. On me dit que je suis jeune et qu'il faut profiter. Un mot très tendance. Mais voilà j'ai essayé et je ne peux m'empêcher de m'inquiéter de la courte durée des moments présents : un bon moment c'est agréable, mais c'est aussi désagréable car bientôt achevé, ce que tout le monde sait mais que personne ne veut savoir. Et puis comment profiter quand chaque contact avec les autres et les choses me rappelle qui je suis ? Comment profiter d'être entre amis quand, dans une même discussion, les blagues sur ma taille se répètent sans grande originalité, ou quand, à la bibliothèque je me ridiculise lorsque je cherche des livres sur des étages supérieurs, étages qui ne se situent en vérité qu'au milieu des rayons ? Comment je peux profiter de quoi que ce soit quand la moindre sortie dans le monde des hommes me ramène toujours et éternellement à ma petite taille ? Je marche dans la rue et hop quelqu'un passe à côté de moi et me fait me sentir aussi petit qu'un gamin d'école primaire. Ça peut paraitre stupide et ça l'est très certainement, mais voilà des considérations de la sorte sont omniprésentes dans ma façon de voir, de penser et d'agir.

Le pire du pire en vérité c'est pas ma petite taille, car c'est vrai qu'elle est dérangeante dans la vie de tous les jours, mais si elle me pose tant de soucis en ce moment pour que j'écrive tout ça c'est pour une raison bien précise : voilà ce que je trouve vraiment ridicule et qui me fait vraiment complexer c'est que je sois amoureux d'un garçon immense, d'un mètre quatre-vingt-cinq, Chanyeol, alors que moi je suis minuscule, mais vraiment minuscule à côté. Et de penser à ça tout le temps, h24, dès que je lui parle, dès qu'on est ensemble, dès qu'il apparait quelque part, de complexer, de me rappeler : « ah oui je suis petit » voilà, ça, ça me donne vraiment l'impression d'être stupide ! »




Chanyeol finissait de lire le cahier pendant que Kyungsoo, blasé mais rougissant écoutait tout honteux sur le lit de sa chambre. Comme il s'y attendait, les joues de Chanyeol se gonflèrent et il éclata de rire les yeux plein de larmes.


-Tu pourrais respecter.


-J'en peux plus de toi, depuis quand tu fais de la philosophie ?


Le regard noir du brun le dissuada de continuer son fou rire, mais des restes de son envie de rire continuèrent de le faire pouffer doucement bien que sans grande discrétion. Ce gars–là était le remède parfait à tous vos complexes : il tournait tellement tout en dérision que l'on finissait par s'habituer à avoir honte.


-Non mais plus sérieusement ça date de quand ça ?


Kyungsoo mit de côté sa colère pour répondre.


-L'année dernière.


-Alors ça veut dire qu'on se plaisait tous les deux au même moment ?


Il venait de s'étaler sur le lit, les bras sous la tête, l'air pensif. Kyungsoo était mort de honte.


-Mais moi j'ai jamais complexé sur ma taille, c'est marrant que tu pensais à ça.


-C'est pas marrant. Et puis ça passe mieux d'être grand quand on est un mec. Moi je ressemble à une petite fille.


Nouvel éclat de rire.


-Tu devrais pas me réconforter, du moins faire semblant ? T'es censé être mon petit ami non ?


Kyungsoo tourna la tête à ce moment précis, comme si le moment l'incitait à le faire. Il regarda Chaanyeol, qui répondait, l'air désinvolte, mais sincère, et vrai.


-C'est justement parce que je t'aime que je rit, pti malin, je me moque de toi parce qu'on est proche. Et puis j'aime aussi ta petite taille, le fait que tu crois ressembler à une petite fille, que tu sois complexé et que tu te trouves stupide de complexer. Voilà, ça me fait marrer et j'aime bien, je vais pas le cacher quand-même.


C'était évident tout ça pour lui. Kyungsoo étouffait sous le rouge de ses joues. Et son cas s'aggrava un peu plus quand il se pencha pour embrasser Chanyeol qui fut tout surprit. Il voulut s'en tirer mais les immenses bras de l'autre l'en empêchèrent en se posant derrière son crâne.


-Au fait si tu m'aimes Kyungsoo ça veut dire que tu me déteste aussi ?


Kyungsoo avala sa salive. S'il disait qu'il le détestait de ne pas être tout le temps avec lui ou d'être trop enfantin parfois ou d'être trop grand aussi alors que lui était si petit, c'était comme mettre à nu tout ses secrets non?


-Laisse tomber, tu sauras un autre jour.


-Sérieux, et si tu réécrivais dans un journal un peu, comme ça je pourrais en savoir plus sur ce que tu penses, hein ? Hé tu m'écoutes ?


Kyungsoo se posa sur le torse de Chanyeol en soupirant.


-Tu me fatigues.


Et il pensa : mais je t'aime.


Et il le dit.


Avec Chanyeol c'était l'inverse : il l'agaçait tout le temps, c'était d'abord désagréable, puis il l'adorait et ça devenait agréable. C'était mieux dans ce sens-là.

Je suis stupideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant