prologue

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« Lorsque les adultes disent avec un sourire imbécile et sournois "les adolescents se croient invincibles" ils ne se doutent pas à quel point ils ont raison. Nous nous pensons invincibles parce que nous le sommes » John Green.


Ce soir-là, nous avons dépassé les limites.

Les limites de nos raisons, de nos corps, de nos vies. Nous en avons abusé même. Cette soirée avait pourtant bien commencé, nous nous amusions beaucoup, la musique était de qualité et l'alcool aussi. C'est sûrement ce qui nous a perdu. C'était bien, mais après trois heures du matin passé, j'avais envie de rentrer, je savais qu'il était déjà trop tard et que l'abus dont j'avais fait preuve n'était plus récupérable pour le moment. Mon tee-shirt me colle à la peau comme mes cheveux sur mon front.

Mon cœur bat à une vitesse incroyable et si je ne le connaissais pas un peu, je dirai qu'il essaye d'imiter la musique électro qui est actuellement en train de me vriller les tympans. Et puis j'ai terriblement chaud. D'autant plus que je sens la musique résonner dans mon corps tout entier, chose peu agréable.

Je décide donc de traverser la foule à la recherche de mon petit-ami qui est le seul de nos amis à avoir son permis. Après avoir été bousculée et écartée de ma trajectoire initiale, je réussis à le rejoindre. Je passe mes mains sur sa taille et lui demande à l'oreille de nous ramener. Il soupire et essaye de me convaincre de rester.

– Profite encore un peu Alex'.

– Non, j'ai envie de rentrer, je grogne en criant dans ses oreilles.

Il soupire, fini son verre cul sec et je le traîne par la main pour l'emmener jusqu'aux vestiaires, bien que ce soit compliqué pour moi après le nombre de verres que j'ai pris.

– OK, il dit montrant sa capitulation.

Là, on y retrouve nos amis qui nous attendent et ensemble nous partons rejoindre la voiture de Milo. Il pleut beaucoup et une fois dans la voiture, nous sommes tous trempés. Je souffle lentement et passe une main sur mon visage, je ne sais même plus comment j'ai pu arriver jusqu'à la voiture sans tomber, peut-être parce que Milo m'a presque tenue debout ? Sûrement.

Nous sommes tous très éméchés et je me demande comment on a pu en arriver là. L'alcool nous rend tellement cons, pourtant on continue d'en consommer. Pourquoi ? Qui peut aimer perdre le contrôle de son corps ? Moi, peut-être. Ce qui expliquerait l'état lamentable dans lequel je suis actuellement. Mais comment savoir nos propres limites quand nous nous pensons invincibles ?

Sur la route, la pluie s'intensifie et je vois mon petit-ami froncer des yeux et rester concentré, les essuies-glaces ne vont clairement pas assez vite pour chasser toute l'eau qui dégouline dessus. En face un camion nous éclaire en plein phare.

Les gouttes reflètent toutes la lumière et Milo pousse un juron alors qu'il est aveuglé et que le camion s'en rapproche. Il ferme les yeux quelques secondes mais c'est trop tard, la voiture part vers la barrière qui sépare la route du fossé et un énorme bruit d'éclat et de choc se fait entendre avant que mon corps ne soit violemment projeté en avant et que je ne sente plus rien.

Mes paupières sont lourdes et se ferment lentement alors que j'entends un cri sourd au loin, mais je suis déjà trop loin pour savoir à qui appartiens ce cri.

Là, je crois que c'était la limite à ne pas dépasser. Trop tard.

InvinciblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant