Diane

Elle ne savait pas très bien où elle était. Elle s'était réveillée là un matin et n'était pas repartie.
Elle s'appelait Diane, enfin, c'était ce qu'on lui avait toujours dit.

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En levant les yeux aux ciels elle vit un oiseau, noir au bec orange, elle se promit que plus tard, elle serait comme cet animal si différent d'elle. Un jour, elle comprendra pourquoi.
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Diane s'était réveillée un beau matin dans un lit, tout souvenir estompé, des personnes vinrent lui parler et elle n'en fut pas étonnée, elle les connaissait. Elle ne se souvenait pas d'eux, seulement qu'elle les connaissait et ça lui suffisait.
Jamais elle ne se demanda si elle avait oublié quelque chose derrière elle, mais un jour, Diane atteind l'âge de neuf ans. Neuf ans et un quart plus précisément. Voilà que sa vie changea du tout au tout.
Un vieux monsieur l'avait longuement regardé, il s'était doucement approché d'elle et lui avait chuchoté à l'oreille des choses que l'on ne dit pas à une enfant. Des choses qu'elle n'aurait jamais dû entendre. Confuse, la petite fille devenait femme trop tôt.
Le lendemain, elle se réveilla, de nouveau, sans souvenirs. Et personne n'avait vu le vieux monsieur passer. Tout ce qu'elle savait maintenant d'elle était ce qu'on lui racontait, et personne, au grand personne ne s'était rendu compte de ses oublis.

Diane se mis à avoir peur, à ne plus dormir. Cauchemardant de mains en sang, noircies puis déchiquetées, elle n'était plus elle même.
Le temps passait et on la trouvait bizzare.
À douze ans, elle n'aimait pas les autres, trop différents et trop semblables à la fois, elle avait déjà assez à faire avec elle-même pour prendre le risque de s'attacher à de mauvaises personnes ou bien de se confronter à la dure lois du refus que ceux qui n'étaient pas elle, pouvaient émettre.

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L'oiseau se posa sur la fenêtre et Diane repris son souffle, il vivait, elle aussi, encore.
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"Je n'aime pas qui tu es" avait-elle retroqué à une fille, "tu es malaisante, autant pour toi que pour les autres, crois moi."..."un jour tu le comprendra"
Diane ne comprenais même pas ce qu'elle venait de dire ni pourquoi, mais elle avait la conviction que c'était vrai, elle le savait.
La fille, prise d'effroit, pris ses jambes à son coup, et, sans mot dire, disparu.

Diane avait peur du monde, telles ces mains dans ses cauchemars, le monde lui semblait être dans un mouvement perpétuel de négativité.

Diane avait maintenant quinze ans, et s'en voulais de voir des choses qui ne se voient pas. D'expliquer des choses qu'elle ne comprenais pas, mais qui étaient pourtant vraies.
Diane ne se comprenait même pas elle même, alors comment pourrait-elle comprendre le monde, les autres ?
Peut être ne se comprenait-elle pas, parce que, justement, elle cherchait à se connaître. Qui ne cherche pas à savoir ne se rend pas compte de son ignorance.

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Dans le regard de l'oiseau, elle se souvint du vieux monsieur, de celui qui parlait de la langue des adultes aux enfants. De celui qui lui avait appris des choses que l'on n'apprend pas. De celui qui s'était approché, doucement, pour lui effacer la mémoire et la reprogrammer.
L'oiseau lui faisait maintenant peur. Quel bel oiseau pour faire peur à une si jolie fille, solitaire.
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Diane était petite à 16 ans, face au monde, Petite mais déjà plus grande qu'avant, et ses cauchemars étaient en train de disparaitre. Les mains qu'elle avait l'habitude de voir en dormant se transformaient en un doux souffle d'été.
Diane commençait par se rendre compte qu'elle avait oublié quelque chose durant son enfance, et c'était un début à la guérison. Mais de quelle maladie au juste?
Diane avait toujours peur, et ne se comprenais toujours pas, comme si ça n'était pas elle qui dirigeait la barre, mais elle savait qu'elle avait un certain pouvoir sur ce gouvernail.

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Elle s'absenta quelques secondes de ce monde pour dormir, le genre de sommeil où plus rien ne semble exister.
Une larme coula sur sa joue.
Même coupée du monde, il était toujours là, pour peser sur elle, telle la gravité. Sauf que, tandis que la gravité se faisait oublier, le monde, lui, pesait toujours.
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Diane ne s'était jamais connue. Elle n'avait toujours connu que le nom qu'on lui avait donné. Que les informations qu'on lui avait donné. Et elle n'aimait ni ces informations, ni ce que les gens en faisaient, ni ce qu'elle en faisait.
C'est à dix sept ans que Diane vit pour la premiere fois cet oiseau, et qu'elle se promit qu'elle serait comme lui, dans le futur.

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L'animal vint réveiller la fille. Elle se leva, titubant à quelques pas, se rassit, puis regarda cet étrange être qui semblait la suivre, cet être dont elle avait besoin malgré elle.
L'oiseau lui était étranger et semblait sauvage. Mais elle savait qu'elle le dompterait, l'apprivoiserait, parce qu'elle pouvait maintenant oublier le vieux monsieur qui la hantait jusque là. Elle apprendrait à voler et à contrôler le vent. Son esprit lui appartiendrait.
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