"Je m'appelle Park Jimin. J'ai tout juste 16 ans. De toute ma vie je n'ai qu'un assourdissant silence et c'est probablement tout ce que j'entendrais jamais.
Je suis né sourd. Donc théoriquement ce que je n'ai jamais connu ne devrais pas me manquer. Et pourtant...je n'ai jamais eu de plus grand rêve que de pouvoir ressentir la joie, la tristesse, ou n'importe qu'elle émotion dans la voix d'une personne. Et ce silence permanent m'a toujours terrifié mais j'ai du apprendre à vivre avec. Bien sur je suis capable de comprendre ce que les gens veulent me dire. Étant sourd depuis ma naissance j'ai du bien vite trouver d'autres moyens pour communiquer que ceux utilisés par une personne normale. Je peux lire sur les lèvres et il m'est facile de voir les émotions des gens sur leurs visages, dans leur yeux. C'en est presque devenu effrayant. Je voit tout de suite si une personne ment. Mais la plupart du temps je me tais. Car je suis faible. Et malgré mon handicap j'ai rapidement compris que dans ce monde, les faibles n'ont pas le droit de s'exprimer. Et de toute façon malgré tout cela j'ai toujours été perçu comme différent par les autres et je me suis toujours senti différent moi-même. J'ai l'impression de vivre dans une autre dimension, une dimension ou je suis terriblement seul. C'est comme si un voile flou me séparais des autres personnes qui, physiquement, sont pourtant si proches.
Pourtant je suis doué de parole, il paraît même que j'ai une très belle voix. Mais à quoi bon si je ne peux ni l'entendre ni la contrôler. Je pense que si je n'étais pas né ainsi j'aurais tenté de donner du courage et de la joie aux gens grâce à ma voix. Je trouve qu'il n'y a rien de plus beau que le sourire sincère d'une personne. Et il y a encore très peu de temps j'avais quelqu'un a faire sourire et cette personne avait réussi l'exploit de me faire sourire en retour. Il avait même rajouté que mon sourire était lumineux. Je me serais moqué de n'importe quelle autre personne m'ayant dit une chose pareille. Mais lui je l'ai cru. Je l'ai cru car ses yeux brillants me hurlaient qu'il pensait réellement ce qu'il venait de dire. Malheureusement aujourd'hui cette personne n'est plus là. Et le pire de tout c'est que c'est a cause de moi. Je me sens vide, horriblement vide et encore plus faible qu'avant. Le terrifiant silence qui m'habite depuis ma naissance est revenu et il est plus violent que jamais.
Il était mon point de repère. Il me reliait au monde réel et m'éloignait de la folie qui avait commencé a envahir mon esprit à seulement 15 ans. Cette folie était probablement due à mon isolement quasi-total. Cet isolement quand à lui n'avait pas pour seule cause ma surdité, j'avais tout simplement peur des gens. Peur de ce qu'ils pouvaient penser, peur de ce qu'ils pouvaient dire et surtout de ce qu'ils pouvaient me faire à moi, le faible. Je vivais malgré tout en me disant que le monde adulte serait, pour moi, plus accueillant et qu'il me suffisaient d'attendre quelques années. Le plus dur étant de supporter ces quelques années. Mais les problèmes que je ne parvenais pas a exprimer on finit par me mener au limites de la folie. J'ai commencé par m'inventer des amis imaginaires pour a qui je pouvais tout raconter. Mais ces amis "imaginaires" ont commencés à se mêler à ma réalité. Le réel et l'irréel se confondait petit à petit dans mon esprit et la barrière entre les deux devenait de plus en plus mince. Et c'est la qu'il est arrivé dans ma vie.
Il à réussi à approcher l'animal sauvage et apeuré que j'étais. Il s'est rapproché de moi sans que j'en prenne conscience. Il a réussi a me comprendre. Et il était parvenu à me faire croire en moi-même. Grâce à lui je m'étais sorti de ce cercle vicieux ou réel et irréel se confondaient en une unique réalité, la mienne. Pour la première fois de mon existence j'ouvrais mon cœur à une personne réelle et non fictive et c'est la plus belle chose qui me soit jamais arrivé. J'en ai pleurer de joie a de nombreuses reprises. Il est la plus belle chose qui me soit jamais arrivé et il le restera à jamais. Mais aujourd'hui il n'est plus là...
Il est parti. Non! Il est mort, bel et bien mort, à cause de moi. C'était un lundi si je me souviens bien, mes souvenirs à propos de lui se brouillent. On rentrais du lycée lui et moi et la journée avait été magnifique, il m'avait avoué qu'il m'aimait mais je n'avais pas réussi à lui répondre et j'attendais que l'on soit seul pour lui dire que c'était réciproque. Je l'aimais tellement, je l'aime toujours d'ailleurs, mais je n'arrivais pas à croire en ces mots qui m'était pourtant adressé : "Je t'aime Jimin". C'est ce tout ce qu'il avait dit. Et il m'avait regardé dans les yeux. Mais sur le moment j'étais incapable de lui répondre. Je voulais lui dire un peu plus tard, quand mon cerveau se serait remis à fonctionner correctement. Mais j'étais heureux, beaucoup trop heureux.
J'ai traversé la route. La même que je traverse tout les matins et tout les soirs avec lui. Seulement j'étais perdu dans mes pensées et je n'ai pas vu le camion arriver. Il allait vite, très vite et je n'ai pas eu le temps de réagir. Mais lui il a réagi, il m'a attrapé par le bras pour me sortir de la route.Pour le faire assez rapidement il à été obligé de se faire basculé lui même au milieu de la route, devant le camion, la où, moi, j'aurais du être. À l'endroit où, moi, j'aurais du mourir. Il est mort à ma place et par ma faute. Le camion l'a percuté violemment sans même s'arrêter. Il y avait beaucoup de sang, trop de sang. Et c'est à ce moment que je me suis évanoui à la vue de son corps déformé par le choc de son contact avec le camion.
Je n'ai pas eu le temps de lui dire que je l'aimais. Je l'ai perdu à jamais. Je n'ai même pas pu aller à son enterrement, il paraît que j'étais psychologiquement trop instable. On m'avait enfermé, on m'avait empêcher de lui dire au revoir une dernière fois.
J'ai fais semblant d'aller mieux pour qu'on me libère. Mais à l'intérieur de moi je suis mort. Je suis le fantôme de quelqu'un que je n'ai jamais vraiment été. Et je deviens fou. Parfois j'entends sa voix, ou j'aperçois sa silhouette. Tout mon être refuse de croire en sa mort. Pourtant c'est bien moi qui ai vu son corps sans vie et couvert de sang. Mais je ne veux pas y croire. Donc je parle tout seul, comme si il pouvait m'entendre. Mais ça ne me soulage pas. Car même si mon être ne veux pas y croire je vois bien qu'il n'est plus là. Et c'est trop dur à supporter.
Au moment où j'écris cette lettre je suis assis au bord du vide, sur le toit de l'immeuble où on avait l'habitude d'aller. Ça fait huit heures que je réfléchis. Mais au fond de moi j'ai déjà pris ma décision. Et c'est pour ça que je suis en train d'écrire ce texte. Je sais que j'ai des proches qui tiennent à moi, je veux au moins leur laisser une explication.
Je ne supporte plus de vivre mais je me considère comme chanceux. Car malgré mais 16 ans j'ai déjà connu quelque chose que peu de gens connaissent en une vie entière et complète. Un amour sincère. Mais aujourd'hui plus rien ne me retiens dans ce monde et les voix dans mon esprit ne font que me conforter dans mon idée que le monde entier se portera mieux sans moi. Parce que sans lui je suis redevenu l'être faible et inutile que j'ai toujours été.
Donc je vais sauter. Je vais sauter les 18 étages. Je vais plonger dans le vide comme si j'avais des ailes. Sauf que je n'en ai pas. Mon corps va tomber à toute vitesse et embrasser violemment le béton dur et froid. Et à ce moment là il n'y aura plus rien pour me faire souffrir et j'irais rejoindre ce lui que j'aime sous terre. Ah...Et puis...Il s'appelait Kim Namjoon.
Park Jimin, 16 mai 2012.
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Jimin s'est suicidé à la date du 16 mai 2012 à 21h19. Il s'est jeté du toit d'un immeuble de 35 étages. Son frère, âgé de 11 ans, s'est donné la mort 3 mois plus tard traumatisé par le suicide de son frère.
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