Effet Miroir

Chapitre 12 : Révélations

J'ai lu le dossier.

Plus je tournais les pages et plus mes yeux se remplissaient de larmes. Je n'arrivais pas à croire ce que je lisais. J'ai voulu être forte pour prouver à Dorian que je peux encaisser la vérité mais je n'ai pas réussi. Je tremblais tellement que je n'arrivais plus à tourner les pages. Dans mon esprit c'était le chaos et l'ordre en même temps.

Tous les évènements jusqu'ici inexpliqués prirent un sens ligne après ligne. Je compris le comportement étrange du directeur et des surveillants, je compris le comportement étrange de Dorian. Je compris les raisons de tout ce qu'il m'arrive. Mais j'avais encore du mal à comprendre comment tout ça était possible.

Je voulais mettre de l'ordre dans mes idées pour me rappeler des évènements décrits dans mon dossier. Je pris une grande inspiration et fermai mes yeux. Je me concentrai. Son visage... c'est tout ce que je vois. Je lus les phrases minutieusement en tentant de visualiser les scènes. Ce fut tellement compliqué. J'étais tiraillée entre l'envie de me souvenir, de reconstituer le puzzle de ma mémoire et l'envie de rester dans l'ignorance. Et puis...le voile se leva

Je compris, je me rappelai. J'étais encore plus dévastée parce que ça prouvait que tout était vrai.

Mais ce n'était pas fini. Le pire était à venir. Maintenant que je me rappelait de tout et que je connaissait toute la vérité sur moi même il fallait que j'apprennes la vérité sur Dorian.

J'essuyai mes larmes et ouvris son dossier. Je tournai les pages et mes larmes se remirent à couler. Je n'arrivai pas à croire ce que je lisais. Ça ne ressemblait pas à Dorian. Absolument pas. J'aurai voulu croire que c'était des mensonges mais la tête de Dorian me prouvait le contraire.

Il était aussi pâle qu'un mort et regardait ses pieds. Il avait honte et aurait souhaité que ce dossier parle de quelqu'un d'autre. Mais c'est le sien, il parle de lui et tout ce qui est dit est vrai. C'est un cauchemar. Un cauchemar éveillé.

Cela fait plus d'une heure que je suis assise sur mon lit encore choquée par ce que je viens de lire. Je regarde dans le vide sans bouger. Dorian est à côté de moi, il ne dit pas un mot, il est tout aussi bouleversé que moi. Je comprends ce qu'il voulait dire par "tout va changer". Tout à changé je ne sais pas si j''arriverais encore à le regarder en face. Je ne sais pas si j'arriverais à m'en remettre. Et pourtant je voudrais. Je voudrais tellement...

Calme toi ! C'est ce qu'ils n'arrêtent pas de te répéter, tous, depuis le début de cette histoire ! Tu traverse une tempête mais reste calme ok ? Toute ta vie s'écroule mais tu ne dois surtout pas paniquer. Tu peux passer au dessus. Tu peux l'accepter !

Non je n'arrive pas à l'accepter ! Tout n'était qu'un tissu de mensonges. Comment j'ai pu ne pas le voir. C'était sous mes yeux depuis le début. Ça y est ! C'en est trop. Je n'en peux plus ! Je n'arrive plus à respirer. Je suffoque. J'ai besoin de sortir pour respirer. Non ! J'ai besoin de m'isoler dans une pièce bien fermée dans le noir pour faire le vide.

Je peux passer au dessus ! Ces derniers temps j'ai fais preuve de force et de courage, plus que durant toute ma vie.Je survivrais ! Je peux y arriver. Je m'en remettrais et tout ira bien... Tout ira bien.  C'EST FAUX ! A QUI JE VEUX MENTIR COMME ÇA ? Survivre ? Comment survivre ? Je ne peux pas !

Je me lève et sors. Je ne sais même pas où je vais mais je dois sortir d'ici. Je cours dans les couloirs, mon dossier à la main. Je ne vois même pas devant moi. Je pleure, je hurle. Toutes les pages du dossier volent derrière moi dans le couloir. Feuilles mortes d'automne, mes photos jonchent le sol.

Tous les mots que j'ai lu dans les dossiers repassent en boucle dans ma tête. Les images, celles où je suis dans une salle d'interrogatoire défilent devant mes yeux. Et ces articles, ces articles qui expliquent en détails comment c'est arrivé... Je cours encore plus vite. Soudain j'arrive devant une grande porte. Il y a un message :

ACCÈS INTERDIT
ESCALIER VERS LE TOIT

J'ouvre la porte et monte l'escalier. Je suis sur le toit. Enfin je respire...