Placebo

Chapitre 1

ANNE
Et d'un coup je sens mon corps bouger, mes yeux se rouvrirent, et mes muscles me font subir une douleur indescriptible. J'ai l'impression de me réveiller après des années de sommeil.
Un homme blond s'approchant de la quarantaine se penche sur moi et me sourit.
- Bonjour, je m'appelle Simon. Il n'y a pas de manière d'annoncer ça donc je vais être direct. Tu viens de te réveiller ici car tu étais atteinte d'une maladie qui détruisait ton cerveau. Nous t'avons opérer et avons du retirer la partie mémoriel de ton cerveau. Si ça peut te rassurer toutes les notions, le bon-sens, les sentiments que tu as acquises, expérimentés sont toujours présents.

C'est à cet instant précis que je me rendais compte du vide en moi. Mais peut-on encore appeler ça un "moi"? Je n'ai aucune idée de mon apparence ou de mon identité.
Remarquant rapidement ma détresse, Simon posa une main sur mon épaule. Je me dégageait d'un mouvement brusque, j'avais l'impression d'étouffer. Le manque de souvenirs dans ma tête m'oppressait au plus haut point, j'avais besoin d'air.
- Simon, peut-on sortir? dis-je d'une voix faible
Il me sourit et m'assista jusqu'à la sortie du bâtiment.

- Tu veux parler, poser des questions ou tu préfères que je te laisse tranquille?
Sa question me fit réaliser de l'ampleur de ma neutralité. À ce moment je n'étais personne, sans nationalité, religion ou quelconque appartenance. Cette liberté est plus effrayante qu'elle pourrait paraître, j'étais seule.
- Pour commencer j'aimerais savoir mon nom, mon âge, le lieu d'où je viens et où je me trouve. Ah et aussi si éventuellement j'ai des proches à voir ou disons plutôt rencontrer?
- Tu t'appelles Anne mais tu préférais te faire appeler Nana avant l'opération. Tu as 19 jusqu'à 23 mai prochain, au passage, nous sommes en février 2017.

Il sourit brièvement et, avant de reprendre la parole, jeta un regard à mon visage.

-Tu viens de Suisse où nous sommes encore mais tu as des origines belges et italiennes. Malheureusement, il y a quelques mois encore tu vivais en orphelinat.

Sur le moment Simon se sentir coupable pour ce mensonge mais il était préférable pour l'expérience de ne pas lui révéler que ses parents l'avaient offerts à la science à la découverte de la maladie. 

Simon et moi sommes restés jusqu'à ce que le soleil descende au niveau de l'horizon. J'ai beaucoup réfléchi au fait que cette opération vient de m'amputer d'une bonne partie de ma vie mais aussi que grâce à l'amnésie j'ai peut être une chance de redémarrer une vie meilleure que la précédente.
Lorsque Simon m'indiqua que l'heure du repas approchait, je remarquais la beauté du lieu nous entourant. Nous étions dans un jardin à moitié sauvage à moitié ordonné et le bâtiment derrière nous paraissais ancré dans le paysage. Composé de briques rouges, la coucher de soleil le faisait paraître magnifique.
Je me surpris à épier Simon lorsqu'il me tint la porte. Bien qu'il ne soit pas très âgé le temps avait déjà réalisé des marques sur son visage, son sourire quasi-constant camouflait ses rides. Ses yeux verts pétillaient et ses cheveux en bataille lui donnait une allure dynamique.
En nous rendant à la chambre qui m'était attribué, nous croisons un jeune homme accompagné d'une belle femme rousse. Simon lui adressa un signe de tête et je crus apercevoir un désespoir pareil au mien dans le regard perdu de l'homme.

Arrivé dans la chambre une plateau repas trônait sur le lit, mais je choisis d'aller inspecter mon apparence. Lorsque mes yeux se posèrent sur mon reflet, j'eu un mouvement de recul. Je ne reconnais pas la personne que j'apercevait. Cette personne avait un physique assez banal pour une fille de 19ans. Environ 1m70, de corpulence moyenne, rien de particulier ne ressortait. Je levai les yeux et observait le visage face à moi. Des cheveux blonds foncés, un teint ni sombre ni clairs et des yeux verts parsemés d'éclats bleus et marrons. Combien de temps va-t-il s'écouler avant que je puisse considérer cette image comme la mienne?