Ensembles

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J’ai l’impression d’être une coquille vide depuis ton départ. En fait, c’est ce que je suis, juste un corps fonctionnant tel un automate. Je souris pour tromper ceux qui vivent avec moi, les Weasleys, Harry, Sirius et personne ne semble avoir remarqué. Sauf Remus. Evidemment, Remus remarque toujours. Il a compris, compris que mes sourires sont faux, que mon enthousiasme est feint, que mes yeux sont vides. Il a compris que c’est ton absence qui me ronge comme un poison, que je meurs à petit feu de ne pas savoir où tu es, ce que tu fais, comment tu vas. Je m’occupe l’esprit comme je peux et quelques fois, Remus vient me voir et essaie de me distraire mais il semble que rien n’éloigne assez longtemps ta pensée de mon esprit. Pourtant je ne devrais pas m’en faire, tu es toujours revenu alors je veux croire qu’une fois encore tu me reviendras. Dis-moi ce que je ferais sans toi? Comment expliquer à mes amis que si tu n’es pas là, je ne suis plus moi.

Ô si tu savais comme je me déteste de penser ainsi. Tu me trouverais tellement stupide et pour être honnête, je me trouve stupide. Tu sais, comme dans ces romans pour ados que tu détestes tant, quand l’héroïne se languit de son amour perdu.

Les jours passent et mon masque se fissure, ici, ils ont commencé à remarquer que quelque chose n’allait pas. Probablement que le fait de ne pas manger a dû leur mettre la puce à l’oreille. Même pour les plus aveugle, il y a des choses qui se remarquent.

J'erre donc dans le square, déambulant ça et là parce que personne ne veut ou ne peut me donner quelque chose à faire. Ne voient-ils pas que l’attente et l’inaction me tuent aussi sûrement que si le sort de mort m’atteignait? Tu n’as jamais mis autant de temps à revenir et je t’en veux pour ça et je m’en veux de m’en vouloir.

J’en veux aux autres habitants de la maison qui ne savent pas et qui vont et viennent, s’occupant de moi comme si je pouvais exploser à chaque instant. Remus est en mission, il ne peut plus m’aider comme il le faisait et les autres ne comprennent pas. Comment le pourraient-ils? Même s’ils comprenaient enfin, l’accepteraient-ils? Ont-ils le choix de toutes manières? A part toi, personne ne peut m’empêcher de t’aimer.

Ciel je deviens folle. Encore un réveil de plus dans ce lit et tu n’es toujours pas là. Aujourd’hui, le ciel est clair, ce devrait être une bonne journée mais tu me manques toujours autant. Je suis dans la cuisine quand j’entends la porte d’entrée claquer. Ce n’est pas rare mais je ne peux empêcher mon coeur de rater un battement en espérant que ce soit toi. Hélas, tu n’es pas encore rentré, c’est Remus. Je me lève quand même pour l’accueillir, après tout, lui aussi rentre de mission et mérite que je fasse un effort. Cela ne me surprends plus mais quand il me voit, il sait tout de suite que mon état d’esprit s’est encore empiré. Il me sourit et ne s’offusque pas que seule l’ombre d’un sourire lui réponde. Je remonte dans ma chambre que je partage avec Ginny et m’allonge sur le lit. Je m’absorbe dans la contemplation du plafond et sans que je ne le remarque, des larmes commencent à couler. Je ne fais rien pour les retenir, je ne peux plus. Je n’entends pas Ginny entrer dans notre chambre, mais je la vois s’asseoir sur son lit. Elle me regarde un long moment avant de prendre la parole.

-Je sais que tu ne vas pas bien Mione. Je ne sais pas si tu ne veux pas ou ne peux pas nous parler mais je sens que tu nous en veux de ne pas comprendre. Je sais que Remus a compris et s’il peut t’aider alors j’espère que tu vas le laisser faire. Mais je suis là si un jour tu veux me parler. Je t’écouterais…

Elle s’arrête et je tourne ma tête vers elle. Je lui suis reconnaissante de me laisser le choix mais je n’arrive pas à l’exprimer. A vrai dire, je n’arrive plus à ouvrir la bouche sans exprimer ma peine et je te déteste encore plus de me faire ressentir ça. Je ne dis rien. Je reprends ma contemplation du plafond et Ginny reste là sans rien dire.

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