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Ébouriffée et perdue Lise replaça doucement son chandail sur sa poitrine. Elle n'arrivait pas à lâcher Ward des yeux. Elle, si forte et sûre d'elle à l'accoutumée n'avait jamais parue aussi désespérée.
Elle poussa sur ses avant-bras pour se remettre à genoux et rampa jusqu'au corps tétanisé planté au bout du lit. Lise approcha doucement sa main de la pommette de son amante pour y dégager une boucle folle mais cette dernière recula brusquement.
« Ward qu'est ce qui ne va pas ? »
Elle essaya à nouveau de la frôler mais Ward se dégagea de nouveau.
Ses genoux tremblaient et son torse était pris de frissons incontrôlables. Elle essayait tant bien que mal de retenir ses larmes, s'entourant de ses bras pour tenter de reconstruire les barrières qui venaient de s'effondrer.
« Dieu, Ward réponds-moi... »
« Ne redis Jamais ça...»
Sonnée, Lise sentit ses yeux s'écarquiller.
« Ward, si j'avais su je n'aurais jamais... »
« Tu ne peux pas m'aimer... »
Et pourtant je t'aime à en crever. Toi et ton sourire en coin. Toi et tes blessures.
« Ward je ne t'ai pas dit ça en attendant une réponse, je... »
« Je ne pourrais jamais t'aimer ! » la coupa-t-elle.
Le souffle de Lise se coupa dans sa poitrine...
« Quoi.. ? »
« Je ne peux pas, tout simplement pas... »
Il m'a tout pris...
Refermant son casier, Alex plaqua ses livres sur sa poitrine dans l'espoir de dissimuler un peu plus son corps. Tête basse elle traversa les couloirs de la fac cachée derrière sa frange épaisse et ses lunettes à double monture. En évitant avec soin chacun des étudiants bruyants qui remplissaient le couloir, elle arriva tant bien que mal jusqu'à l'amphi réservé à son cours d'histoire de l'art.
En silence elle s'avança jusqu'à fond de la classe, posant précipitamment ses affaires pour replacer son écharpe qu'elle sentait glisser sur ses épaules. En la remettant en place ses doigts frôlèrent la marque encore à vif dans son cou.
Qu'est ce qui n'allait pas chez elle ?
Elle revoyait encore son corps nu se balancer au gré de ses doigts allant et venant entre ses replies intimes alors qu'elle serrait un peu plus la corde contre sa gorge fine, comprimant l'air dans ses poumons, ses yeux roulant dans leurs orbites alors qu'elle réprimait tant bien que mal les gémissements qui voulaient à tout prix sortir de sa bouche.
Alex frotta ses cuisses pour essayer d'éteindre l'étincelle de désir qui se réveillait doucement au creux de ses reins.
Quelle personne saine d'esprit pouvait prendre autant de plaisir dans la douleur ?
Troublée elle avait fini par fermer les yeux, quelqu'un ayant croisé son regard aurait tout de suite réussi à y lire son trouble.
Continuant à caresser sa marque, elle laissa sa tête tomber entre ses bras sur le bois poli en attendant que le cours débute. Toujours en avance par souci de tranquillité, il était fréquent pour elle de passer plusieurs grosses minutes, seule, dans cette vaste pièce.
Somnolante, son demi-sommeil fut troublé par un bruit sourd venant de l'avant – sûrement une besace balancée avec désinvolture – pourtant par réflexe, elle laissa son regard voilé par le frottement de ses vêtements contre ses paupières sensibles, balayer la pièce, sa respiration s'accéléra, en s'arrêtant sur la silhouette inconnue qui c'était immiscée dans le décor austère de la salle de classe.
Appuyée contre l'un des pupitres, son blouson encore sur les épaules, la silhouette adossée l'observait sans le moindre gène. Il – car il s'agissait d'un homme – laissa reposer ses fesses sur la surface en repliant sa jambe sur la chaise à ses côtés, faisant résonner ses lourdes boots sur le siège et agrandissant la déchirure de son jean noir délavé sur son genoux.
Remontant doucement au fil de sa rapide inspection, le regard d'Alex se posa un court instant sur son cuir et son plectre en guise de pendentif reposant sur son t-shirt tout aussi simple et noir que le reste de ses vêtements.
Lorsqu'elle finit par rencontrer son visage, son souffle se coupa sans qu'elle puisse s'en empêcher. Elle n'avait jamais vu de regard aussi sombre, si noir ...qu'on avait du mal à en définir l'Iris. L'obscurité de ses prunelles engloutissant le béryl des siennes sans qu'elle ne puisse y remédier.
D'elle-même, une de ses mains s'apposa sur sa nuque dévoilant plus qu'elle ne cacha la ligne imprimée sur sa gorge. Le regard du garçon glissa de lui-même sur la marque. Un rictus singulier s'imprima sur ses lèvres faisant dévier doucement son piercing, replongeant une dernière fois son regard dans le siens il replaça une de ses mèches noires indomptables sur son crane avant de se détourner pour saluer un type qui venait de s'installer à ses côtés.
Le souffle toujours erratique Alex, resserra la pression un peu plus sur son cou, incapable de le lâcher des yeux, elle ne s'était même pas rendu compte que plusieurs de leurs camarades les avaient rejoints dans la pièce. Elle déplaça une fois de plus l'étoffe qui dissimulait ses plus noirs secrets – plus si secrets que ça – jusqu'à son menton.
Elle le sut à l'instant même où son regard retomba sur le dos de son « inconnu », Elle venait d'enclencher un processus infernal qui allait la bouleverser à Jamais...
