On se reverra

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Où suis-je?
Il fait noir. Il fait froid.
Je suis seule. Je suis fatiguée. Pourtant, je viens de me réveiller.
Pourquoi suis-je ici?
Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Je ne me rappelle de rien. De rien depuis hier dans la soirée.

Un homme. Un homme sympathique d'après mes quelques souvenirs. Il m'avait offert un verre, que j'avais gentiment décliné. Je ne bois pas. Il l'avait bien pris et s'était assis à mes côtés au bar. Nous avions discuté, rient, apprit à se connaître un peu. Puis nous avons dansé.
Regardant l'heure sur mon téléphone, j'avais dû lui dire que je devais rentrer. Je lui avais glissé mon numéro, avant de quitter le bar dans les alentours de deux heures moins quart.
Ouvrant la porte pour la sortie, l'air frais avait frappé mon visage. Je me souviens avoir trouvé celui-ci apaisant. J'avais donc décidé de marcher. Mon appartement n'était pas très loin de toute façon, pas plus d'une dizaine de minutes à pied.
Après quelque temps, je me suis mis à regretter mon choix. Les rues étaient sombres. On y voyait à peine à plus de deux mètres, dans les ruelles longeant celles-ci.
Un bruit.
Un souffle.
Une douleur aiguë.
Puis, tout devient noir.

J'ouvre les yeux. Toujours inutile, je n'y vois rien.
Je fais un mouvement de poignet, essayant de passer ma main dans mes cheveux, lorsque je réalise que ceux-ci sont attachés derrière mon dos. J'essaie de me défaire des cordes, mais tout ce que je réussis à accomplir sont des brûlures au niveau de mes poignets.
Je sens toujours le froid m'envahir. C'est à ce moment précis qu'une autre révélation me frappe. Le froid est collé à moi. Vraiment trop collé. J'essaie de voir, ne serait-ce qu'une partie de mon corps. Un petit soupir de soulagement m'échappe. Mes sous-vêtements. Les seuls vêtements qui sont toujours présents sur moi.
Mais que c'est-il passé?
Pourquoi suis-je ici?
Je ne sais même pas où je suis. Le sol et les murs sont froids. Probablement en béton. Un sous-sol peut-être? Ou une usine?

Silence. Un silence pesant, qui est pourtant ma seule compagnie pour ce qui semble être des heures.
Puis celui-ci est brisé.
Un bruit. Puis un autre.
Des pas.
Un espoir monte en moi, puis disparaît aussi rapidement qu'il est arrivé.
Que va-t-il se passer?
Les pas se rapprochent rapidement. Beaucoup trop rapidement. Ils sont trop près. Beaucoup trop près.
Le bruit d'un vieux verrou.
Le bruit sinistre d'une poignée de porte que l'on tourne lentement.
L'attente me désespère. Le stress s'empare de mon être.
Trop de questions se bousculent dans ma tête. Elle commence à me tourner.
Je prends une grande respiration.

La porte s'ouvre lentement, révélant l'ombre d'un homme grand. Trop grand. Peut-être est-ce ma vision qui me joue des tours. Où est-ce peut-être le peu de lumière que m'offre le couloir. Mais je crois reconnaître cet homme.
Il s'approche de moi prudemment. Un sourire au coin des lèvres. Son regard de prédateur me regarde de haut en bas.
Puis la vérité me frappe.

C'est l'homme du bar.

J'essaie de me dégager, rien à faire, les nœuds sont bien trop serrés. Je ne peux même pas me reculer. Mon dos est déjà pressé contre le mur.
Ma respiration s'accélère. Son sourire s'agrandit lorsque son regard s'ancre dans le mien. Ses cheveux sels et poivres cachent son regard de glace lorsqu'il détache doucement sa ceinture, se rapprochant toujours de moi.

J'ai peur.
Mon pouls s'accélère.
Je me mets à trembler.

Il défait sa cravate, la laissant autour de son cou, et enlève son veston.
Il n'est plus qu'à quelques mètres de moi. J'aimerais fermer les yeux, mais quelque chose en moi m'en empêche. La peur? L'anticipation peut-être?
Il s'accroupit, ancrant d'un même mouvement nos regards. Je fige. Je ne peux rien faire sauf regarder ses yeux perçants. Il attrape violemment mon menton, faisant échapper un cri de stupeur d'entre mes dents. Il me fixe. Déplaçant son regard de mes lèvres à mes yeux. Je ne peux pas bouger, ni parler, prise dans ma terreur.
Une larme dévale le long de ma joue. Son regard s'attendrit. Il relâche la pression sur mon menton et il me regarde quelques secondes avant de passer sa main doucement dans mes cheveux. Chuchotant des mots doux dans mon oreille, avant de venir déposer ses lèvres sur mon front. Il se retire tranquillement, avant de me regarder de haut, affichant un petit sourire qui me fait frissonner.

On se reverraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant