Je, vous, non, nous.

382 28 45
                                    

Là, sur ce lit qui me conforte chaque soir. Là, prêt de mon meilleur ami dormant paisiblement. Je peux l'entendre, son souffle long, régulier et léger. Ce soir lui est venu le sommeil plus rapidement, alors ce soir je le laisse dans ses rêves qui j'espère sont les plus délicieux, agréables et loin de toute cette réalité qui nous oppresse et nous retient. Je le laisse loin de ces sentiments que j'éprouve, ces sentiments si durs à contrôler. De plus en plus je me perds. De plus en plus je me questionne.

Je le regarde, il semble se détendre. Ces petites cernes au dessus de ses pommettes d'enfant, sous ses longs cils et ce grains de beauté qui le rend adulte. Me voilà à sourire bêtement. Tu es beau, quoi qu'il arrive, tu es beau et tu as un grand cœur. Et moi ? Qu'ai je pour moi ? Suis je beau ? Je pense que je le suis... Mes complexes me rattrape, je suis beau, mais avec ces lèvres hideuses. Pourquoi sont elles si imposantes ? Et ma peau bien trop foncée, je l'aime, mais je devrais l'avoir plus pâle pour correspondre à ces critères sévères. Je pense être bon aussi... je chéris de tout mon cœur ceux que j'aime, ma famille, mes amis, vous, ainsi que ceux qui m'aiment.

Je soupire, à quoi je pense encore ? Pourquoi je n'arrive pas à me satisfaire de tout ce que j'ai. Ce que je possède, je l'ai eu de part mon travail acharné. Je me suis battu pour cette richesse, pour cette notoriété, cet amour que l'on me donne et cette satisfaction lors de la sortie de nos œuvres, là aussi je me suis battu pour en être fière.

Alors pourquoi ? Pourquoi suis je là, dans l'incapacité à rejoindre les bras de Morphée ? Mon crâne m'est douloureux, ça frappe sur mes tempes, ça cogne pour rentrer ou sortir, je ne saurais faire la différence ou alors c'est bien d'un peu des deux que je ressens.

    Je tord ma lèvre inférieur vers l'intérieur pour l'humidifier en y passant ma langue, je souffle. Je ne sais faire que ça, pour tenter de calmer ces douleurs qui me poussent à bout et me pèsent, physiquement et moralement, je n'en peux plus.

Décidé, je relève cette couverture qui m'étouffe, je me lève de ce matelas bien plus que parfait et pourtant sans effet sur ma personne. Sur la pointe des pieds je sors de cette chambre ou seul le souffle léger de mon ami fait place.

Dans le salon, debout les bras ballant, je ne sais quoi faire. J'en oublie la raison de mon insomnie, me sentant ridicule de la situation présente. Je suis là, et maintenant ? Dois-je sortir, prendre l'air afin de me vider l'esprit ? À quoi bon, mes pensées reviendront bien vide. Alors quoi ? Dois-je boire à en oublier mon nom ? Un résultat des plus misérable au petit matin me fera regretter cette décision.

C'est ainsi que je me retrouve vautré sur le canapé, ces idées noires tournant en boucle, ces questions qui se répètent et qui me martèlent le crâne. Je soupire, encore, combien de fois ai-je bien pu soupirer ce soir ? Et puis je pense, pour ne pas changer depuis le repas, mais je réfléchis à comment éviter d'être mélancolique. Je me demande si je peux réveiller YuGyeom. Il dormait si bien que je doute que ce soit une bonne idée, il a besoin comme chacun de nous, de beaucoup de repos. Je pourrais le rejoindre dans le lit, me blottir contre lui comme parfois il le fait lorsqu'il se sent vide, ce qu'il décrit si bien quand il va mal.

J'attrape la télécommande et allume le téléviseur. Je zappe, pendant longtemps. Il est tard, ou trop tôt, je ne serais vraiment m'en faire une idée. Rien ne m'intéresse, rien de ce que je vois ne me plonge dans une ignorance que je désire, rien ne me conforte à cette réalité qui me ronge. Je me recroqueville, jambes rabattues contre ma poitrine, les entourant de mes bras pour lesquels je me bat afin de les sculpter. Un nouveau souffle s'échappe d'entre mes lèvres humidifiées par ma langue se lassant d'y passer, ce souffle chancelant, non pas de froid, mais de tristesse, d'amertume et de détresse.

Là.     [BamBam - GOT7]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant