Elle me crie de me calmer et de respirer :
-Prenez de grandes inspirations et soufflez lentement, ça va passer !
Elle est marrante elle, comme si c’était facile ! La douleur me prend des poumons et s’étire jusque dans mes reins. Elle me compresse le bas ventre et me coupe la respiration.
-Ne vous inquiétez pas, l’anesthésiste va bientôt arriver et vous serez soulagée après la péridurale.
Ah bah oui, la fameuse péridurale, je n’attends que ça ! Ce n’est surement pas elle qui va me soulager où peut être juste physiquement. Ce n’est pas comme si je me retrouvais toute seule dans cet hôpital pour accoucher, en fait si, c’est exactement ça ! Ce n’est pas vraiment comme ça que j’imaginais mon avenir.
Au lieu d’avoir un homme à mes côtés pour me soutenir, je me retrouve à serrer la main d’une infirmière ou sage-femme. Je ne suis pas vraiment douée en matière médicale alors inutile de me demander la différence entre les couleurs de blouses, je n’ai qu’une expérience cinématographique limitée à la série « Urgence » et « Grey’s anatomy ».
L’infirmière ou sage-femme doit avoir la cinquantaine, elle est brune, les cheveux au carré, maquillée légèrement mais pas assez pour cacher la fatigue qui se lit sur son visage. Elle a surement dû enchainer les gardes et maintenant elle se retrouve à devoir soutenir moralement une future maman célibataire et paumée. La pauvre ! Je suis sûre qu’elle n’imaginait pas une seconde, devoir faire la nounou d’une femme enceinte à moitié hystérique.
Ce qui paraît étrange c’est que je suis à la fois impatiente et submergée par l’angoisse. La douleur me provoque des moments d’absence mais impossible de faire le vide dans ma tête.
J’arrive à articuler :
-Il arrive quand ce foutu anesthésiste ?
-Ca va aller, soufflez, je vais allez voir ce qui le retient.
Elle s’éloigne doucement mais j’arrive à lui crier avant qu’elle ne passe la porte :
-Il n’y a pas une fille dans le couloir, mince, rousse avec les cheveux bouclés ? Elle est arrivée avec moi mais devait s’occuper des papiers. Si elle est là, faites-la entrer s’il vous plaît, c’est ma meilleure amie et j’ai besoin d’elle !
C’est vraiment pathétique ! Honte à moi ! Je me pensais indépendante et forte mais me voilà à réclamer que mon amie entre pour assister à ce désastre que s’apprête à être mon accouchement. J’ai vraiment été bête de croire que je m’en sortirai toute seule. Et encore plus bête de m’être lancée dans cette histoire. En même temps, ce n’est pas comme si j’avais eu le choix, quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’avais déjà entamé mon cinquième mois.
De toute façon, je ne pense pas que si je l’avais su avant j’aurai réussi à envisager l’avortement, c’est contre mes principes. Je m’en serais voulu toute ma vie et ça aurait été encore plus difficile de vivre avec cette décision que d’envisager ma nouvelle vie de future Maman. Et l’adoption ? J’y ai bien pensé, mais comment pourrai-je abandonner une partie de moi ? J’aurai probablement finie en prison pour enlèvement de mon propre enfant dans sa famille d’accueil !
Bon c’est vrai, je n’ai toujours pas de travail mais j’ai bien l’intention de prendre ma vie en main. J’ai un peu d’économie car j’ai travaillé pendant toute ma scolarité dans le supermarché de ma commune d’enfance.
Pour l’instant j’habite en collocation sur Paris avec Clara, une de mes deux meilleures amies qui est danseuse professionnelle, celle qui justement devrait être avec moi en ce moment même. Mais qu’est ce qu’elle fout, bordel !
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DEVENIR
RomanceAmy n'avait pas prévu de Devenir mère aussi jeune et encore moins mère célibataire. Lorsqu'elle a découvert le visage de son enfant, elle a réalisé qu'elle ne pourrait jamais l'oublier, Lui, le père de son enfant, son premier amour et celui qui lui...