« Un souhait dissimulé, un motif douloureux, très très loin de la distance zéro."20 décembre 2016 - 21:46.
Hôtel Bery, les volets de la chambre sept sont fermés, le vent souffle sur la terrasse du troisième étage : l'ascenseur est en panne.
« - Il caille. »
Un souffle s'échappe, sec et froid.
« - T'avais qu'à mieux te couvrir pauvre con.»
Des phalanges se déplient, craquantes, rougis par les basses températures, allant caresser la peau glacée d'un individu.
« - Range ta main Tae, tu m'files des frissons.
- Allez, juste un peu », il quémande.Un long rictus parcouru les lèvres de son interlocuteur, compressant une cigarette quasi-éteinte entre celles-ci. Taehyung ne pouvait mesurer la distance psychologique les séparant, la situation étant si étrange, qu'il lui semblait que son esprit se trouvait à mille lieux de la fraîcheur du soir. Resserrant sa veste de sa main libre, il jette un coup d'œil, simple et vitreux, au balcon miteux sur lequel il se trouve adossé, non loin de lui, assez proche pour pouvoir effleurer son épiderme. Le métal est rouillé, sale et semble grouiller d'insectes plus monstrueux les uns que les autres, pourtant, lui, se contente de rester là.
Ses quelques doigts de libres s'enroulent et se déroulent autour de ses mèches décolorées, il eut un rictus. Il semble à sa portée, maintenant, juste ici. Pourtant, son identité reste encore mystérieuse, incapable de mettre un mot, sur ce qu'il est, ou semble être. Simplement.
« Plus tu en sauras, plus ce sera douloureux », avait-il dit. Il avait allumé une clope, puis une deuxième, avant d'avoir entamé sa sixième dans un silence tout d'abord doux, puis devenu insupportable. Taehyung s'était tût, avant de soupirer, gigotant sur sa chaise. Il aurait voulu savoir, tout de lui, même jusqu'au dernier des petits détails. Toutes ses pensées erronées qui tourbillonnaient sous cette trappe que forme son esprit, agrandissant sa curiosité, son envie d'être le premier à la connaître, à le découvrir, juste lui.
« - Dis-moi qui tu es. »
Il se penche en avant, lui jetant un regard peu amène, recrachant silencieusement la fumée.
« - La situation est trop déséquilibrée, si je te le dis, tout s'effondra.
- Déséquilibrée ? Si tu voulais que je te dise tout de moi, il fallait me le dire », il grommelle. « J'aime beaucoup l'automne, je déteste la réglisse, je-
- Je sais déjà tout de toi, Taehyung », il le coupe.Ses prunelles roulèrent, détournant le regard, l'observant à nouveau, tout cela semblait être impossible.
« - Tout de moi ? » Il répète, amusé.
Un rire s'échappa.
« - Ton principal souhait est de savoir qui je suis, pourquoi je suis là, à discuter simplement avec toi, et de savoir si je peux te sauver. »
Taehyung émit un frisson, le froid s'infiltrant sous ses derniers remparts, lui brûlant la peau.
Souriant.
« - Me sauver ?
- T'es malade Tae et tu l'sais. Tu redoutes cette maladie comme la venue de ton putain de dernier souffle. La mort t'effraie au point où tu te chierais dessus. »La faible pression atmosphérique qui s'exerçait sur la petite terrasse lui fit soudainement mal au crâne, le laissant suffoquant quelques secondes.
Il avait raison. Son regard ne cessait de se porter sur son dos, ses jambes, son profil. Il est là, à attendre près de son corps, non loin, telle la faucheuse virevoltant, s'enroulant contre son âme. Cette trêve que lui seul s'est autorisé à s'accorder, dévore ses os, croquant avidement ses poumons, empoisonnant d'un liquide indélébile son sang. Taehyung ne se souvenait plus de sa présence, ici, à l'instant.
« - Seulement, je ne vais pas le faire. »
Cette mort qui l'attend, dont il ne souhaitait ne plus en voir le visage, est tout juste en train de tirer sur sa clope, dos à lui.
Et il adore ça.
Cette maladie incurable qui continue d'empirer, sans aucun remède. La guerre contre ce poison qui prend son corps entier, s'avère plutôt douce. Seulement Taehyung souhaite d'autant plus de douceur avec les mots qui franchissent ses lèvres, voulant continuer d'emmagasiner ce sentiment.
« - Seule ta souffrance, ta peine, ta douleur m'importe. La mort n'est que le détail d'une vie, une dernière offrande en soi. »
Léger.
« - Depuis combien de temps es-tu là ?
- Quatre ans » , il souffle, ses mèches sombres balayant son visage. « Depuis le jour de ton quinzième anniversaire.»Le liquide rougeâtre qui s'était échappé de ses lèvres ce jour-là, l'avait faire rire. Taehyung avait rit aux éclats, sous les pleurs de sa mère, les bougies éteintes, ainsi que la crème pâtissière étalée à ses pieds, sous une assiette en carton. Près de la fenêtre de la cuisine, il n'avait pas paniqué, la remise en question ne s'étant pas installée au creux de ses maux. Ces personnes, figurantes de son existence, s'étaient contentées de lui dire qu'il s'en irait jeune, près d'un arrêt de bus, ou bien même près de la mer, sur le sable, seul.
Pourtant, il est là, dans cet hôtel dégringolant, à grelotter sur cette chaise.
L'odeur du tabac froid emplit subitement cette bulle d'air qui ne comble qu'eux, d'un instant à l'autre. Sa main se glisse doucement, caressant son ventre, effleurant sa nuque. L'irrésistible envie d'hurler lui brûle la gorge, lui dire de l'emporter loin de tout ça, Taehyung ne veut que cette mort qui ne cesse de lui déposer des baisers sur son épiderme : il ne voulait que lui.
« - Comment t'appelles-tu ? »
Un chaste baiser.
« - Yoongi. »
Il rit, les étoiles ne sont que lointaines et pourtant, l'escalier qu'il continu de gravir, en vain, les firent briller. Taehyung pouvait tout oublier, tout faire, tant qu'il était avec lui, à ses côtés.
Avec Yoongi.
Juste pour cette nuit.
-
ça fait longtemps que je n'avais pas posté, car mon inspiration s'était littéralement tirée avec ma motivation et que bah, jpouvais rien faire.
ce one-shot, je ne sais pas s'il va plaire, j'ai mit pas mal de temps à l'écrire pour arriver à une si petite chose.