Addicted to You

109e Injection

Il est 8h00 et ma chambre est déjà inondée de soleil, je ne ferme jamais les volets car j'adore regarder le soleil se lever. Je sors de ma chambre en baillant. Je rentre dans l'immense cuisine de la villa et je commence à préparer une omelette et des tranches de bacon frites, son petit déjeuner préféré. Le temps que tout finisse de cuire il est réveillé et s'assoit en m'attendant.

<< Eh dépêche toi ! Je meurs de faim ! Se plaint-il, fidèle à lui-même.
- Oui j'ai fini Pete. J'arrive tout de suite. >>

Je met rapidement ce que j'ai préparé dans une assiette et je la lui tend. Il commence à manger sans un regard vers moi, pendant qu'il se nourrit je vais lui chercher un verre et je verse du jus d'orange dedans avant de le lui tendre. Comme tout à l'heure il le prend sans m'adresser le moindre remerciement. Quelques minutes plus tard il se lève et retourne dans sa chambre. Je fais la même chose mais je dois d'abord nettoyer la table et les couverts.
Quand j'ouvre mon petit placard je n'ai pas beaucoup de choix, une dizaine de tenues au maximum. Aujourd'hui il fait beau alors je vais mettre ma jupe et mon T-shirt respectivement noire et blanc. Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres, aujourd'hui c'est ma dernière injection de sérum, ce qui veut aussi dire que c'est mon anniversaire. Je ne m'attends pas à recevoir un cadeau mais... Qui sait ! Je sors dehors et retrouve Marlene et John, accompagnés de leur fils Pete. Nous montons tous dans la navette, une sorte de bus qui doit emmener chaque "Parfait" à la zone d'injection la plus proche. La plupart du temps la navette est pleine à craquer mais je suis la seule à être née le 5 mai. Le trajet se fait dans le silence et j'en profite pour réfléchir sur l'importance de ce jour. Ce sera ma 109e injection, la plus importante. À partir de demain ma vie aura changé, pour l'instant j'ai ma propre volonté, mes envies et mes opinions mais demain je ne serais programmée que pour une chose, lui. Ses pensées seront les miennes, je ne désirerais que ce qu'il désirera... À bien y réfléchir j'ai assez peur. La sonnerie d'arrêt du bus retentit et nous nous dirigeons vers l'immense bâtiment gris à quelques mètres de la navette. Maintenant plus le choix (comme si je l'avais jamais eu). Je rentre dans une salle d'opération grande et épurée. Un homme avec des lunettes et un grand sourire m'accueille.

<< Bonjour, je suis le docteur Frey je remplace le docteur Marshal qui n'as pas pu venir. Maintenant j'aimerais rester seul avec la parfaite s'il vous plaît. >>

Je n'avais jamais vu un docteur parler autant. Une fois ma "famille" dans la salle d'attente il me fit signe de m'allonger. Une fois ceci fait il me pose une question. Une question qu'aucun docteur ne m'aurais jamais posé.

<< Alors, dis moi, quel âge as tu ?
Sa voix est chaleureuse mais je sens un léger sentiment de panique s'emparer de moi.
-Vous ne devriez pas poser cette question. Vous devez déjà le savoir, non ?
J'aperçois dans les yeux du Dr. Frey une lueur inquiète mais elle ne dura que quelques secondes.
-Je ne suis que le remplaçant. Je ne savais pas à qui j'aurais affaire aujourd'hui.
Je le regarde, indécise. Cet homme n'était définitivement pas celui qu'il prétendait être car il aurait du savoir que tout les parfaits reçoivent l'injection à l'âge de 18 ans.
-Tu sembles fonctionnelle, c'est bien. Maintenant arrête de te poser des questions. >>

Son regard était devenu dur et, pour la première fois, j'ai peur. Je ne dis rien mais mon coeur bat à 100 à l'heure. Il tient une grosse seringue dans sa main, et il s'approche de mon bras. Et il s'approche de mon poignet. Et il s'approche de ma veine. Avant que j'aie le temps de protester la pointe s'enfonce dans ma peau. Pendant une seconde le monde se brouille. Tout se teinte de rouge, la seringue et moi ne faisons qu'une, je me transforme en une masse informe ne connaissant que la douleur. J'ai le temps de laisser couler une larme puis tout revient à la normale. Plus d'enfer, plus de souffrance, plus rien. Je soupire de soulagement et je me rends compte que je me sens plus légère,comme si on m'avait retiré un poids immense. Je lui jette un regard interrogateur et le docteur me répond par un sourire amical. Nous rejoignons Pete et ses parents avant de sortir. Le Dr. Frey leur explique que le sérum est assez dur à assimiler pour moi et que, par conséquent, je risque d'avoir de nombreux maux de tête et un comportement un peu étrange. Malgré ce qu'il dit, je ne me suis jamais sentie aussi bien.
Pendant le trajet de retour, encore dans le bus, Pete me tient la main. Je le regarde bizarrement, gênée. J'essaie de lui sourire mais je ne peux pas m'empêcher de retirer ma main. Il me lance un regard méfiant mais n'insiste pas. Peut-être que le docteur avait raison. Peut-être que je me comporte bizarrement...