Chapitre 3

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Il s'éveilla lentement, sortant de ce rêve étrange et troublant. Il était toujours en maillot de bain, seul, allongé dans l'herbe verte. Le soleil était déjà levé à l'Ouest et ses rayons réchauffaient sa peau nue.

Le soleil à l'Ouest ?

Il se rappela soudain, les événements de la veille. Sa noyade, son arrivée dans ce lieu et sa cheville tordue.

Il se sentait en meilleure forme que la veille et il décida de se diriger en direction du manoir. Même s'il était sûrement inversé, il aurait toujours un endroit où aller.

Il prit le chemin qui conduisait à la bâtisse datant de la moitié du quinzième siècle. Qui, bien évidement, partait à droite au lieu d'aller en direction de la gauche.

Le chemin terreux aboutissait à un vieil édifice, ne ressemblant absolument pas à son manoir.

Il toqua tout de même à la porte, n'ayant aucune idée de ce qu'il pourrait faire d'autre.

Il se saisit du heurtoir en bronze et le frappa à plusieurs reprise contre la lourde porte de bois. Il attendit patiemment, toujours aussi peu vêtu.

Il commença à grelotter.

Sa peau prit doucement une teinte bleu-violacé malgré les chauds rayons de l'astre, qui commençait sa montée journalière. Il ne savait que faire, personne ne lui ouvrait et il était en train de mourir de froid. Peut-être même qui les habitants étaient partis pour plusieurs jours, dans ce cas, il pouvait attendre un moment.

Il se recroquevilla à nouveau dans un coin, pour contenir sa chaleur en attendant.

Ses attentes furent récompensé quelques heures plus tard. Un vieil homme, cheveux grisonnant, petite moustache en tourbillon, pas très grand, avec des yeux verts et un visage plutôt rond et sévère lui ouvrit.

- Vous êtes toujours là ?, s'interrogea-t-il en levant un sourcil gris bien garni, connaissant évidement la réponse puisqu'il se trouvait vraisemblablement devant lui. Entrez, vous devez avoir froid.

Il le dirigea vers un salon plutôt bien agencé du style Louis XV, et le fit assoir sur un siège en velours rouge. Il se posa dessus avec toutes les précautions du monde, sachant le prix que cela valait aujourd'hui. Le vieil homme s'éclipsa et revint presque immédiatement avec une tasse de thé vert brûlante. Presque aussitôt, arriva une femme au moins aussi âgée que l'homme, avec des vêtements dans ses bras. Il n'y fit attention qu'à ce moment là, mais ils étaient tout deux habillés avec des vêtements à la mode du dix-huitième siècle.

L'homme portait une longue veste dans les tons bleus avec les manches retroussées qui laissait paraître un revers rouge et une bordure dorée. Des poches étaient positionnées en bas de la veste au niveau du haut des cuisses. Un jabot blanc dépassai légèrement du col. Il portait également une culotte bouffante blanche avec des bas de soie. Ses chaussures plates et noires étaient ornées d'une boucle dorée.

La femme, elle, avait noué ses cheveux grisonnants en un chignon très élégant et simple. Autour de son cou pendait une fourrure blanche. Elle portait une robe bouffante jaune pâle et des jupons blancs. Sa robe la serrait, grâce, sans doute, à un corset et au ruban blanc qui entourait sa taille. L'habit descendait presque jusqu'au sol, il ne voyait qu'une infime partie de ses petites chaussures blanches et ses chevilles étaient entièrement dissimulées. Dans ses bras elle tenait un tas de vêtements dans les tons rouge-marron, qu'elle maintenait avec des mains recouverte de gants blancs et fins.

Quand il eut terminé de les détailler, il se rendit compte qu'ils le regardaient tout les deux avec insistance.

- Bonjour, lança-t-il timidement à l'intention de la femme.

Elle le regarda étrangement, comme s'il avait dit la plus grosse énormité qu'il soit.

- Madame vous demande si vous souhaitez vous vêtir, l'informa le moustachu.

Honteux, il se sentit rougir. Il n'avais même pas entendu tellement il était obnubilé par leurs vêtements.

Ëlen acquiesça et l'homme continua.

- Très bien, prenez ces vêtements. Vous pouvez également boire la tasse pour vous réchauffer, déclara l'homme en désignant le thé. Nous revenons dans une vingtaine minutes.

Sur ces mots, ils s'éclipsèrent par une porte sur la droite. Il prit les vêtements et les étala sur le siège où il était assis quelques instants plus tôt. C'était à peu près le même style que ceux de l'homme mais en légèrement plus petit.

Il se revêtit. Ce n'était pas la taille idéale mais cela ferait l'affaire.

Aillant encore un peu de temps devant lui, il se rassit sur le fauteuil et se saisit la tasse de thé qui lui brûla les doigts, prenant le temps de détailler la pièce.

Les murs étaient tapissés de rouge avec des motifs dorés. En face de lui se trouvait une cheminée en marbre où brûlait des bûches de bois, sur sa droite, et sur sa gauche, se dressaient deux portes fermées en bois. Au centre, trônait une petite table basse en bois clair et quatre fauteuils en velours rouge. Ils étaient disposés en demi-cercle autour de la table, face à la cheminée. Derrière, le mur était entièrement recouvert d'une immense bibliothèque avec des livres reliés et colorés. Le plafond était recouvert de bois et au centre pendait un lustre de bougies.

Comme il venait de terminer sa tasse, il se leva et se dirigea vers la bibliothèque.

Passionné des livres, il caressa les tranches reliées. Un sentiment de bonheur s'empara de lui. Cette bibliothèque devais valoir une fortune. Toutes les couvertures étaient en cuire d'animaux, pas de plastique ou de carton. C'était des vraies couverture comme à l'époque.

Il allait se saisir d'un livre, quand ses hôtes entrèrent à nouveau dans la pièce.

Ils l'invitèrent à s'installer à nouveau sur un fauteuil avant de l'imiter. L'homme prit la parole en premier.

- Premièrement, je me présente, Hënly, Comte de Varmalira, et voici mon épouse, Sanäh, Comtesse de Varmalira. Dites-nous donc ce qui vous amène par ici.

- Je me nomme Ëlen, j'arrive de la rivière, répondit-il poliment. Comme je ne savais où aller, j'ai pris ce chemin en pensant que j'allais me retrouver chez moi. C'est pourquoi je m'excuse de vous déranger mais je suis un peu perdu.

Aux airs perplexes, qu'affichaient ses deux interlocuteurs, il comprit aisément qu'ils ne saisissaient pas vraiment ce qu'il voulait dire.

- Vous... Vous devez avoir faim, bégaya la comtesse, passons à table.

Ils le firent passer par la porte de droite, débouchant sur un petit couloir, avant de lui faire prendre une autre porte juste à droite.

Ils arrivèrent dans une grande pièce contenant une grande table, des chaises et une cheminée sur la droite. Le comte s'installa en bout de table, la femme pris place à sa droite et indiqua au jeune homme de se mettre en face d'elle.

Une cuisinière arriva, apportant plusieurs plats. Elle servit ses employeurs avant de le servir. Puis elle s'éclipsa discrètement, les laissant commencer le repas dans un silence pesant qu'Ëlen n'osait rompre.

Par-delà le RefletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant