Maintenant que leur dalmatien avait fait ses besoins et que sa panse était pleine, le chiot au pelage blanc pur et tacheté de noir pouvait filer tout droit vers son panier à l'entrée pour une sieste bien méritée.
- ça y est, j'ai promené Oréo et je lui ai filé de quoi bouffer, annonça-t-il en rentrant dans la cuisine. Il faut qu'on se magne le fion si on ne veut pas arriver en retard, tu sais comment est Vincent.
- c'est vrai que la patience et lui, ça fait deux, reconnut volontiers son mari. Tel père, telle fille quoi.
- pourquoi tu dis ça ?
Martin continuait de remplir son grand panier de pique-nique tout en répondant de bon cœur à ses questions dans la cuisine.
- parce que Luca ne retrouve plus son marteau alors ta filleule lui a proposé de l'aider dans ses recherches mais ça n'allait pas assez vite à son goût alors elle a rapidement abandonné.
- pauvre petite, c'est sûr que ton fils ne peut pas aller pique-niquer sans le marteau de son super-héros préféré, y a pas moyen.
- ah parce que c'est mon fils maintenant ?
- quand il joue les relous, oui.
- et quand c'est un ange, c'est le tien c'est ça ?
- exactement, je vais voir où ils en sont dans leur enquête, je reviens.
Le sourire jusqu'aux oreilles, son mari opina du chef et il le laissa seul pour rejoindre le couloir avant d'hausser très légèrement la voix.
- allez les enfants, c'est l'heure, il faut y aller maintenant ! Hop hop hop, la marmaille ! On se bouge !
Son (plus si) jeune mari vérifiait encore s'il n'avait rien oublié dans son grand panier quand leur petite tête brune aux yeux azurs l'interpella avec enthousiasme.
- regarde daddy, je suis Thor !
- oh mince, un éclair géant, tous aux abris !
Se baissant légèrement, Martin trouva refuge avec jeu sous la table alors que de retour dans la cuisine avec leur fils, il le tenait par la taille et les jambes pendant que Luca tendait son bras droit du mieux qu'il pouvait et qu'un Mjolnir en mousse se trouvait dans sa main.
- parrain, quand est-ce qu'on mange ?
La voix de la fillette aux boucles blondes lui revint d'un coup aux oreilles, elle tirait sans s'arrêter sur la manche de son sweat-shirt Kitsuné.
- bientôt ma puce. Juste le temps de charger la voiture et ensuite on mangera tous ensemble avec tes parents. Faut pas qu'on oublie de prendre une couverture en plus pour s'asseoir, il y en a une dans l'armoire de l'entrée, qui veut aller la chercher pour moi ?
- moi parrain ! S'exclama sa filleule avec enthousiasme.
- moi aussi, j'y vais papa ! Renchérit Luca.
Ni une, ni deux, Luca suivit la fille de Vincent vers l'armoire en question en courant, les laissant lui et son mari un peu seuls dans la cuisine pendant quelques minutes.
- heureusement que t'as pensé au plaid, je voyais mal la future maman rester debout alors qu'elle en est à son huitième mois.
- la pauvre, la plaignit-il sincèrement, elle a les pieds et les chevilles qui gonflent encore plus à cause de la chaleur.
- connaissant Hugo, je suis sûr qu'il se fera un plaisir de la masser. Il est vraiment aux petits soins avec elle.
- c'est vrai qu'un petit massage, là, tout de suite, perso, je dirais pas non.
Le regard gourmand, il vint se poster juste derrière son mari plus petit que lui puis il lui encercla amoureusement la taille avant de parsemer son cou de doux baisers, sa barbe clairsemée contre sa peau blanchâtre semblait rendre Martin toute chose, il était sûr de le voir craquer d'une minute à l'autre.
- ce soir Yannick, lui promit-il dans un murmure. Je ne veux pas que nos petits bouts de choux nous surprennent dans le feu de l'action.
Il scella leur accord par un baiser appuyé et quand la fille de Vincent débarqua dans la cuisine avec le plaid en question dans sa main, suivi de peu par Luca, il débarrassa immédiatement sa filleule de ce dernier.
- allez, venez les enfants, c'est l'heure ! On y va !
Tel un vrai gentleman, il s'empara aussi en passant du panier sur la table de la cuisine, ce qui ne semblait pas étonner le moins du monde Martin et il en fut soulagé, il espérait tellement être un vrai papa gâteau pour Luca et un époux génial pour son reporter de mari.
- ouais ! Lâcha son fils en levant son marteau au ciel. C'est parti !
- allez hop hop hop, tous dans la voiture, faut pas traîner ! S'exclama-t-il avec entrain.
Il ouvrit la porte à son fils ainsi qu'à sa filleule qui franchirent ensemble le seuil de l'entrée un peu avant son mari, juste le temps d'éteindre la lumière et voilà qu'ils étaient tous parés pour passer un agréable dimanche après-midi en famille.
- Yann, réveille-toi.
L'animateur ouvrit difficilement les yeux et mit sa main en visière dessus, encore ébloui par la beauté de son compagnon qui venait de s'asseoir de son côté du lit, avec sa voix rauque et ses cheveux ébouriffés, il le trouvait carrément irrésistible.
- allez ma petite marmotte, faut se lever, on va être en retard au boulot sinon.
Son jeune amant lui vola un tendre baiser matinal puis il se mit à caresser son cuir chevelu avec jeu.
- j'arrive.
La tête toujours calée sur son oreiller, Yann se passa une main sur le visage avant de se mettre à bailler, il avait du mal à émerger de son petit cocon ce matin, son rêve l'avait mis de bonne humeur pour la journée.
- au fait, c'est qui Oréo ? Ne me dis pas que tu me trompes avec un mec qui porte un nom de biscuit, je vais être jaloux, fais gaffe.
La moquerie était clairement perceptible dans la voix de Martin et le plus vieux fut surpris d'apprendre qu'il parlait dans son sommeil, c'était une première.
- c'est pas un humain, c'est un chien, enfin le nôtre. Un dalmatien pour être précis.
- c'est un sérieux engagement d'adopter un animal dans un couple. Tu fais des projets pour notre avenir, c'est bien, je suis content.
Est-ce qu'il était sérieux ou il ironisait encore ? Yann ne savait plus trop, en revanche, il n'avait pas la moindre envie de lui foutre la pression en lui parlant de l'alliance en argent qu'ils portaient chacun à leur annulaire gauche dans son rêve ou encore de cette petite tête brune aux yeux azurs haute comme trois pommes qui était un fou de comics, c'était le meilleur moyen de le faire fuir, il avait trop peur de prendre le risque.
- c'est qu'un chien Martin.
- non c'est pas qu'un chien, c'est notre chien. C'est ça qui compte. Et puis, t'es pas tout seul, moi aussi ça me trotte dans la tête. Je te l'avais pas dit mais un peu avant qu'on se mette ensemble j'ai rêvé qu'on était les heureux parents d'un petit Luca et qu'il posait une question à Nora, tu sais pour sa chronique. Un petit blond aux yeux verts, de cinq ans et demi je crois, tu l'aurais vu, il était trop mignon, tout comme le rougissement qu'il a provoqué à ses deux papas dans cette séquence, je te laisse imaginer.
L'air attendri, Yann ne put réprimer un sourire conquis, décidément, ils étaient sur la même longueur d'ondes tous les deux, ils voulaient la même chose, sans même s'en être parlé avant. Après les regards, ces petits signes du destin non plus ne trompaient pas.
FIN
