Entre nous

I - Trouver le courage

Les cheveux en bataille et les yeux encore collés, la jeune adolescente ne put s'empêcher de bailler. Lola Vasquez essaya tant bien que mal de se lever, mais ses vains efforts ne purent la décoller du lit. Dégageant une mèche brune de son visage, elle leva les yeux au plafond et soupira. C'était aujourd'hui le grand jour, le jour de la rentrée, celui où elle devra dévoiler sa nouvelle identité à ses plus proches amis. Elle ne pouvait s'empêcher d'angoisser. Certes, elle était loin d'être la seule dans son cas, mais elle s'était vue s'assigner toutes sortes d'étiquettes tout au long de sa vie dont elle se sentait maintenant incapable de décoller.

Elle n'avait pas tellement honte de ce qu'elle était devenue, enfin de ce qu'elle était vraiment, mais cela ne correspondait tout simplement pas à l'image dont elle aimait s'affubler. Elle, Lola Vasquez. Lola, Lolita. Elle était une Lolita. Elle n'était qu'une Lolita.

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L'eau ayant mis du temps avant de se réchauffer, le jeune homme se dépêcha de prendre le pommeau de douche afin de le diriger vers son corps grelottant. Tao Wang ne put s'empêcher de sourire : il faisait partie de la minorité qui avait hâte de reprendre les cours. En réalité, c'était revoir ses amis du lycée qui l'intéressait. Tao était un jeune homme bien entouré qui n'avait jamais eu de mal à se lier d'amitié avec les autres. Cependant, tout n'était pas rose.

En effet, il y avait comme une ombre dans le tableau. Une ombre que le jeune vietnamien s'empressait de chasser, mais qui revenait toujours à la charge. Une ombre qui s'incrustait dans ses pores, qui s'empreignait de sa personnalité, la déformant peu à peu. Une ombre qui, surtout, ravageait progressivement sa confiance en soi. Tao n'en avait jamais manqué auparavant. Il était confiant dans le sport qu'il pratiquait régulièrement, dans les diverses relations qu'il entretenait et dans les projets qu'il réalisait. Mais ce Tao-là s'affaiblissait peu à peu, laissant place à un Tao anxieux et fragilisé.

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Jade Alcaraz attrapa sa jupe préférée. La jolie rousse était une grande passionnée de mode mais avait un faible pour les motifs fleuris et les couleurs douces. Elle aimait se sentir à l'aise dans ses vêtements, mais surtout elle attendait d'eux qu'ils la représentent. En effet, on pouvait qualifier la jeune fille de gaie et coquette. Elle aimait la vie, et la vie le lui avait bien rendu.

Mais cela ne pouvait pas durer éternellement, il fallait bien qu'un jour elle trébuche. Elle qui avait passé toute sa vie à marcher sans prudence sur un fil, elle l'avait sûrement mérité. Ce matin-là, Jade avait bien du mal à garder l'équilibre, enfiler sa jupe était devenue une véritable épreuve. Malheureusement, ce serait ainsi toute sa vie. Plus jamais elle ne retrouverait l'équilibre.

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- Alix, tu comptes toucher à tes céréales oui ou non ?

- J'ai pas très faim, maman...

- Tu ferais mieux de manger au moins un peu, tu ne vas pas tenir la matinée sinon.

Alix Mansart peina à porter sa cuillère jusqu'à sa bouche. Son ventre lui faisait mal et son cœur battait trop vite. Il avait toujours été d'un naturel stressé, surtout les jours de rentrée, mais ce jour-là c'était un jour bien différent. C'était un jour où le jeune blond allait remettre son identité en question devant les personnes les plus chères à son cœur. Il se sentait d'ailleurs coupable de tenir sa mère à l'écart, mais il se devait d'être sûr de lui avant de lui avouer quoi que ce soit, et il comptait sur ses amis pour l'aider à le devenir.

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Les rues défilaient devant ses yeux qui peinaient à rester ouverts. L'adolescent n'avait pas dormi de la nuit. Darius Kervadec laissa échapper un bâillement avant de se redresser sur le siège du bus. Il esquissa un sourire lorsqu'il aperçut son reflet sur la vitre : il avait une tête à faire peur. Ses longs cheveux châtains partaient dans tous les sens, sa barbe naissante n'avait pas été taillée depuis un bon moment et son teint habituellement pâle était maintenant grisâtre.

Cependant, Darius n'y accorda pas tant d'importance. Après tout, il ne cherchait à séduire personne, et encore moins ce jour-là. Il ne put s'empêcher de serrer les poings en constatant que son lycée n'était maintenant plus qu'à quelques minutes. Il n'était pas prêt pour les aveux, mais il savait bien qu'au fond il ne le serait jamais.

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Ambre Forestier se tenait juste devant le portail de son établissement. Elle s'amusait à observer les lycéens. Après tout, on passait son temps à l'observer elle, alors pourquoi ne ferait-elle pas de même ? Ambre était une jeune femme avec quelques kilos en trop qui lui avaient attiré beaucoup de critiques quand elle était plus jeune.

De plus, elle avait un style vestimentaire assez particulier qui variait en fonction de ses humeurs. Mais depuis cet été, son style avait pris une bien autre importance, une plus grande valeur à ses yeux. Ses habits étaient excessifs, tout comme elle, tout comme ses humeurs, tout comme son âme. Tout comme sa vie. Il n'y avait que ses cheveux teints d'un blanc pur qui lui rappelaient que tout n'était pas perdu, qu'il restait peut-être encore un peu de pureté et d'innocence en elle. Ambre sortit soudainement de ses pensées. Quatre visages qu'elle connaissait très bien avançaient vers elle...