Second

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La nuit avait été courte. Je ne m'étais assoupie durant seulement quelques minutes puis mon réveil avait sonné me tirant de ce rare moment de sommeil. 

J'avais attrapé mon sac et enfilé les mêmes vêtements que la veille, trop peu motivé à en prendre de nouveaux dans l'armoire. Puis je partais pour le lycée. Je ne mangeais plus le matin malheureusement pour moi, le stress qui s'accumulait dans ma journée me faisait vomir très rapidement la moindre petite chose d'ingurgiter. J'allais au lycée à pied, celui-ci se trouvant dans la même rue que mon lotissement pourri, je mettais seulement le temps de deux musiques pour y arriver. Ce matin ce fut Midnight City de M83 et Drown de Bring me the horizon

Quand j'arrivais il y avait toujours Max, un gars qui pensait que j'étais son ami, qui me demandait si j'allais bien. Question à laquelle je répondais toujours par un hochement de tête, avant de tracer mon chemin avec ce chien me collant aux bottes. 

 C'est presque un automatisme de demander aux gens qui vous entourent si ils vont bien quand vous les voyez. Mais la réponse est toujours la même. Ce serait comme demander à quelqu'un à chaque fois que vous le voyez, qu'a-t'il fait hier, mais que vous sachiez pertinemment qu'il n'y a qu'une chance minime qu'il vous dise la vérité. Alors pourquoi poser la question ? 

 J'entrais dans la salle où allait se dérouler mon cours de philo et m'installais aux places du fond. Le professeur commença par ramasser les devoirs qui étaient à rendre pour aujourd'hui. Une sortes de développement construit sur notre société d'aujourd'hui d'après ce que j'avais entendu, il me semble. Je n'avais pas eu la motivation de le faire, alors, lorsque le professeur arriva à ma hauteur je lui expliquais que j'étais absent lorsqu'il avait annoncé ce devoir. 

-Malheureusement tu étais présent à ce cours il me semble. Allé, ton devoir. 

 Il me fit signe de lui rendre son foutu devoir que je n'avais pas fait.Et puis, comment un élève pouvait-il rendre un bon devoir sur le sujet de la société s'il trouve que la société ne lui apporte rien de bon ? 

 -Je n'étais pas là je vous dis. 

 -Gregg Johnson, si vous continuez à mentir, je demanderais un renvoi d'une semaine à votre intention. 

 J'entendais mon moi intérieur s'exciter et crier "Oh oui un renvoi ! Plus de lycée pendant une semaine quelle joie !" 

 -D'accord.Je sortais une feuille notais mon nom dessus et lui tendait cette dernière. 

Malheureusement il l'accepta et je ne gagna donc aucun renvoi.Je m'affalais sur ma table prêt à dormir mais ce chieure de prof m'interrompit, une fois de plus, alors qu'il était en train de parler de je ne sais quoi à la classe : 

 -Tiens Gregg, que voudrais-tu être plus tard ? 

 -Mort, rétorquais-je du tac au tac. 

 Le silence se fit complet dans la salle de classe, et des élèves me regardaient l'air surpris. Enfin tranquille, je logeais ma tête entre mes bras que j'avais croisé auparavant entre eux sur la table, puis fermais les yeux.Je fus réveillé à la fin du cours par Max qui me secouait par les épaules. Je n'avais jamais eu de réel ami depuis un bon bout de temps, une fois j'avais cru en avoir un, ou plutôt une devrais-je dire. Elle aussi était différente, j'ai cru pendant un moment qu'elle pourrait me rendre heureux et vise versa, mais nous savions tous deux que deux bombes à cotées feraient bien plus de dégâts. Alors nous avons juste arrêté de nous parler. Je fronçais les sourcils avant de prendre mes affaires et de me diriger vers la prochaine salle de cours. 

Je prenais place au dernier rang comme toujours et attendais le début du cours.Alors que le professeur allait débuter, une retardataire entrait dans la classe. Elle était jolie, le style de jolie fille qui est jolie sans même le savoir. Ses yeux étaient rougeâtres, et humides. On pouvait d'ailleurs distinguer la trace qu'avait laissé une larme, sur sa pommette gauche. Le professeur lui demanda d'aller s'asseoir sans même voir la tristesse affichée sur son visage.Mais je ne me souciais pas d'elle plus que lui. Vous ne verrez jamais quelqu'un de complètement déprimer se mettre à pleurer. Les dépressifs eux, ravalent leurs émotions et finissent par oublier comment les exprimer. C'est pour ça qu'un jour ils explosent, emportant avec eux, tout ceux qui étaient sur leur passage. 

À la fin du cours, fatigué, je décidais de rentrer chez moi et de sécher les cours de cette après-midi. Sur la route je manqua de me faire écraser à trois reprise, malheureusement pour moi il n'en fut rien.J'entrais dans ma petite maison à la façade dégradée par les années, et entrais dans la salle de bain. Je passais devant le miroir en fuyant le regard de mon double. Croiser le regard de quelqu'un était surmontable. Mais devoir surmonter le sien était insoutenable, lorsque que vous passez devant la glace, un beau jour, et que vous vous rendez compte à quel point vous êtes mort de l'intérieur, c'est quelque chose qui vous marque à jamais. 

Mes muscles se détendaient un à un sous la pression de l'eau chaude. C'est alors, que ma mère entra dans la salle de bain et s'asseyait sur la cuvette des toilettes, qui était rabattu. Ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle faisait ça, et puis à quoi bon être pudique alors que je sors tout droit de son utérus ? 

 -Je viens de recevoir un mail du proviseur. Tu a quitté l'école alors que tu avais cours ? Me dit-elle. 

 Elle savait que la douche était mon seul moment de répit, mais elle trouvait le moyen de le gâcher. 

 -Ouais. 

 -Et tu te contente de cette réponse ? Gregg, je sais que c'est dur pour toi en ce moment mais il faut que tu comprennes que si tu ne veux pas finir sous un pont, c'est maintenant que ça ce joue. 

Je ne projetais jamais aussi loin dans l'avenir. Mes parents étaient bien les seuls à s'inquiéter de cet avenir par ailleurs. Donc aller à l'école, trouver un job pourri, et y aller tous les jours de sa vie jusqu'à ne plus en avoir la force est une donc vie ? Je refusais de rentrer dans ce moule, pourrissez moi si vous le voulez mais pas mon existence. 

Elle sortait de la salle de bain, pendant que je frottais le shampoing que j'avais versé sur la crinière noire qui me servait de chevelure, me demandant comment avais-je pu être le premier petit spermatozoïde à atteindre son ovule. Quel con, certaines courses ne valent mieux pas d'être gagnées tu sais.

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⏰ Last updated: Jun 03, 2017 ⏰

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