La boîte à musique

Partie unique.

𝓢es cris et ses pleurs ne furent qu'entendus par les étoiles. Ses plaintes et ses prières adressées au ciel qui ne lui avait jamais répondu. Ses espoirs et ses rêves envolés, comme de la fumée qui vogue dans l'air.

Baekhyun ne reverra plus jamais sa mère.

Du haut de ses sept ans, la réalité mit un temps avant de le rattraper. Lorsque sa nourrice lui avait dit, avec un gentil sourire un peu triste, que sa maman avait rejoint les anges, il ne savait pas quoi en penser. « Mais, maman est déjà un ange. » On lui avait dit que non. Que les êtres vivants ne pouvaient pas l'être tant qu'ils n'ont pas rejoint le ciel, l'au-delà. Mais cela non plus, il ne l'avait pas comprit.

Il avait été élevé par cette femme seule, abandonné par un père qui fuyait les responsabilités. Cette femme dont il gardera à jamais un souvenir aussi doux que du sucre, aussi léger qu'un nuage, et aussi tendre qu'un marshmallow. C'était une mère formidable. De son point de vue, sa mère n'avait aucun défaut. Ses bras étaient toujours chauds, ses baisers toujours aimants, et sa voix toujours belle. Elle était jeune, peut-être trop.

« Maman est morte, Baekhyun. Elle ne pourra plus revenir s'occuper de toi. » Il pensait qu'on lui mentait. Pour lui, la mort était un concept abstrait, un mot pas très bien défini. Il prenait tout son sens les soirs où la présence de sa mère lui manquait. Les nuits où elle n'était pas là pour le bercer, le border et lui dire qu'elle l'aimait de tout son cœur. Elle n'était pas là pour lui raconter des histoires et faire marcher sa boîte à musique en tournant la petite manivelle en-dessous. Elle n'était pas là pour faire danser les deux oiseaux blancs tournoyant sur leur petit ressort avec un petit garçon habillé de rouge et de bleu au centre, semblant joyeux si l'on en croyait son sourire peint.

« Maman viendra me chercher, hein ? » L'orphelinat ne mit pas très longtemps à lui trouver une nouvelle famille. C'était encore un petit garçon, mignon et sage qui plus est. Sa mère lui disait toujours d'être sage. Tout ce qui lui restait de souvenirs tenait dans une toute petite valise. Ses nouveaux parents ne voulaient pas de ses anciens vêtements, ou de ses anciens jouets. Il ne fut donc autorisé qu'à en emmener quelques uns bien choisis. Baekhyun n'avait plus revu sa nourrice, dès lors que ces nouvelles personnes s'étaient occupées de lui. Il ne revit pas non plus sa maison, même s'il ne changea pas de ville.

Mais il n'aimait pas ses nouveaux parents. Sa nouvelle famille ne l'aimait pas non plus, il en était sûr ! Dès lors qu'il fut installé dans sa nouvelle chambre, sa petite valise et ses jouets furent prit et jetés. Ne lui resta que sa petite boîte à musique qu'il cachait sous son lit. « Sois sage, fais de beaux rêves, et n'oublie pas de répéter le rituel magique qui exauce les vœux. » Alors Baekhyun répéta le rituel magique. « Remue le nez, touche ton front, fais-toi des guillis sous le menton, fais une croix sur ton cœur, pose une main dessus et ferme les yeux en pensant très fort à ton vœu. » Mais le sien ne s'était jamais réalisé.

Il perdit sa boîte à musique deux mois après son arrivée dans sa nouvelle famille. Sa mère adoptive faisait le ménage très souvent et lorsqu'elle trouva la petite boîte sous le lit de Baekhyun, elle le consigna dans sa chambre toute la journée, pour qu'il n'en sorte qu'au repas du soir. D'habitude, il réussissait à la cacher ailleurs pour ne pas se la faire confisquer, mais pas cette fois. Mais Baekhyun ne pleura pas ce jour-là. Il attendit que la nuit soit tombée, et fit encore un vœu. Il recommença le rituel magique toute la nuit. Il voulait revoir sa mère.

La boîte à musique fut oubliée. Baekhyun pensa qu'on l'avait jetée. Il n'avait plus sa mère, ni sa musique, ni sa présence, ni les histoires, ni les vœux.

☁

Du haut de ses vingt-et-un ans, il était devenu un beau jeune homme. Ses cheveux noirs de jais toujours bien coiffés, ses vêtements bien taillés par une mère adoptive plus que pointilleuse, un comportement exemplaire et une gentillesse sans faille. Il ne fut pas difficile à éduquer : il écoutait tout ce qu'on lui disait, ne faisait jamais aucune bêtise, avait de bonnes notes, de bons amis quoique peu nombreux, rentrait toujours à l'heure et souriait sans cesse.