Le train

31 1 0
                                    

Drago s'affala sur sa banquette, et ferma les rideaux d'un coup sec. Les embrassades angoissées des familles sur le quai 9 3/4 lui donnait envie de vomir. Ses propres parents ne lui manquaient pas. Simplement, peut être en aurait il voulu d'autres... Il chassa cette pensée de son esprit. Pourquoi se morfondre ?
Le train s'ébranla enfin, et prit rapidement de la vitesse. Il s'apprêtait à savourer le voyage en solitaire, il n'avait pas cherché à voir Blaise, ou Pansy. Il aurait tout le temps pour ça plus tard.
Il ferma les yeux : après des nuits sans sommeil, le tanguement et les bruits du train lui apparaissaient comme une douce berceuse.
Malheureusement, il n'en profita pas longtemps.

La porte s'ouvrit avec fracas. Drago bondit et s'empara de sa baguette, paniqué.
- Oh, calme toi ! Je savais pas que t'étais là.
- Weasley.
Drago se maudit intérieurement. Il avait cru à une attaque. Une vieille habitude dont il devrait se débarrasser rapidement.
- Qu'est ce que tu fous là ? Dit il en reposant sa baguette. C'est privé.
- Je cherche un compartiment libre. Mais où sont donc tes acolytes ? Je ne les vois pas... Le petit prince à appris à s'habiller tout seul ?
Drago sentit un accès de rage s'emparer de lui.
- Je te préviens, tu...
- Ron ! C'est bon, j'ai trouvé !
Une tignasse brune apparut derrière le rouquin.
- Granger ! Tu as tes propres acolytes, hein, Weasley ?
Le sourire d'Hermione s'effaça.
- J'ai trouvé un wagon libre, Ron. Viens, on s'en va. Murmura-t-elle.
- T'as raison, je ne traîne pas une seconde de plus avec cette fouine.
Il se retourna vivement et remonta le couloir à grands pas.
Hermione, elle, hésitait. Elle se mordit la lèvre.
Drago haussa les sourcils.
- Qu'est ce que tu veux ?
- Je repensais à... Tu sais... Au manoir, l'année dernière... Pourquoi... Pourquoi t'as pas dit que c'était nous ?
Les yeux de Drago s'assombrirent.
- Sors d'ici.
- Mais...
- SORS D'ICI !
Les yeux d'Hermione se rétractèrent.
- Ron a raison, tu es toujours une petite fouine répugnante, Malefoy...
Et elle claqua la porte.

Drago se rassis et soupira. Il ne savait pas exactement à quoi il c'était attendu. Il savait que la guerre serait évoquée, bien sûr. Mais pas aussi rapidement. Il ne voulait pas qu'on lui demande des explications maintenant, tout de suite..

Il y a un an, quand Le Seigneur des Ténèbres fut vaincu, le monde était un peu un espèce de grand bazar. Les procès s'étaient multipliés. Poudlard n'avait pas réouvert, laissant le temps à la reconstruction. Drago était donc très peu sorti, estimant préférable d'éviter les regards haineux.
Lucius avait été jugé coupable, mais pas dangereux. Azkaban était plein. On l'avait donc condamné à la plus grande déchéance possible pour un sorcier : l'interdiction à l'accès aux quartiers et villages sorciers ainsi qu'à tout le monde magique, grâce à un bracelet magique qui agissait tel un doloris et une alarme si il tentait malgré tout de passer, et l'impossibilité de racheter une baguette magique.
Il avait insisté, menacé à n'en plus pouvoir sa famille, dans l'espoir qu'un des deux lui cède une baguette, mais en vain. Privé de pouvoirs, il avait peu à peu sombré dans l'alcool.
Narcissa, grâce à son acte envers l'Elu dans la forêt, avait été grâciée. Elle restait digne, mais son fils ne la voyait pratiquement plus : elle s'était trouvé un poste de secrétaire dans le monde moldu, voulant se faire oublier, et désertait le manoir chaque nuit ou presque. Drago était convaincu de la présence d'un amant, mais ne lui reprochait pas. Son père aussi couchait un peu partout, et sa mère avait la décence de ne pas faire de scène, et surtout, de ne pas l'afficher. Le peu d'honneur que gardait la famille Malefoy était sauf grâce à elle.

Il n'avait plus envie de penser à la guerre. Les aurors l'avaient interrogé à maintes reprises. Il n'avait fait que dire la vérité, dans l'espoir que cela se termine vite.
Il avait fait le choix de retourner à Poudlard car sa vie était morne, vide. Il voulait juste réapprendre à vivre. Tout simplement. Regagner un peu d'insouciance. De jeunesse. Mais il n'avait aucune envie d'expliquer ou de justifier.

Il s'endormit, bercé, et ne se réveilla que quelques heures plus tard, lorsque le château fut visible.

Folie AmoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant