II. Chapitre - Écervolée, enchantée

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Quand j'ai ouvert les yeux, j'étais sur une table de laboratoire, dans une chambre hermétique. J'avais l'impression de m'être réveillée d'un indéfinissable long sommeil. Un coma dans lequel j'avais fait d'atroces cauchemars par moments et de paradisiaques rêves à d'autres. Je sentais mon organisme faible, par contre j'étais lourde physiquement. Mes os léthargiques, me pesaient cruellement, pour avoir été dans cette position allongée pendant je ne sais depuis quand.

Par miracle, mes yeux m'étaient restés fidèles. J'avais hérité d'une parfaite vision qui captait le moindre détail, alors j'ai instinctivement scruté mon entourage. C'était le blanc absolu. J'ai remarqué deux autres tables de laboratoires similaires au mien, composées d'équipements de laboratoires, d'un blanc immaculé. Une fille avec de longs cheveux reflétait du miroir au plafond. J'ai noté que le miroir recouvrait toute la surface de la paroi du haut de la salle. J'ai su du reflet que c'était une fille à cause de la blouse violette qu'elle portait, et de sa tignasse. Ses cheveux écartelés, une masse de dreadlocks écarlate-brun étaient d'un léger pourpre non entretenu. J'ai été effrayé un moment, avant de réaliser qu'il n'y avait personne d'autre que moi dans la salle. Cette fille, cette grossièreté mal coiffée, c'était moi. Alors j'ai balayé les twists qui n'avaient pas encore formé de dreadlocks de mon visage, afin de mieux me contempler.

J'ai remarqué que ma tête était volumineuse. J'en ai été bouleversée. La grosse tignasse du rouge brun dreadlocks — non entretenue était une chose, qui pourrait au pire passer pour un style. Cependant, le volume trop élargi de mon crâne me semblait totalement ridicule. J'en ai été déconcertée. Confuse, j'ai été tentée de croire un moment que le miroir déformait les images. Toutefois, la forme régulière des autres membres de mon corps, ainsi que la netteté du reflet m'ont forcé à admettre la réalité. Par la suite, j'ai dû freiner mon appréciation, car, il m'a semblé que mon esprit avait fait écho dans mes oreilles.

Quelle tête énorme! avait encore murmuré la petite voix, cette fois en de véritables échos distincts. J'ai cru avoir pensé trop haut. Je n'avais cependant pas encore ouvert la bouche depuis mon éveil, alors cela me parut anormal. J'ai été tout simplement portée à croire que je rêvais. Du moins, je l'avais ardemment souhaité. Le fait d'avoir le corps d'une adolescente pourvu d'un crâne de la forme d'une citrouille, large et l'air aussi pesante, ne pouvait simplement pas avoir de réponse terrestre, selon mon entendement. Quelque chose ne tournait pas rond avec cette physionomie. J'aurais voulu crier de toutes mes forces, mais je m'abstins. Je n'osais pas crier de peur que quelqu'un n'accoure et ne vienne me voir. Cette personne me verrait, alors je serais davantage embarrassée, j'aurais encore plus honte.

L'instant qui a suivi, le souvenir de mon père, de ma mère, de mes frères jumeaux et de ma grande sœur a surgi. Je me suis rappelé avoir été si mal en point que ma mère angoissée jeunait et priait longuement. Mes petits frères qui ne comprenaient pas pourquoi je ne pouvais pas jouer avec eux avaient fait des crises interminables. Ma grande sœur, impuissante consolait de temps à autre ma mère. Leurs souvenirs s'étaient vivifiés, alors je me suis questionnée sur l'endroit où ils se trouvaient.

Je me suis donc assise sur le lit de laboratoire, ensuite, je suis descendue. Je me suis dit que si j'étais à l'hôpital, mes parents ne devraient pas être bien loin. Je me suis alors promenée de long en large dans la salle, captivée par ma grosse tignasse en désordre. J'avais l'air d'une folle. Il m'est arrivé à l'esprit que j'étais peut-être dans un genre de centre de psychiatrie. Dans ce cas, je doute que mes parents soient dans le centre avec moi. Les personnes folles sont toujours enfermées, et laissées à elles toutes seules. Souvent, leur parent ou ami ne se hasardent pas à les visiter, par embarras.

Peut-être que je suis folle ai-je donc conclu à haute voix.

Non, je ne l'ai pas dit à haute voix, c'est encore sorti tout seul, comme un ventriloque. J'ai eu peur. Toutefois, j'ai été déterminé à comprendre ma situation. Pour cette raison, j'ai continué à marcher vers un des murs en vitre afin de mieux m'analyser. Ensuite, une fois proche, j'ai scruté mon corps de haut en bas.

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⏰ Dernière mise à jour : May 23, 2017 ⏰

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