C h a p i t r e 8 - Aleks

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« Nous sommes nos choix »
- Jean-Paul Sartre

- Parfait vous m'en voyez satisfaite. Apportez les corrections dont nous avons parlé et nous pourrons le soumettre au Riksdag pour approbation finale, ai-je dit aux deux hommes qui me faisaient face.

Cela faisait au moins quatre heures que je révisais les prévisions budgétaires du Försvarsmakten ou plutôt des Forces armées suédoises en compagnie de mon ministre de la défense et du commandant en chef de l'armée. Nous devions les soumettre au Riksdag qui était le conseil parlementaire de la Suède. Dans l'ordre des choses actuelles, toutes les décisions devaient passer par nous puis par le parlement avant d'être approuvée. Si tout devait être approuvé par ce dernier au lieu de par la famille royale, c'est en grande partie à cause de la perte de la guerre contre la Finlande.

Cette défaite, en 1809, a déclenché un coup d'État militaire qui est venu renversé Gustave IV, le roi de l'époque. Une nouvelle dynastie et une nouvelle constitution a redonné l'initiative au Riksdag. Avec cette dernière, le roi nommait encore les membres du conseil qui s'appelait maintenant Conseil d'État. Par contre, le pouvoir législatif du gouvernement était partagé avec ceux-ci. Neuf membres composaient ce nouveau conseil dont les deux plus importants : le ministre d'État à la Justice et le ministre d'État aux Affaires étrangères. Sept nouveaux départements ou ministères furent créer avec la venue de la réforme de 1840. Tous étaient dirigés par un ministre.

Ce n'est qu'en 1917 que les principes parlementaires ont pu être renforcés alors que le monarque ne put nommer, sans le consentement du parlement, un gouvernement. La constitution de 1974, qui a pris effet le 1er janvier 1975, a enlevé la plupart des pouvoirs formels du monarque, y compris celui de pouvoir nommer un nouveau gouvernement. Ce qui fait en sorte que la monarchie suédoise est devenue entièrement constitutionnelle. Autrement dit, le roi, chef de l'État, ne détient aucun pouvoir politique et ne participe en aucun cas à la vie politique. Il ne peut donc pas participer aux délibérations du gouvernement et ne contresigne aucune de leur décisions. Le roi n'a en faite que des fonctions honorifiques. D'après cette même constitution, il représente l'unité de la Nation et la Suède sur le plan international. Il reçoit donc lui-même les chefs d'États étrangers lors de visites officielles. Ses fonctions se résument donc à ouvrir la session annuelle du Parlement, diriger le Conseil des ministres spécial, être le président du Conseil consultatif des Affaires étrangères et c'est aussi celui qui remet annuellement, le diplôme officiel aux lauréats des Prix Nobel lors d'une cérémonie fastueuse.

Étant donné que mon père était quelqu'un de très respecté et de très sage, il était donc très judicieux de l'avoir à ses côtés lors de prises de décisions importantes. Le parlement et le ministre l'ont donc invité à prendre part à toutes les séances afin d'avoir son avis sur les projets de loi ainsi que toutes les décisions prises au sein du royaume, laissant ainsi de côté la constitution de 1975. C'est en majeur partie pour cela que c'était à moi de réviser les prévisions budgétaires de l'armée avant que le ministre et le commandant en fasse la présentation aux membres du Conseil.

Par contre, je n'étais pas encore autorisée à siéger au conseil du parlement. Selon la tradition, il fallait que je passe par le bal des débutantes et tout s'enclencherait par la suite. Et quand je parle de tout, c'est vraiment tout. Les fiançailles, le mariage puis la succession au trône. J'étais même presque sure d'avoir entendu parler d'une grossesse. S'il y avait bien une chose à laquelle je n'avais pas encore pensé, c'était bien d'avoir des enfants. Je savais que c'était un passage obligé en devenant reine, je devais avoir des successeurs afin de perpétrer la lignée des Bernadotte-Lindström.

Est-ce que j'avais vraiment envie de tout ça? Pendant mon escapade dans la vie réelle, loin de mes obligations familiales, je n'en ressentais pas le besoin. Ce besoin que les jeunes femmes ont d'avoir une famille. Jamais mon horloge interne n'a sonné pour me dire : il serait grand temps que tu deviennes mère. Les bébés m'ont toujours fait peur. Ils pleurent toujours pour un millier de raison et on ne sait jamais pourquoi. C'est quelque chose qui m'angoisse à l'extrême. C'est, entre autre, pour ça que j'avais des réticences à vouloir créer ma propre famille. J'avais aussi un idéal. Avoir un mari que j'aime qui deviendrait le père de mes enfants, si enfants il y avait bien sur. Mais comme j'allais épousé un homme que je n'aimais vraiment pas, ce n'était plus un idéal mais un début d'enfer. Je ne pouvais tout de même pas m'empêcher à quoi aurait pu ressembler un mini Louis. De beaux yeux bleus, des petits cheveux bruns en bataille, des belles petites pomettes roses....

Destiny | Tome 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant