Salut, toi

Premier

Assise à la terrasse d'un café quelconque dans sa ville, Ina conversait avec son meilleur ami. Rien de particulier : juste des colportages de ragots. Activité à laquelle ces jeunes de 16 ans aimaient se consacrer, pour passer le temps.

Mais, au bout d'un moment, on tombait bien à court de rumeurs. La bouche d'Ina ne pouvait plus s'ouvrir encore et toujours pour balancer tout et n'importe quoi sur untel, ce qui agaçait quelque peu Samuel. 

Plus de trente secondes dans le silence horrifiait - presque - le rouquin. Vite, il chercha une idée. Aucune envie de cracher sur le dos de cette pauvre Anaïs, ou simplement de parler des dernières vacances à Dubaï d'un des bourges de leur établissement.

Et puis quelque chose d'une simplicité enfantine germa dans l'esprit du garçon, alors qu'Ina consultait les réseaux sociaux - réseaux qui rendait accro les deux jeunes gens à leur portable.

"Hé ! Ce serai drôle que tu parles à des passants dans la rue !

- Hein ? Non.

- Si ! Fais-le.

- Si tu veux, soupira Ina."

Elle se leva, avant de chercher une personne du regard. 

Hum... Non, pas cette petite fille - pour sûr, elle lui ferai peur ! Cet homme à l'air bien austère. Oh, lui, là bas. Pas mal.

Ce "lui" était un adolescent tout à l'apparence normale. Assis sur un banc, penché sur un écran - encore ! Ça n'arrêtera jamais ? -, des cheveux bruns qu'In devinait décoiffés. Rien de bien particulier. Et puis, on ne pouvait pas mettre quelqu'un dans une case par rapport à son apparence, encore plus quand on ne le voyait que de dos.

Elle s'avança, soudain un peu timide. Ina n'avait aucun mal à parler avec les gens qu'elle connaissait, c'était même une machine à bavardage. Mais par contre, pour quelqu'un dont elle ne savait même pas le prénom, et uniquement vu dans la rue... C'était une autre histoire.

La brunette arriva enfin juste derrière lui et tapota son épaule, en essayant de se retenir de regarder son téléphone. Rah. Encore cette manie de tout vouloir savoir.

"Salut, toi, chuchota-t-elle."