Dépression

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Cela fait trois mois que le néant est devenu mon chez moi, tandis qu'un vide étourdissant m'habite. Depuis mon anéantissement engendré par cette fameuse désillusion, je ne suis plus la même. J'ai oublié ce qu'est la joie, l'euphorie, le bonheur, le désir et une seule et unique obsession a pris la place de l'envie. Il n'y a plus rien de positif à mes yeux. La lumière du soleil m'aveugle, la nourriture me répugne, les paysages ont perdu de leur valeur. Je ne veux plus rien faire. Aucune activité n'est digne de mon intérêt, en considérant qu'il m'en reste. Je ne veux voir personne depuis l'instant où j'ai fusionné avec la solitude. Si il y a une chose qui soit encore capable de m'atteindre, c'est cette putain d'illusion envolée. Si je suis hors de portée de toute émotion, plongée dans un sentiment de tristesse constant, elle continue de me tordre le coeur. J'ai tout perdu, une peur irrationnelle du monde extérieur ne me quitte plus, les rideaux tirés et les portes closes, je reste cloîtrée chez moi. Je me sens exactement comme un vampire qui brûlerait au contact de la lumière du soleil. Cette comparaison est pitoyable mais vraie. La faute à ce vent glacial qui m'envahit de ses hurlements déchirants, sa froideur écrasante, ainsi que ses bourrasques renversantes. Ce vent vivant uniquement à travers moi. Seul élément comblant le vide dans mon coeur tandis que ma tête déborde d'insupportables réflexions. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps avant de succomber à la tentation d'ouvrir la boîte trônant sur le bord de la petite table de verre? Méticuleusement, comme si le moindre geste brusque briserait ma sérénité face à l'acte que je m'apprête à faire, j'ouvre la boîte et en sors plusieurs pillules, trop de pillules.
Je m'en moque que ma mort se produise seule, dans un lieu négligé depuis trois mois, avec des pillules débiles, sans avoir admirer ce que j'aimais tant regarder avant, savourer ces goûts que j'adorais sentir se déposer et s'imprégnier sur ma langue, respirer ces délicieuses effluves qui m'appaisaient, effleurer ces textures qui se mêlaient si bien à ma peau, ou discerner la mélodie de tous les sons qui me faisaient vibrer. Je veux une mort ridicule, à l'image de la vaste blague débordante d'ironie qu'a été ma vie.

Le Contraste Des EmotionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant