Il était là, Thomas, bel et bien vivant mais menotté par les policiers. A ce moment-là, je ne comprenais plus rien. Qu'avait-il fait? Pourquoi avait-il été laissé pour mort il y a 5 jours? Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête. Je demande au policier présent à l'accueil:
- Excusez-moi, cet homme a fait quoi?
- C'est lui le suspect dans l'enquête sur votre tentative d'homicide.
Thomas? C'est pas possible, il ne peut pas avoir fait ça. Je décidai de quitter le commissariat et d'aller à la rédaction. Cette affaire m'a pris la tête toute la journée. En milieu d'après-midi, mon téléphone sonne, c'était la police. Thomas avait avoué qu'il avait payé un tueur à gages, comme dans les films, pour me tuer car il était jaloux de ma réussite. Comment mon meilleur ami, celui en qui j'ai toujours eu confiance avait-il pu me faire ça? Il me restait une question à éclaircir. C'était impossible que la police prévienne Gisèle, la mère de Thomas, que son fils était mort puisqu'il ne l'était pas. Je décide donc d'aller la voir. Arrivé en bas de chez elle, je la croise qui sortait de l'immeuble:
- Gisèle, je peux vous parler un instant?
- Oui, Pierre, que se passe-t-il?
- Je préfère qu'on rentre.
Une fois dans son appartement, elle me dit:
- Je sais pourquoi tu es là et j'en suis désolée. Thomas a profité de l'attentat de mercredi pour me demander de t'appeler pour te dire qu'il était mort. Je ne sais pas pourquoi il voulait que je fasse cela
- Tout s'explique maintenant. Thomas a voulu se faire passer pour mort et comme ça, il pouvait mener son action sans être repéré.
- Quelle action, Pierre? me demanda Gisèle.
- Gisèle, écoutez-moi bien, ce que j'ai à vous dire n'est pas facile à entendre mais Thomas a commandité mon homicide car il était jaloux de ma réussite. Il a engagé un tueur à gages qui est venu chez moi pour me tuer. Seulement, je suis en vie. Il est actuellement aux mains des policiers du commissariat de Versailles.
Gisèle fondit en larmes:
- Pourquoi mon fils est-il devenu un monstre?
Je la réconfortais puis rentra chez moi. Tout s'était calmé à la rédaction. Ce soir, nous mettons fin à 6 jours d'édition spéciale.
Il est 21h30, je suis tranquillement chez moi en train de regarder la télé quand soudain on rappe à ma porte. Une anxiété m'envahit. Va-t-on encore me tirer dessus? Je prends un couteau dans la cuisine, que je cache derrière mon dos et ouvre la porte:
- Bonsoir Pierre, excuse-moi, est-ce que tu as du sel à me passer? J'en ai plus chez moi et j'ai oublié d'en racheter.
C'était juste ma jeune voisine qui vient d'emménager seule pour la première fois et n'a pas encore toutes les habitudes de quelqu'un qui vit seul.
- Bien sûr, tiens, lui répondis-je en attrapant le sel sur le comptoir de la cuisine. Gardes-le, je m'en rachèterais.
- C'est gentil merci. Bonne soirée.
Il faut vraiment que je reprenne mes esprits. A l'heure qu'il est, Thomas est sous les verrous, je n'ai pas de raison de m'inquiéter.
Le lendemain matin, je reprends mes habitudes en me levant à 3h30 pour aller retrouver mon équipe de la matinale. J'arrive à la rédaction à 4h30 et je vois que mon équipe n'est pas encore là. Pour une fois que j'arrive avant eux, cela me fait rire. Cinq minutes après, Stéphanie et Bruno arrivent, suivis par Jean-Luc et Françoise. Nous nous réunissons donc dans le bureau pour faire le briefing quand Stéphanie dit:
- Attendez, Nico n'est pas là.
- Il ne va pas tarder je pense, répondit Françoise.
En effet, cinq minutes plus tard, Nicolas arriva avec les croissants pour se faire pardonner de son retard, ce qui a le don de faire rire tout le monde. Nous nous mettons au travail et nous retrouvons le sourire qui nous avait pourtant été enlevé au cours de cette dernière semaine. J'aime énormément mon équipe et j'aime mon métier même lorsque cela me touche profondément.
Ceci s'est passé il y a tout juste deux ans. Aujourd'hui, je suis passé directeur de l'information en remplacement de Damien, parti sur une chaîne concurrente. Lorsqu'on m'a demandé si je voulais garder ma matinale et mon équipe, j'ai dit oui car pour moi, il était inconcevable de ne plus faire d'antenne et encore moins avec mon équipe qui m'accompagne au quotidien et qui sont mes meilleurs amis, je sais que je peux leur faire confiance.
A travers cette histoire, je voulais rendre hommage à tous ceux qui ont malheureusement péri dans des attaques sanglantes, en France où ailleurs dans le monde, car ce genre de journées que nous avons passé, jamais ça ne devrait exister.
FIN
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Une amitié brisée
Short StoryPierre, journaliste, va devoir surmonter plusieurs épreuves: couvrir une série d'attentats en France et faire face à la mort de son meilleur ami dans ces attaques.