Chapitre 1 : Autodestruction

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Il y a un siècle, la Terre était couverte à soixante-dix pourcents d'eau. Le reste était terres et montagnes, et grouillait, tout autant que les profondeurs, de vie. C'est dans le sol que vivait la plupart d'un écosystème riche et florissant. Les plantes, les animaux, et tout ce qui mourrait et se décomposait en surface venaient nourrir ces multiples formes de vie. Mais il fallut qu'une espèce qui dominait la surface vienne tout foutre en l'air. D'abord, ils labourèrent les terres, et creusèrent des fondations pour leurs maisons de bois. A quelque millier d'individus, cela ne faisait pas de différence. Ils faisaient encore partie de l'écosystème. Mais bien tôt ils eurent tout détruit : abattues furent les forêts et les jungles, massacrés, la faune et la flore, asséchés, les lacs et rivières. Rien ne leur résistait. Le peuple souterrain commença à dépérir. Sans compter leurs funestes exactions, le plus meurtrier restait les saloperies qu'ils balançaient sans vergogne un peu partout. L'Homme n'est pas prêteur, et c'est sans surprise qu'il ne supporta plus de partager la Terre Mère avec ses frères et sœurs. La seule chose qui sauva encore les populations souterraines était leur sale manie à s'entre-tuer. Il y a un siècle, pratiquement jour pour jour aujourd'hui, arriva ce qui devait arriver.

Ce jour-là, le gouvernement des Etats-Unis déclencha une arme d'un nouveau genre, un missile solaire de la puissance d'un millier de bombes H, conservé en orbite autour de la planète depuis une quinzaine d'années. Leur cible : réduire à néant quelques pays du Moyen-Orient qui venaient d'ouvrir de nouveau marchés en faveur de la Russie. La raison officiellement évoquée fut « l'anéantissement définitif des groupes terroristes basés sur ces territoire ». Mais cette action militaire censée rester secrète, du moins jusqu'à la retombée de la bombe, eut une conséquence imprévue : une station satellite située dans les montagnes iraniennes repéra une anomalie dans le signal d'un de leurs appareils, et, après quelques analyses, une dizaine de pays lança vers les Etats Unis l'ensemble de leurs ogives nucléaires. La bombe solaire tomba la première. Mais une erreur de calcul l'avait déportée de mille cinq-cents kilomètres vers le nord, et le missile frappa un point proche de la frontière commune au Kazakhstan et à la Russie. Il ne fallut pas une seconde à Moscou pour répliquer, contre l'Europe, l'Australie, et une partie de l'Afrique. En deux heures, ce fut la fin du monde.


Sol, ou le RefugeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant