Ma vie

8. L'entraînement

"-Hé la fille rousse, en vert tu as oublié ton agenda sur ta table. "
Je me retourne et souris au pion. Je récupère et je vais d'un pas vif vers le portail.
Comment ce fait-il que je perde mes affaires comme ça ? C'est incroyable, ma mémoire est aussi trouée qu'un morceau de fromage.
Cela fait dix minutes que j'attends devant le portail
Tom, mais ou es tu ? Mais à quoi ça lui sert d'avoir un téléphone s'il ne s'en sert pas ?
Bon.
"-Allo papy ?
-Oui, c'est moi ma chérie. Tu es sortie de l'école, tu veux que je vienne te chercher ?
-D'accord, oui je veux bien. Saurais-tu où est Tom ??
-Il est à la maison, pourquoi ?
-Non, non, pour savoir. Tu es la dans combien de temps ?
-J'arrive dans 15 min "
Je m'assois donc près de mon endroit habituel. C'est un grand lampadaire repérable de loin.
Est ce que je pourrai toucher l'ampoule en volant ? Hum, non il ne vaudrait mieux pas, pas ici en tout cas. Et en plus c'est un peu trop haut
Alors Tom peut contrôler les objets par la pensée et moi je peux léviter. Jusqu'a quelle auteur je peux voler ? Des que j'arriverai à la maison je ferai des tests. Et j'essayerai de ne rien me casser, tordre ou fouler.
J'ai eu une journée assez intense comme ça.
La voiture est là, j'agite la main dans sa direction pour qu'elle me voit et s'arrête à côté de moi.
J'ouvre la portière et je monte.
"-Qu'es qu'il fait chaud ! Et pourtant c'est bientôt 5 h. Mamie est à la maison ?
-Bien sûr, pourquoi tu voudrai pas qu'elle y soit ? Tu as quelque chose à faire ?
-Oui j'aimerai m'entraîner pour la gymnastique à l'école. Faire des roues, des arbres droits. Et tu sais aussi qu'elle a peur pour moi.
-D'accord c'est entendu, je l'amènerai en ville pour chercher les plats en aluminium que tu a commandé pour elle.
-Merci beaucoup, tu me sauve la vie !"
Grand-mère déteste me voir faire des arbres droits, elle a toujours peur pour moi. Quand j'étais petite, 5 ou 6 ans, et que je venais de commencer la gym, je me suis cassée le poignet. La veille de ce jour là, j'avais loupé mon cours de gym en confondant les horaires, c'était de ma faute. Du coup le lendemain j'ai fait mes exercices de souplesse et de pratique toute seule. Je me tenais debout, les mains au dessus de ma tête, prête à me lancer en avant pour faire décoller mes jambes, sauf que mon poignet n'était pas verrouillé. Alors c'est la casse assurée. Et à cause de ce maudis poignet, j'ai du louper au moins cinq cours, j'étais dégoûté. Du coup, pour reboucher cette mémoire pleine de trous j'ai eu l'idée de noter tous ce que la prof disait : les échauffements, les exercices, la chorégraphie. Alors des que je m'ennuie ( en gros à peu près tous les soirs ) je bosse ma gym.
De retour à la maison, je me precipite vers mon jardin secret avec mon sac. On ne peut pas me voir depuis la maison, j'ai vérifié. Je le pose contre le saule pleureur et je commence à grimper dans le maronnier. Ce qu'il y a de bien avec cet arbre c'est que ses branches sont toutes à une hauteur différentes. La plus basse m'arrive au nombril donc je vais essayer de m'envoler pour m'y poser.
Bon, maintenant je suis sur la surface la plus large, le sol et je dois atterrir sur une surface de 10 cm de diametre, la branche.
Ce qui est, apres réflexion et surtout apres une bonne dizaine de chutes que c'est une très mauvaise idée.
Je dois me rendre à l'évidence, je pense qu'il serait beaucoup plus simple de monter sur cette branche de sauter et après de voler pour essayer d'amortir le saut.
C'est ce que je vais faire, enfin, essayer en tout cas.
Les trois 1ers essais je suis tombée dans l'herbe. Aux cinqs suivants j'ai vu une amélioration, je suis retombée plus légèrement et je suis restée en l'air plus longtemps. Au bout d'une heure j'arrive à voler pendant 12 secondes. C'est pas mal !
Maintenant je vais décoller pour toucher la branche au dessus de ma tête. C'est plus dur, mais je vais y arriver.
Il y a le petit tiraillement dans mon nombril. Ce n'est pas si désagréable, en fait.
Je levite à 45 cm, plane un peu. J'adore cette sensation, comme si plus rien ne nous reliait au sol. Mais je tombe brutalement d'un coup, et Aïe, je crois que je me suis tordue la cheville. Je m'assois donc sur une chaise pour me masser le pied.
Que dirais les gens s'ils savaient pour nos particularités ? Certain auraient peur, d'autres seraient jaloux ou encore curieux. Les peureux et les jaloux nous détesteraient et les autres nous étudiraient et fairaient des expériences sur nous. Il ne faudra jamais rien dire. Surtout pas. A personne. J'ai tellement peur pour Tom, son caractère emporté, et son besoin vital de frimer. Il s'est entraîné tellement de fois, pour m'épater avec sa tartine ce matin. Je ne serai pas surprise qu'il le dise à quelqu'un juste pour chercher de l'admiration et de l'envie. Il déteste quand je le met en garde ou que je le préviens de quelque chose, parce qu'il sait que j'ai raison la plupart du temps.
J'entends un bruit de moteur. 18 h 30, déjà !
Je cours vers la maison et me precipite par la porte de derrière. Je monte les escaliers quatres par quatres et fonce dans ma chambre. Elle ne m'a pas vu, enfin je crois, je m'assois à mon bureau, ouvre un cahier au hasard et calme mon poul. J'ai bien fais apparemment parce que je l'entend monter les escaliers. Je reconnaîtrais le bruit de ses pats entre mille.
Elle se rapproche, la porte s'ouvre :