Black out.

chapitre 2

Quelques années plus tard.

Laura cuisine. Elle adore ça. Elle le fait souvent. Avant son accident, elle le faisait moins souvent. Mais maintenant elle a tout le temps qu'elle souhaite. Elle aime l'harmonie des couleurs dans les plats. Elle aime la saveur des légumes qui ont cuit longtemps relève par les épices qu'elle met.
Concentrée à faire ce qu'elle aime le plus, elle ne voit pas l'homme rentrée dans la cuisine. Il la regarde et souris.
- Laura ?
Elle sursaute. Elle se retourne couteau en main.
- Vous êtes qui ? Comment vous êtes rentrer ? Sortez de chez moi !
L'homme la contemple, il semble malheureux. Cela frappe Laura mais elle est trop effrayée. Elle sent ses mains devenir moite. L'homme se rapproche d'un pas, elle recule d'un autre.
- Laura, c'est moi Alex... Lui chuchote-t-il.
Alex.. Ce nom ne lui rappelle rien.
- Je te connais pas.Je connais pas D'Alex. Dégage de chez moi ! La panique la gagne. Sa voix tremble.
- Attend ! J'ai ton collier. Depuis que je te l'ai offert tu le quitte plus.
Elle porte sa main à son cou. Il dit vrai. Il y a un collier. Elle ne se souvient pas sa provenance mais elle l'as toujours eu.
- Regarde. Moi aussi je l'ai, continue-t-il. Tu te rappelle pas que je te l'ai offert ?
Elle ne dit rien. Non elle ne se rappelle pas. Devant son silence, l'homme reprend :
- Il y a cinq ans. Un soir. Dans ce restaurant de Montpellier tout mignon. Tu sais dans une petite cour intérieure. Avec des petites lumière tamisées.
Il souris en se rappelant de cela. Laura garde la tête basse. Rien ne lui revient. Il poursuit :
- C'était avant de passer une semaine dans la maison de ton oncle en Camargue. C'était un mois pile avant l'accident.
Elle ne dit Toujours rien. Garde la tête basse. Elle ne parvient pas à se souvenir.
Alex perd patience. Soupir, et se met à crier :
- Mais putain, Laura fait un effort merde. C'était comme ça hier et puis encore avant hier. C'est toujours pareil ! C'est toujours moi qui trinque !
Alex se retourne dans un geste de colère désespéré. Son regard se pose sur un cadre, il hésite un instant puis l'attrape et le serre dans ses mains comme si c'était son dernier espoir. Il le tend à Laura lui montrant la photo.
- Tiens regarde ! Mais regarde cette photo. C'est pas toi et moi là hein  ? Qu'est ce qu'il te faut de plus ?
- Je suis désolée. Murmure Laura. Elle n'ose pas le regarder dans les yeux. Elle est perdue. Elle s'en veut. Mais elle n'y peux rien.
- Mais oui, c'est ça oui ! S'exclame l'homme. Il se retourne et pose violemment le cadre contre le plan de travail. Moi aussi je suis désolé. Il a un air si ironique...
- Tu sais ça fait cinq ans, dit-il en prenant le menton de Laura dans sa main pour l'obliger à le regarder, que j'espère tout les jours que ta mémoire revienne. Cinq ans que je dois supporter le fait que j'existe plus pour toi.
Une ambiance étrange s'installe. L'homme est chargé d'émotion. Laura est rongé de culpabilité. Alex à les larmes aux yeux, la voix cassée.
- Moi aussi j'aurais bien aimé l'oublier cette accident. Mais tout tourne autour de toi en fait..
Laura ouvre la bouche, la referme puis parvient à bégayer :
- M'en.. M'en veux pas. Je fais pas exprès. S'excuser lui semble être la meilleure option. C'est dur pour Alex aussi. Pense-t-elle. Revivre cette scène chaque jour, chaque soir puisque chaque matin, en se levant, elle a tout oublier.
L'homme recule vivement et s'éloigne de Laura, qui tente de le prendre dans ces bras. Elle l'observe un moment puis se détourne et se remet à cuisiner. Cela l'apaise. Elle se sent mieux. Mais elle est tellement malheureuse de ce qu'elle subit..
Alex se rapproche d'elle, puis  doucement pose les mains sur ses épaules et les lui caresse.
- Exuse-moi. Je devrais pas te parler comme ça. Ils restent quelques minutes comme ça collés l'un contre l'autre, avant que Laura se retourne et sers l'homme dans ces bras. Du bout des doigts elle touche la veste de l'homme. Elle souris :
- Je la reconnais cette veste.
Elle est fière. Elle se dit que c'est important. C'est une étape. Alex semble pensé la même chose puisqu'il lui chuchote :
- Bon... Tu vois ça revient.
Elle relève la tête, et le fixe les yeux dans les yeux. Elle l'embrasse puis lui caresse les cheveux.
- Bon. T'as passé une bonne journée ?
- Boh tu sais c'est pas toujours la même chose au boulot. Il se décolle pour s'accouder au plan de travail. Toujours ce Pascal là, qui nous raconte ces problèmes familiaux. Pis au bout d'un moment tu t'aperçois qu'il raconte toujours les mêmes choses. Pis niveau organisation c'est un vrai massacre le mec mais il ose faire des commentaires sur ma façon de bosser. Pis y a toujours un truc qui va pas. Et si, et ça... En fait le mec travail mal et il fout le blues à tout le monde. Donc berthier nous a dit qu'il allait le virer. Et pis heu... l'autre coup il m'as énervé donc je l'ai tué, je l'ai cisaillé et pis je l'ai jeté à la poubelle et pis de tout façon elle m'écoute plus donc ça sert plus à rien que je te parle hein ?
En effet Laura la tête basse n'écoutait plus. Elle n'entendais plus. Tout se brouillait autour d'elle. Comme si elle allait se rappeler de quelque chose qui lui echapait.
- Oh Laura ! Laura ! Appela Alex, mi inquiet mi en colère.
Elle releva la tête, elle sortis de son état et se retrouva perdue un instant. Elle avait perdue le fil de sa pensée...
- Hein ?
Alex la fixa quelques secondes ouvrit la bouche, se ravisa et dit finalement :
- Bon aller c'est pas grave. De toute façon c'est pas important. Bon alors qu'est ce que tu nous a fait de bon à manger ? Ah des petits légumes, j'adore ça dit il en se retournant sur l'ouvrage de Laura.
Celle ci sourit devant l'attention et la tendresse de son mari.
- Aller je t'aide. Dis moi ce qu'il faut que je fasse.
- Ah bah tiens coupe ça.

Et ils continuèrent longtemps encore à cuisiner ensemble dans une harmonie presque trop parfaite. Comme si ils avaient répétés ces gestes plusieurs fois. Comme si tout avait été orchestré.