Je suis un monstre. Qu'on se rassure, pas physiquement. Je ne suis pas non plus un top model mais je m'en sors assez bien. Par contre, à l'intérieur, une bête sombre circule entre les abysses et la surface de mon être, de ma personnalité toute entière.
Je ne suis pas une personne autodestructrice. Au contraire de celle ci, je ne me détruit pas directement, en me nourrissant de ce qui m'entoure. Mais deux personnalités bien distinctes m'habitent. Au cours de ces dernières années je les aie nommé : Réel et l'Autre. Pas d'originalité, mais assez simple pour pouvoir m'en souvenir dès que l'une des deux est absente.
Tout le monde possèderait, parait il une face opposé à la face quotidienne que l'on montre. Ainsi, on trouverait chez un criminel une lueur de gentillesse par moment, et chez un pacificateur, un soupcon de méchanceté. C'est propre à la nature humaine. Mais que ce passe t'il lorsque ces deux faces prennent place à égalité dans le corps d'une personne. Ou plutôt, que ce passe t'il quand ces deux faces s'affrontent continuellement pour prendre l'entièreté de l'individu?
Réel est la meilleure partie de ma personnalité, elle est combattante, généreuse, extrêmement sensible et pleine d'amour. Son but est de créer le plus de bonheur possible. Parfois, rien que pour faire sourire une personne triste, elle l'a fait rire. De l'extérieur, et avec un certain recul, on peut la considerer comme une personne bien. Elle ne cherche pas les histoires, fait sa petite vie dans son coin, se nourrit de ses relations, amicales par exemple. Elle a quelques défauts bien sur, elle abuse un petit peu de l'alcool quand elle sort avec ses copains. Elle fume quelque fois, est vulgaire, mais elle tient ca de ses racines, on ne peut pas lui en vouloir. Seulement elle conduit une lutte acharnée depuis qu'elle a l'âge d'être consciente de ses actes et des ses envies. Elle se bat, chaque minutes de sa vie contre sa jumelle, l'Autre, qui s'immisce dans ma personnalité, à chaque contrariété.
Depuis que je suis petite, j'attire les gens dans mon cercle de relation, un peu comme on piège un poisson dans un marais. Une fois qu'ils y pénètrent, je m'attache à ce qu'ils ne le quittent plus. Meme si la personne est physiquement loin de moi, elle reste prisonnière de ma fidélité. Et alors, commencent un ascenseur émotionnel dont moi seul en est le maitre. Je les amuse, je les déçois, ils m'aiment, tellement qu'ils en souffrent, je les détruis à petit feu. Reel le sait. Elle le sent, elle souffre de chacun des agissements de l'Autre.
Je me demandais souvent quand j'étais plus jeune, pourquoi je changeais de comportement si rapidement. Un jour je me sens amoureuse, je sais que je le suis, et le lendemain je ne l'aime plus au point d'être emprise de dégout. Un jour, je suis répugnée d'une certaine situation, quelque heure ou parfois minutes plus tard je la trouve attirante. Une personne avec autant de contraction n'est pas viable.
La colère est mon pire ennemi. Elle active l'Autre en une fraction de seconde. Heureusement, Reel a encré suffisamment profondément une conscience amicale. Ainsi, la majorité du temps, ma conscience me permet de relativiser ma colère, j'ai bien dis la majorité du temps.
Je ne sais pas quand l'Autre est apparu pour la première fois, je suppose qu'elle a toujours été là. Il n'y a pas vraiment d'élément déclencheur, même si certain la favorise. Elle est une moitié de ma personnalité. Elle prend autant de place que Réel. Malheureusement. Quoique, on dit que le mal est necessaire pour l'équilibre de la balance bien mal. Enfin, je suppose que cette équilibre est bien fragile dans mon cas.
L'Autre est sournoise. Elle prend du plaisir à faire du mal aux personnes qui m'entoure, mais sa méchanceté se résume à l'être humain. Bizarrement lorsqu'elle est témoin de cruauté autre, comme animal, c'est comme si Reel reprenait le dessus. L'Autre est pleine d'assurance, elle sait de quoi elle est capable, surtout en matière de seduction. Elle aime séduire, puis rejeter. Elle est manipulatrice. Si c'est elle l'actrice d'un debut de romance, elle manipulera Réel, en la laissant espérer de l'amour, puis détruira se sentiment. Elle se nourrira ainsi de la souffrance de la victime, puis souffrira à son tour de celle de sa jumelle, Réel. Car elles sont émotionnellement liées plus ou moins. Mais c'est une combattante. Elle ne se laisse jamais dominer. Elle est furieuse de nature, se rebelle contre toutes les injustices. Elle a de bons côtés parfois. Mais elle a des idées très noirs également. Il lui arrive, dans des excès de colère intense, d'imaginer, comme dans un rêve, tout en étant consciente, les douleurs qu'elle pourrait infliger à son interlocuteur. Elle fait également régulièrement l'historique des faiblesses de ses proches, elle se les remémore, pour pouvoir les utiliser au cas où. Elle créé des situations de souffrance, elle détruit son entourage, elle se détruit elle même. Durant ses pics d'agissement, ceux où elle se laisse submerger par la colère, elle devient violente, elle pourrait réellement tuer quelqu'un, bien qu'elle n'est pas besoin de la violence pour ca. Elle détruit tout le travail mis en place par Réel. Elle se joue des sentiments d'autrui, surtout ceux à son égard. Elle est très vaniteuse, elle aime se sentir désirée, admirée. Mais plus que tout elle a soiffe de la possession. Elle convoite les gens, les objets, les pensées. Elle les désire tellement, tant qu'elle ne les a pas. Puis, lorsqu'elle a les pleins pouvoir, elle s'en désintéresse, tant qu'ils restent en sa possession bien sur. Elle déteste tout le monde, aimerait se venger de tous, lancer une guerre et s'assoir devant, comme si elle regardait un film. La vie n'a aucune valeur pour elle, à par la sienne, quoique.
Je ne sais pas qui je suis en ce moment, je suis en colère, donc j'imagine l'Autre mais mon coeur est triste donc Reel ne doit pas être loin. Je ne suis pas un monstre seulement à cause de l'Autre. Je suis un monstre parce qu'il y a deux personnalité à l'intérieur de moi. C'est fatiguant d'être l'outil de cette lutte perpétuelle. Fatiguant de souffrir, mais Reel dit que la souffrance est signe d'humanité, dont manque cruellement l'Autre. Le meilleur conseil que je peux donner à mes futurs rencontres, est de ne pas me rencontrer. D'autres sont déjà perdu, ne vous faites pas avoir.