Kallyope se réveilla en sueur.

De grosses gouttes coulaient le long de sa fine nuque et continuaient leurs trajets le long de son corps endolori.

Elle passa la main sur son front.
Elle avait eu peur.
Une peur affreuse, viscérale, qui l'a tenait par les tripes.

Pourtant Kallyope n'avait jamais peur.
Et c'est ce sentiment honteux qui l'a faisait frémir maintenant.

Quelque chose arrivait.

Quelque chose qui n'aurait jamais dû arriver.

Elle se leva, mis sa tunique et son coutelas au manche doré.

Sa mère peut être,la guerrière guérisseuse de son clan trouverait d'où venait ce mal étrange.

Elle marchait pieds nus sur le sol froid et dur.
Toujours en silence.

Elle se trouvait enfin devant la chambre de sa mère.
Elle souffla, essayant de retrouver une respiration normale.

Mais la peur était toujours là.

Elle s'avança et poussa la porte.

Sa mère était là, allongée dans son lit.
Mais L'ombre était là aussi.

Allongée sur sa mère.

La peur la pétrifia instantanément.
Elle n'arrivait plus à émettre le moindre le son, le moindre mouvement.
Elle voyait juste l'éclat argenté dans la main de L'ombre.

Figée dans le temps.

Ses yeux ne voyaient que cet objet.
Cet objet maudit.
Elle vit la main s'abaisser dans un mouvement fluide.

Elle hurla.

Le cri fendit le silence.
Il reflétait toute sa terreur, sa peur.

La main se releva.

L'ombre la regarda.
Mais Elle, elle ne voyait plus que cette pointe pourpre.
Elle regarda alors sa mère, ignorant toujours le regard sombre de L'ombre.

Un étrange liquide couleur cerise s'échappait du coeur de sa mère.

Alors la peur partit, laissant place désormais au goût âcre du désespoir.
Kallyope se jeta sur les draps, projetant L'ombre au sol.
Le fluide ne cessait de s'écouler, elle voulait l'arrêter, elle ne savait pas ce que c'était mais elle savait qu'il ne devait pas s'échapper de sa mère.
Comme quelque chose d'improbable, qui n'était pas dans l'ordre des choses.
Alors, elle mit des mains sur la plaie , essayant en vain de la compresser.

Le sang filait maintenant entre ses doigts, les recouvrant d'une pellicule rouge, et il continuait à couler sans s'arrêter.
Elle implorait sa mère de se réveiller.
Elle devait se réveiller.

"Réveille toi ! "

"Mère !"

"Je t'en supplie, réveille toi , réveille toi, je suis là regarde, réveille toi !"

L'odeur métallique lui faisait tourner la tête mais elle ne voulait pas y penser.
Le sang inondait maintenant sa tunique 

"J'ai peur maman... J'ai peur..."

Sa voix s'éraillait à force de cris déchirants et des pleurs incessants.

Et elle s'évanouit.

L'ombre était là, dans un coin reculé, regardant cet étrange spectacle.
Si pittoresque.
L'Amazone était étendue dans une mare rouge qui imprégnait maintenant la moindre parcelle de ses draps autrefois blancs.
Et une minuscule fillette était elle aussi là, comme un linceul sur le cadavre de ce qui semblait être sa mère.

Elle s'approcha.

Puis observa à la lumière de la lune ce visage dont les traits étaient tirés par l'horreur, la peur et la terreur.

L'ombre sourit.

Leva son poignard.

L'abaissa.

Mais au moment où la lame allait rencontrer la chair tendre du coeur de l'enfant, l'ombre fut projetée avec force à terre dans un cri à faire trembler les montagnes.
La pièce,en l'espace de quelques secondes fut remplie de femmes furieuses, armées et prête à en découdre.

Mais L'ombre avait déjà disparue.

La grande femme élancée regardait la pièce furibonde. Elle n'avait entendu que trop tard Kallyope crier.
Kallyope ne criait jamais.
Elle avait cru entendre quelqu'un d'autre, un animal s'était elle dit tant le cri de désespoir avait été déchirant.
Malheureusement, cela le n'était pas.

Un groupe de femmes s'étaient déjà élancer par les fenêtres à la poursuite de l'assassin.

La grande blonde, s'avança vers le lit.
Elle avait l'habitude de voir du sang, pour elle ce liquide était synonyme de gloire et d'honneur , mais là il ne semblait pas à sa place, comme une mauvaise peinture lancée là par hasard.
Résonnant comme un terrible présage.
La pièce semblait souillée par l'immondice de l'acte.
Antiope prit l'enfant évanouie dans ses bras et maudit devant les Dieux la créature.

La dernière des AmazonesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant