Roger n'aime pas les autres. Au lycée et cela depuis sa plus tendre enfance, il est seul, il évite les autres et s'évite lui-même.
Il est de petite taille, et subit tout le temps les moqueries des autres. Sa vie est une torture permanente, à la maison, comme en cours. Lors des oraux, son angoisse est bien plus importante. Devant sa classe il stresse, il tremble, bégaye et bafouille des phrases incompréhensibles. Reclu au fond de la classe, il ne s'adresse à personne et personne ne s'adresse à lui, ils s'ignorent réciproquement. Pendant les pauses, il reste seul, comme toujours devant l'écran de son téléphone, consultant les messages qu'il aurait pu avoir s'il ne restait pas constamment seul.
Une fois passé le chemin du retour accompagné de lui-même, il s'enferme dans sa chambre noire, jette ses affaires partout et reste là à ne rien faire.
Ses journées comme ses soirées sont monotones, aucun son ne sort de sa bouche, ni en classe ni en famille. Ses parents ne lui adressent même plus la parole, car ils savent désespérément que cela est peine perdue. Ils en ont oublié le son de sa voix, l'existence de leur fils.
