J'ai été diagnostiqué "asocial" par ma psychologue. À chaque séance, elle me rabâchait les mêmes choses: "ce comportement vient de troubles liés à l'enfance" ou encore "parlez moi de vous" et toutes les phrases toutes prêtes de psychologue. Je n'écoutais pas ce qu'elle disait, je la regardais elle. La seule personne qui m'était chère.
Je restais toujours enfermé dans ma sombre maison. On ne voyait plus le bois de la table du salon tant il y avait de papiers empillés dessus. De la "paperasse" comme on dit. En passant à côté de ces tas, ma main tapa une pile et la renversa par terre. Je grognais à l'idée de tout replacer quand je vis cinq dossiers étalés sur le sol. Je les ai alignés et ouverts un par un. Mon coeur se lit à battre de plus en plus vite. Chaque dossier comportait une photo, un prénom et une fiche intitulé "particularités et informations". Il fallait que personne ne tombe dessus.
Le lendemain matin, j'allais dans la cuisine me préparer un petit déjeuner. Je fus surpris par les cinq tasses disposées sur la table, comme si quelqu'un les avait posées là. Je ne me suis pas inquiété, peut-être que j'avais oublié de les ranger la veille.
Une heure plus tard, pendant que je regardais la télévision, le bruit de la camionnette du facteur me fit lever du vieux canapé. Ma main se prit dans les toiles d'araignées et j'attrapai le journal quotidien. Enfin les journaux, il y en avait cinq. Cinq tasses, cinq journaux. Une vraie coïncidence. Je n'étais pas du tout superstitieux donc je fis la conclusion que le facteur n'était pas très bien réveillé ce jour-là.
Vers 14h30, un énorme camion se gara devant mon jardin. Je le scrutais d'un air étonné, je n'attendais aucune livraison. Le livreur me salua et ouvrit les portes arrières du camion. Cinq cartons occupaient l'espace. Sur chacun, la photo d'un lit était collée, un frisson traversa tout mon dos. Je venais de comprendre ce qu'il se passait. Le livreur commençait à sortir une boîte quand je lui dis, perturbé:
-Vous devez faire erreur monsieur, je n'ai jamais commandé ces lits.
-Si, répondît-il, agacé, Alexander Bagwell, c'est bien vous ?
-Oui c'est moi. Mais je veux pas de tout ça.
-Écoutez monsieur, ce n'est pas mon problème. Moi je livre c'est tout.
Alors je l'ai laissé faire. Quelques minutes plus tard, le camion repartit, vide. Les cartons étaient par terre, dans l'herbe humide. Je fus pris d'un soudain vertige en repensant aux dossiers, aux tasses et aux journaux. Ce n'était pas une simple coïncidence. Je revins, titubant, à ma maison. Ma tête tournait et je n'avais plus de force dans les jambes. Ma tête heurta le coin d'un plan de travail dans ma chute. J'étais assommé. Je me suis réveillé dix minutes plus tard. Je sentis quelque chose sur mon crâne blessé. C'était un bandage qui enroulait ma tête. Je vivais seul donc personne n'avait pu me le mettre. Je me levais avec peine. Je ne voulais pas réfléchir à tout ce qu'il venait de se passer, je voulais juste me reposer. Dans mon lit, j'eus beaucoup de mal à m'endormir, j'étais trop préoccupé. Au bout d'une heure, j'ai finalement succombé à mon sommeil. A mon réveil, il était 20h17. Ma tête me faisait mal. J'aurais du trouver des anti-douleurs dans le placard à médicaments. J'étais sûr qu'il y'en avait car j'en avais la semaine précédente mais je n'avais pas vidé la boîte. Elle était là mais vide cette fois-ci. J'étais stupéfait alors je retournai m'allonger sur mon lit. Soudain, une voix retentit, j'ouvris les yeux et vis un jeune homme, 14 ans, environ. Ses cheveux blonds platines étaient ébouriffés. Ses yeux bleus me transperçaient. Il avait un bandage autour de la tête identique au miens. Je le reconnus tout de suite. C'était Théo, l'enfant que j'avais tué il y a deux ans. Il commença à parler :"- Tu m'as reconnu n'est-ce pas ? C'est bien moi Théo. Tu sais ? Celui que tu as tué de coups sur la tête il y a deux ans. J'espère que ça ne te dérange pas si j'ai pris tes anti-douleurs ? Tu dois te demander pourquoi et comment je suis revenu. L'élément déclencheur a été l'ouverture de mon dossier. Je suis apparu quand tu t'es cogné la tête. Je suis revenu pour te le faire payer. Nous sommes revenus.
-Comment ça "nous" ? répondis-je
-Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Tu as ouvert tous les dossiers. Lola, Romain, Cécile et Clara peuvent revenir eux aussi. Il faut que tu te blesses aux endroits où tu les as blessés. Et la prudence ne suffira, Alex...
Et il disparut telle une ombre. C'est à ce moment là que je compris que j'étais pris au piège. Le lendemain, je n'avais pas dormi de la nuit. Je me suis dirigé vers la salle de bain. Une fois sorti de la douche, je suis tombé à cause du carrelage mouillé. En essayant de me rattraper, je mis la main par terre mais le poids de mon corps me déboîta l'épaule. J'avais mal, très mal. Mais je fis avec, comme d'habitude. J'ouvris la porte qui donnait sur ma chambre et fis un bond en arrière quand je vis une jeune fille devant moi.
-Oh Alex ! s'exclama-t-elle. C'est moi, Cécile ! Pourquoi j'ai un plâtre ? Souviens-toi, tu m'avais déboîté l'épaule avant de me tuer, il y a deux mois !
Son ton plein de sarcasme me surprit. Je ne la pensais pas comme ça. Je la bousculai et partis. Je n'aimais pas parler aux gens. Encore moins à ceux qui étaient morts. Plus tard dans la journée, j'allais dans le salon. Sur le canapé, Théo et Cécile étaient assis, bien droits et sérieux. Théo prit la parole en premier:
-Maintenant que tu as eu le temps de faire la connaissance de Cécile et moi, nous avons décidé de te présenter Lola, Romain et Clara. Mais pour cela, tu connais les conditions. Il faut que tu te blesses.
-Nous avons bien conscience que tu ne le feras pas par toi même alors nous avons mis en place une petite "surprise". continua Cécile
On aurait dit des parents à une réunion de famille, c'était insupportable. Ils se dirigèrent vers la porte d'entrée et firent entrer la "surprise". C'était Maria, ma psychologue, ligotée. Sa bouche était scotchée et on lisait la peur dans ses yeux. Elle n'essayait même pas de se débattre, comme si elle savait qu'il n'y avait plus d'espoir. Pour la première, mes yeux se remplirent de larmes, j'avais envie de pleurer. Ces enfants m'avaient eu. Théo me dit:
-Tu dois te douter de ce que tu vas faire, pas vrai ? Soit tu acceptes qu'on te torture ou on tue Maria. C'est toi ou elle. Nous allons bien sûr t'aider dans ton choix. Cécile prit la parole :
-Pense à elle, la femme que tu aimes tant. Elle a un mari, deux enfants, un métier. Et toi, qu'est-ce que tu as ? Rien. Ce serait bête de la faire souffrir alors que c'est la seule personne qui t'aide à ne pas perdre pied. Alors, ton choix est fait ?
-Torturez-moi, dis-je, épuisé.
Cécile commença par prendre un couteau et me fit une entaille au cou. Je vis Clara apparaître. Théo se retroussa les manches et me déboîta la jambe d'un coup sec. La douleur était insoutenable. Lola était là. J'ai jeté un dernier regard à Maria qui regardait la scène, en pleurs. Je l'aimais et je pense qu'elle m'aimait aussi. "Adieu Maria" ai-je murmuré. Elle me jeta un regard noir et attrapa ma mâchoire. Elle la déboîta avec force. Je n'ai pas pu voir le visage de Romain mais je le devinai malgré la douleur. J'avais brisé ces enfants et ils ne l'avaient fait payer. Je pensais tout connaître d'eux mais une chose m'avait échappé: ils étaient cinq et j'étais seul.
*******************
Voilà, cette histoire est finie ! Elle est courte mais c'est une nouvelle (plus d'informations dans la description). J'espère qu'elle vous a plu !
VOUS LISEZ
Cinq
ParanormalCette histoire est très courte et sera seulement en une partie. En fait, on travaillait sur les nouvelles en français et la prof nous a demandé d'en écrire une fantastique. Il fallait ensuite la lire à la classe. La mienne leur a beaucoup plu et j'...