Partie 1 - La chasse est ouverte

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« Cherche une arche, ne faiblis pas. Plante le fruit de tes efforts, bannis les barrières et laisse entrer la lumière.

Souviens-toi des quêtes de tout temps qui ont nourri l'espoir ; le geste le plus anodin peut devenir le battement d'aile de papillon ».

TEXAN MALVIN


Ce jour là, l'homme aux cheveux roux relu ses notes, regarda une dernière fois son plan et poussa un profond soupir de contentement.Il ressentait une excitation presque enfantine, une irrésistible envie de pousser la chansonnette. Il gloussa avec humeur pour saluer cette journée de juin 1990.

Tout était parfait. Absolument tout. Chaque détail avait été calculé avec une perfection chirurgicale.

Lorsqu'il souleva son gros sac à bretelles, un lourd cliquetis se fit entendre.

L'aube s'épanouissait peu à peu en laissant place à de fins rayons de soleil incertains mais remplis d'une subtile chaleur.

Au loin, un coq commençait à s'égosiller. Une rumeur diffuse s'éleva.

Il lui avait fallu une nuit entière pour creuser et dégager de lourds cailloux crayeux puis tout mettre en place, réfléchir encore, se laisser envahir par ce doute intrusif du dernier moment alors que d'interminables mois auront servi à méditer sur l'objectif à atteindre, sans créer de faux pas.

Il poussa un nouveau soupir. Quelques souvenirs de jeunesse lui revinrent en tête : qu'il était alors agréable de se laisser bercer par la spontanéité, la liberté insouciante de l'imaginaire.

Son sourire se dissipa. L'âge amoindrissait l'envie d'espace et les joies profondes. Il se voyait transformé comme tous ces êtres qui recherchent tout au long de leur vie un bonheur caché, acceptant docilement la mélancolie inquiète. Lassante.

L'homme aplanit à nouveau le terrain avec quelques coups de chaussure et sonda du regard les alentours. Se laissant gagner par la fatigue, il fini par rebrousser chemin.

Lorsqu'il dévala la petite colline l'envie d'un agréable café et d'un petit déjeuner lui fit presser le pas. Une délicieuse odeur de boulangerie confirma sa faim au moment où il regagnait sa voiture couverte de rosée.

Il fallait tout d'abord enlever les vêtements supplémentaires qu'il avait pris soin d'enfiler la veille. De la boue s'était invitée. Il jeta ses affaires dans le coffre rigoureusement bâché pour l'occasion, saisi une nouvelle paire de chaussures puis enfila un manteau noir.

Personne ne pouvait se douter de son expédition. Absolument aucun témoin dans un village aussi modeste. Cette constatation le fit se gargariser davantage.

De retour chez lui, l'homme savait parfaitement ce qu'il avait à faire.Son acolyte attendait le feu vert : un bref coup de fil et tout serait complètement lancé.



**



La musique diffusée à la radio agaçait Valérie, elle pianotait nerveusement sur l'accoudoir et fini par tourner vivement le bouton du tuner pour changer de station. Un hit se fit entendre, c'était entraînant ; électroniquement spatial, à la Jean Michel Jarre.

Elle passa la tête par la fenêtre et s'efforça d'apercevoir son mari à travers la baie du magasin de la station service. Comme il n'était pas visible, elle leva les yeux au ciel et se décida à aller le chercher.

Voie AgapiaWhere stories live. Discover now