Chapitre 3

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PDV Valentin

Il est 12h00. Je viens de boire quelques bières avec mes potes et de fumer un peu. Rien de très grave, l'effet de la beuh s'est estompé. Je devrai aller voir Lexy, ça lui ferait plaisir. 

-Bon je me casse les gars, je vais retrouver Lexy. 

-Dacc, passe lui le bonjour okay ? Elle vient quand elle veut tu sais ?

-Ouais ouais, t'inquiète tranquille. 

Je pars. Mes potes aiment bien Alexia. Cette fille, elle est tellement dans un bon délire. Elle a 15 ans mais bordel, qu'est-ce qu'on s'entend bien. On a de la chance. Je veille quand même sur elle, je la laisse pas faire autant de conneries que moi même si elle ne doit pas se gêner quand je suis pas là. Enfin bon. Elle passe beaucoup de temps avec moi. On s'aime beaucoup. Elle préfère traîner avec nous qu'avec ses potes, sûrement parce qu'elle veut profiter avant que je me barre de la maison.

-Et merde ! Les flics!, me fis-je.

Ils me font signe de m'arrêter, je suppose que je n'ai pas le choix. Je ralentis et me gare. Le képi s'approche de ma fenêtre, je baisse la tête; on ne sait jamais si mes yeux sont encore rosés. Il me demande de sortir mon permis de conduire. Je lui tends par la fenêtre sans relever la tête pour autant. Il ne me le rend pas, pourtant il est en règle j'en suis sûr. Il a compris, je suis sûr qu'il a compris. Je l'entends renifler légèrement. Si seulement c'était uniquement car il avait un rhume. 

-Monsieur ?

-Oui.

-Regardez-moi je vous prie.

A cet instant, l'idée de foncer à toute vitesse sur l'autoroute me traverse l'esprit. Bordel, pourquoi ça m'arrive à moi ? Je refuse de le regarder.

-Monsieur ?Je vais devoir vous demander de me suivre au poste. Vous avez consommé des substances illégales je me trompe ?, reprit-il. 

Je le regarde à présent. Je rigole.

-Mais t'es trop con putain !, dis-je.

C'est mon pote, Justin, j'avais oublié qu'il était flic. Il a bien 22 ans mais on s'éclate vraiment.

-Je vous demande pardon ?! Vous savez que je pourrais vous incarcérer 4 mois pour une telle injure à mon égard.

-Mais Justin, c'est moi wesh !

-Je ne suis pas ton ami, je suis en service. Je suis Monsieur l'Agent.

Il semble sérieux et pas du tout désolé.

-Mais je déconne frère, je t'ai reconnu dès le début !, il se tord de rire.

-Enfoiré ! T'es vraiment un enculé toi !, on se tcheque.

- On se voit, ce soir ? Chez Vincent ?

-T'y vas ? Bah vas-y on s'y rejoint alors! Je te mettrai une raclée pour me venger !

-T'inquiète fréro, et passe pas par là, il y a les keufs, les vrais. Au pire j'ai fini mon service, viens on va acheter des réserves pour la soirée !

-Allez, je suis chaud.

PDV Alexia

Pour ma part, je mange au self en théorie. Mais je n'en ai pas envie. J'ai pas faim. A la place, je décide de partir faire un tour en ville. Je ne me souviens plus vraiment de ma ville mais bon, on va essayer. ça remonte à 5 ans bordel. 5 ans qu'on est partis de Sorbiers. J'étais en 6 ème. J'étais au collège de la ville d'à côté mais je passais tout mon temps ici, au parc. J'espère me souvenir du chemin pour y aller. Si je ne me trompe pas, je dois passer par le skate parc, puis juste devant la cathédrale désafectée. Je commence alors à marcher. Je prends un raccourci qui passe par un petit tunnel et qui longe la rivière. Le parc est au bout de la rivière il me semble. J'entends les voitures au-dessus de ma tête. Le vent me fouette le visage. Je décide de m'abandonner à ma musique. Cette fois-ci, je préfère enfiler mon casque. Paris des Chainsmokers se lance. J'aime tellement cette musique. Alors que je suis presque arrivée au parc, je remarque un groupe de personnes à ma gauche. Oh non, pas eux. Je les avais presque oubliés. Cette ville, mon ancien collège, ses anciens élèves. J'avais presque tout oublié bordel. Je baisse la tête, ils ne doivent pas me voir, je ne veux pas les voir. Je... c'est pas possible. Je tente de faire un détour mais j'entends leurs voix et leurs pas se rapprocher. Ils m'ont remarquée, il faut dire que je n'ai malheureusement pas changé. J'ai toujours les mêmes cheveux noirs mi-longs, les mêmes yeux verts, la même taille. Seul mon style vestimentaire a changé; je suis passée des pantalons à patte d'éléphant au slim troués, des pulls à col roulés aux t-shirts manches courtes et gilets. Des bottes aux baskets. Ils crient mon nom à présent, je monte le volume de mon casque. Pas encore. Mais bordel ça fait 5 ans, ça peut pas recommencer comme si ça ne s'était jamais arrêté. Ils m'ont arraché mon casque, je relève la tête et je tente de ne pas leur montrer ce que je ressens, j'espère qu'ils ne voient pas dans mes yeux les souvenirs, les  scènes qui se déroulent en boucle dans ma tête. Je les reconnais tous; Killian, Hugo, Ambre, Rose et Manon. Ils sont là.

-Salut toi! me lance Hugo.

Ils sont tout autour de moi.

-Woaw c'est fou ce que tu as changé ma petite fleur, continue Killian en se rapprochant de moi.

Je ne sais pas pourquoi mais je ne bouge pas, j'ai l'impression d'être revenue en 6 ème. Je suis comme tétanisée, rien n'a changé. Je suis toujours la même.

-Bah alors, t'as toujours tes cheveux longs ? Tu t'es débarassé de tes poux ?

Ils rigolent. Je me souviens de cette rumeur qui tournait à mon sujet. 

-Raconte-nous ! Comment ça se fait que t'es de retour? Tu nous avais manqués tu sais, on a besoin de se défouler nous! On a besoin de baiser aussi.

Oui, c'est vrai, ça aussi. Ils se sont tous mis en tête que j'avais déjà couché, simplement à cause d'un enfoiré qui ne pouvait pas me blairer. Je me sens si petite, Hugo se rapproche et les filles rigolent. Manon crache à mes pieds. Mais putain pourquoi je n'agis pas. Pourquoi je me laisse faire. Pourquoi encore. Je me sens aussi seule qu'il y a quelques années. Je me sens si vulnérable mais je tente de faire bonne figure je... j'ai chaud. Je ne sens plus mes jambes. Mon pouls s'accélère. Mes yeux se ferment doucement... Je me sens tomber à terre et quelques douleurs se font ressentir au niveau de mes cuisses, mes tibias, mes bras... Je sens leurs semelles s'enfoncer dans ma peau et venir s'accoler à mes os. A ce moment précis, juste avant de ne plus rien ressentir, je regrette de ne pas avoir eu faim. Je regrette d'être toute seule, je regrette que mon frère ne soit pas là. Il aurait tout su sans même que j'ai à ouvrir la bouche.

Vie MouvementéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant