Le vent s'était levé sur la canopée,agitant les branches hautes. Max marchait d'un bon pas, frissonnant. Dans la hâte, il n'avait pas eu le réflexe de prendre un manteau, et maintenant il avait froid, trempé par l'averse qui l'avait accueilli à la sortie du tunnel du tramway. Il n'avait pas osé attendre le train, et c'est à pied qu'il avait suivit le rail. Après une bonne heure, la pluie s'était retirée, les nuages éloignés par la brise forcissant. Désormais transit, Max marchait au hasard au milieu des bois. Il atteignit une large clairière qu'éclairait encore le soleil du crépuscule. L'endroit lui semblait familier mais il ne parvenait pas à se souvenir... Il s'assit contre un tronc couvert de mousse, les jambes étalées nonchalamment sur le sol, les pieds gelés douloureux. L'arbre formait une alcôve confortable, et Max ferma les yeux un instant. Comment en était il arrivé là? Il lui était arrivé la pire chose possible, et sa raison refusait de comprendre. Non seulement il était perdu, trempé, seul dans un bois qu'il ne connaissait pas aussi bien qu'il aurait pu le croire, la nuit tombante et le vent glacial participant grandement à son désarrois; mais il venait aussi de perdre la chose qui comptait certainement le plus à ses yeux. Max sentit les larmes lui monter aux yeux. Il devait l'admettre. Il avait perdu sa confiance aveugle en Maman. Et accessoirement, sa raison de vivre. Comment avait-elle pu lui faire ça, à lui? Leurs faire ça, à tous? Max avait l'impression de ne rien savoir d'elle, de n'avoir jamais rien su d'elle. Et il n'avait pas tort. Il eu beau réfléchir, tout ce que lui et les autres connaissaient de Maman étaient des on-dits, des mythes, des légendes, et un tas de spéculations. Rien que des hypothèses. Et autant qu'en sache Max, rien de vrai. Il sanglota. C'était la fin de son monde. Que faire? La réponse venait d'elle même. Rien, il n'y avait rien à faire.
La lune dégagée illuminait la nuit claire. Une fois de plus, Max s 'était assoupi, et il se releva avec difficulté, plein de courbatures. Alors qu'il reprenait sa marche, dans l'espoir de se réchauffer, il réalisa qu'il était au beau milieu de la zone de coupe. C'était une large partie de la forêt, située à quelques kilomètres derrière la Fourmilière, où se trouvaient la plupart des arbres destinés à l'abattage; un large cercle trouant les bois. Arrivé à un certain diamètre, on replantait les arbres à partir du centre de la clairière, en spirale, et on changeait de zone. Max traversa la clairière et grimpa à un pin en bordure, dans l'espoir d'apercevoir le bâtiment vert. Bien que la lune soit clémente, il ne distinguait pas grand chose: aucune lumière n'était laissée allumée, par soucis d'économie d'énergie, et les bâtisses devenaient invisibles dans l'obscurité. Tout ce que Max crut apercevoir était une vague forme noire, derrière une colline, plus à l'Ouest. Étrange. Il était persuadé que la zone de coupe se trouvait derrière la Fourmilière. Mais son groupe était rarement assigné au bûcheronnage, et il était tout à fait possible que la zone ai changé d'emplacement depuis la dernière fois. Max estima la distance à une petite dizaine de kilomètres, et se mit immédiatement en marche, au pas de course. Il espérait être rentré avant l'aube.
Ses jambes ne le porteraient pas plus loin. Il s'arrêta, reprit son souffle et se hissa tant bien que mal dans un chêne proche de lui, qui dominait la pinède tout autour. Les premières lueurs de l'aube perçaient l'obscurité, et enfin Max pouvait y voir clair. La vague forme noire était en réalité une sorte de tour, située à encore un bon kilomètre de là. Et ce à quoi elle s'adossait n'était décidément pas , mais alors pas du tout, la Fourmilière. A perte de vue, de Nord en Sud, la forêt était coupée par un mur, qui se dressait au delà des plus hauts arbres.
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Le 26ème enfant
Science FictionLe monde est-il réellement tel qu'on le perçoit ? Et si la réalité était toute autre ? Le premier signe est déficience, le second est meurtre. Jusqu'où faudra-t-il aller dans la quête de vérité ? Dans cette anticipation urbaine, découvrez la valeu...