🌒||{32}||🌒

27.8K 2.6K 89
                                    

- Tu as une vieille tête, lâche Phœbé lorsque Chad fait son entrée dans le salon. Tu as fait la fête ?

- On peut dire ça comme ça, sourit-il.

Avec sa bouteille... Les sourcils de l'Afro-Américaine se froncent presque automatiquement. Que signifie « on peut dire ça comme ça » ? C'est un oui ? C'est un non ? Avec qui et où ? Sa bouche s'entrouvre dans le but de lui poser la question, mais il la devance.

- Il n'y avait personne, Mía, mais ravi de voir que tu t'en inquiètes, se réjouit-il.

- Tu as fait la fête tout seul ? Tu es vraiment un ma...

Sa phrase demeure en suspens tandis que les lèvres de Chad se posent sur les siennes avec une douceur comparable à la caresse d'une fleur. Si délicates. Si légères. Si atypiques que le temps d'un instant, elle se croit dans un rêve. Et même au moment où cet échange prend fin, ses yeux restent clos. Depuis quand fait-il des trucs pareils avec sa bouche ?

- Il faudrait que tu ailles faire tes valises pour quelques jours, déclare-t-il, coupant net le sentiment d'extase de Phœbé.

- Pourquoi ? questionne celle-ci, sceptique.

- On va rendre visite à mes parents en Argentine, lui répond-il.

- Tes parents ? articule-t-elle, incertaine d'avoir compris. On va rendre visite à tes parents ? insiste-t-elle. En Argentine ? Attends ! Attends ! On y va comment ?

- En avion, pourquoi ?

- Pour rien, balbutie-t-elle avec un sourire forcé.

✶❍✶

- Mon Dieu, mon Dieu... Faites que cet avion ne touche le sol qu'à l'atterrissage... Je vous en supplie...

Assise dans un des sièges du jet privé, Phœbé est crispée par la peur qu'en effectuant le moindre geste un horrible événement s'en suive.

- Tu as la phobie de l'avion ? s'étonne Chad qui ne rate pas une miette de cet étrange spectacle.

- Moi ? Non, ment-elle, le corps tremblotant légèrement et la tête haute. Mais qu'est-ce que je fais dans cet engin ! panique-t-elle en se mettant debout.

Délicatement, Chad l'attrape par la main et la fait se rasseoir avant de lui attacher sa ceinture. Puis, ses grandes mains attrapent son visage en coupe et son regard dilaté par la peur croise le sien calme et très légèrement amusé.

- Tu vas me faire le plaisir de respirer, Mía, commence-t-il. Allez, on inspire et ensuite, on expire.

L'Afro-Américaine obéit et réalise chacune de ses consignes. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Pour tout dire, cet exercice ne la calme aucunement, au contraire, cela met ses nerfs à rude épreuve. Seulement, ses yeux, eux, ont l'air d'agir comme un véritable calmant. Du moins, jusqu'à ce que l'appareil ne se mette en marche. Ses yeux s'agrandissent et les battements de son cœur commencent à s'affoler.

- Hey, hey, la rappelle l'Alpha.

- Mon Dieu, on va se cracher et ils ne pourront même pas nous reconnaître tellement nos corps seront bouillis..., couine-t-elle.

Ses prunelles luisantes, sa bouche pincée, son corps fébrile : tout chez elle inspire la peur. Doucement, Chad tire son visage afin de la caler contre lui et elle se laisse faire volontiers.

- Comment tu voyages habituellement ? quémande-t-il.

- Mes parents me donnent des somnifères si on est dans l'obligation de prendre l'avion ou alors, on le fait en voiture, mais généralement, je ne voyage pas.

- Découvrir d'autres horizons ne t'intéresse pas ? s'ahurit l'homme.

- Le monde ne m'intéresse pas, assure-t-elle. Partout, c'est la même chose : loups au pouvoir, société corrompue, rebelles par-ci, par-là. Rien de nouveau.

- Tu sembles catégorique, Mía, constate Chad. Sais-tu que depuis des siècles, même avant que la race lupine ne se dévoile, la société est pourrie ? Mais il ne faut pas rester sur les actions du gouvernement, il faut voir plus loin, plus bas. Il faut voir le peuple. Le peuple fait vivre une nation. Pas le gouvernement. Et ce monde-ci, le vrai monde, je te le ferai découvrir avec plaisir, Mía.

- Tu es très fleur bleue, pouffe l'Afro-Américaine. « Je te ferai découvrir le monde, mon monde... Oh, Mía...! »

À la fin de cette réplique dite sur un ton moqueur et fébrile, Phœbé glousse comme une idiote, oubliant presque l'affreuse situation dans laquelle elle se trouve.

- Quoi ? Tu n'aimerais pas découvrir la façon dont je vois le monde ? rit Chad.

- Non, ton monde de psychopathe ne m'intéresse pas.

- Je suis certain que tu l'apprécieras, affirme le Sud-Américain. Tu veux un somnifère ? poursuit-il, changeant de sujet de conversation.

- Je me réveillerai à destination ? plaisante la jeune femme alors que l'Alpha interpelle une des hôtesses afin de lui demander un comprimé.

- Je ne sais pas, je vais y réfléchir.

- Ah, me voilà ravie de l'apprendre en espérant que votre folie ne vous conduise pas à faire des bêtises.

L'hôtesse remet à Chad le cachet que lui-même donne à Phœbé qui n'attend pas pour l'avaler à l'aide d'un verre d'eau. Elle se met sur son siège tout en gardant sa tête calée dans son cou.

- Bonne nuit, lance-t-elle en attendant que le sommeil vienne la prendre.

- Ou adieu, la taquine Chad. On ne sait pas ce qui peut se passer durant le vol, alors que tu es endormie.

Le corps entier de la jeune femme se contracte vivement tandis qu'un unique frisson lui traverse la colonne vertébrale. Le crash durant son sommeil. Jamais, elle n'y a pensé... Jamais ses parents n'y ont fait référence, mais, lui... Quel fourbe.

- Mía, ne te prend pas la tête pour ça, se moque Chad. De toutes les façons, ton somnifère va agir dans quelques minutes.

- Tais-toi, tu en as assez fait, peste l'Afro-Américaine.

De bon cœur, l'Alpha rigole alors que petit à petit, le médicament commence à faire effet et, avant de sombrer, elle lui montre son majeur. Imbécile.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant