L'impératrice des Glaces [♥sous contrat d'édition] (sortie le 20 mars 2019)

Chapitre 3

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Pourquoi ? Que voulait dire ce sorcier ? Tsoï savait qu'elle n'avait rien d'extraordinaire. Elle était une fille comme toutes les autres. Elle n'était pas la plus jolie, ni le parti le plus intéressant du village, encore moins la plus habile avec une anguille ou avec une fourche. Elle ne savait pas se battre, ni monter à cheval. Tous ce qui la différenciait des autres, c'étaient ses rêves, ceux de partir d'ici. Alors, pourquoi des inconnus la chercheraient-ils ? Le magicien devait avoir perdu la tête.

Interloquée, la jeune fille posa ses yeux sur son frère. Il pleurait. Malgré son jeune âge, il avait parfaitement compris que tous ceux qu'il connaissait, son père, ses amis, n'allaient pas réchapper du massacre qui se jouait plus bas. Et qu'il ne pouvait rien faire contre ça. Qu'il avait peur. Doucement, Tsoï le prit dans ses bras et le berça. Elle en profita aussi pour jeter un regard noir au mage qui les observait. C'était de sa faute s'ils n'étaient pas au village, avec les autres, à subir ce qu'ils subissaient.

— Venez, leur ordonna l'homme. Nous devons nous éloigner au plus vite.

Elle hésita, échangea un long regard avec son frère, tous les deux se demandant s'ils pouvaient faire confiance à l'homme, puis en déduisirent qu'ils n'avaient pas vraiment le choix. Ils ne pouvaient pas aller au village, ce serait s'exposer à une mort violente et inutile. Ils n'avaient plus de maison, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Et ils étaient fatigués, détruits par la douleur et la peur. Ceux là-bas qui organisaient un tel massacre pouvaient très bien venir dans cette forêt les traquer. L'homme avait raison, ils devaient à présent fuir. Même s'ils ne savaient pas encore ce qu'ils fuyaient.

Ils se mirent en marche tous les deux, suivant le sorcier qui les emmena, dans un total silence ponctué par les derniers hurlements qui leur parvenaient, toujours plus profondément dans la forêt. Ils marchèrent pendant ce qu'il leur parut des heures. Le soleil devait maintenant être totalement couché.

Enfin, le sorcier sonna l'heure de la halte. Tian se laissa tomber par terre. Le petit garçon était épuisé. Il n'avait pas l'habitude de marcher autant. Ses pieds nus étaient écorchés. Il allait avoir du mal à tenir encore longtemps le rythme imposé par le mage. Tsoï n'était pas dans un meilleur état. Ses genoux avaient cessés de saigner, mais ses chaussures n'étaient pas adaptées pour autant de marche. Elle avait mal aux orteils, et n'avait qu'une hâte, se débarrasser de ses instruments de torture. Ce qu'elle fit dès qu'elle fut assise sur un tronc d'arbre écrasé au sol. Elle tenta d'éviter le regard désapprobateur du mage alors que ses chaussures finissaient leur course au col, non loin du feu qu'il venait d'allumer.

— Nous n'allons pas nous attarder ici, gronda-t-il. Nous sommes encore bien trop près de ces sauvages.

— Nous n'irons pas plus loin tant que vous ne nous aurez pas dit qui vous êtes et pourquoi vous nous avez sauvés !

Tsoï tenta de se montrer ferme. Elle était déterminée à ne pas suivre cet homme dans ces bois, ou ailleurs, sans avoir avant plus d'informations. Elle savait qu'il pouvait l'obliger, avec la magie, à le suivre quand même, mais elle tenait à lui montrer sa désapprobation. Elle voulait savoir ce qu'il leur voulait.

L'homme soupira en regardant le feu, tout en marmonnant dans sa barbe. Tian se rapprocha de sa sœur, apeuré. Il craignait que le sorcier ne leur lance un mauvais sort. Mais ce ne fut pas ce qu'il fit. Il leva la tête vers eux et plongea ses yeux gris dans les deux paires qui lui faisaient face.

— Que sais-tu du monde qui t'entoure, Tsoï ?

La jeune fille tiqua en entendant l'inconnu prononcé son prénom. Elle était certaine que Tian ne lui avait pas adressé la parole de toute la route, et qu'il n'avait par conséquent pas donné cette information à l'homme. Alors, comment savait-il comment elle s'appelait ? Elle fronça les sourcils, déstabilisée. L'homme soupira à nouveau.