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Le monde de Sawatis

Le pays de Sawatis avait toujours été divisé en deux. Toutes les espèces qui y vivaient étaient séparées en deux catégories et placées à la naissance dans la partie du territoire qui leurs correspondait. Ce pays bicolore abritait le bien et ses espèces à sa droite et le mal et ses servants à sa gauche.

Leurs pays était le même, et c'était bien tout ce que les deux castes avaient en communs, les espèces composant le camp du bien détestaient celles qui composaient le camp du mal tout autant que le mal détestait le bien. Les deux camps étaient des ennemis mortels depuis des temps immémoriaux. Aussi le pays de Sawatis n'avait jamais connu que la guerre. Le mal attaquait sans relâche pour prendre le contrôle total du pays, usant de magie noire, fabriquant des armes plus vicieuses les unes que les autres ou lançant des malédictions qui frappaient soldats et pauvres paysans sans distinction. Mais malgré toutes ses exactions, le mal n'avait pas réussi à mettre un terme à la guerre ni à s'emparer du pays. Après de nombreuses batailles qui avait causé autant de pertes des deux côtés, une longue période de cessez-le-feu suivit, une période de fausse paix où chaque camp pansait ses blessures et reprenait ses forces pour les prochaines batailles. C'était dans cette optique que deux écoles furent construites, pour préparer les futurs soldats et représentants du bien et du mal.

Ahzar était élève d'une de ces écoles. C'était un gentil garçon, un peu naïf et mollasson. Il était certes, pas très assidus dans ses études, mais il était considéré comme quelque de bien par ses camarades. Ce qui, pour un démon, n'était pas un compliment. Ses professeurs de l'académie du mal passaient leurs temps à lui hurler qu'il était trop gentil et pas assez cruel, qu'avec un comportement comme le sien, jamais ils n'arriveraient à gagner la guerre qui se profilait.

La guerre, tout dans cette école y était liée. Les cours qu'il suivait, les entraînements qu'il était forcé de pratiquer, les écriteaux aux murs surplombés de haches. Tout était mis en œuvre pour faire de lui un guerrier fourbe et sanguinaire. Lui, la guerre, il s'en fichait, il était né Démon comme il aurait pu naître Ange ou Humain. Le conflit qui opposait les deux camps ne le regardait pas, il suivait la formation uniquement pour faire plaisir à son père, et séchait les cours dès qu'il en avait l'occasion. Il n'avait aucune envie de participer à une lutte de force, à une bataille qui avait commencé sans que personne ne sache réellement pourquoi. Les deux peuples se détestaient depuis tellement longtemps qu'il trouvait ça ridicule. Lui tout ce qu'il voulait, c'était s'asseoir aux côtés des êtres qui lui était chère, et laisser sa vie suivre son cours, en aucun cas il ne souhaitait passer son temps sur un champ de bataille à massacrer des nains où des elfes.

Assis à même le sol, Ahzar observait les trois grandes tours de l'école du bien. Elles se confondaient avec les nuages tant elles étaient grandes et d'un blanc immaculé. Bien que le pays soit séparé par de strictes frontières, les deux écoles étaient côte à côte, séparées uniquement par un jardin traversé par la rivière Magicae. Un pont, un simple pont reliait les deux camps, il lui suffisait de faire quelques pas pour le traverser et de se retrouver du côté du bien, du côté du pays où tout était vert et resplendissaient. Où les gens souriaient et avaient autre chose que la guerre en tête. Dans cet endroit où il pouvait se détendre, tirer au flan sans avoir peur que son instituteur ne le débusque et ne lui flanque une sévère raclée. Secrètement il se disait que peut-être les elfes, les humains et les nains étaient bien plus heureux qu'eux.

- Encore à rêvasser ?

- Fais gaffe, tu vas finir par gober une mouche !

Sans qu'il ne le remarque, deux personnes s'étaient assises à côté de lui. Cassie, une Vampire au teint pâle et aux longs cheveux aussi noire que les nuit sans lune, et Arthold, un orque massif aux yeux rouges et au visage carré. C'était des amis de longue date avec qui il trainait bien avant de rentrer dans l'académie, il les adorait, même si Cassie était purement sadique et se réjouissait souvent de son malheur, et qu'Arthold était un peu une brute de décoffrage. Malgré leurs aspirations démoniaques, ils étaient ses amis, et c'était grâce à eux si son séjour à l'académie n'était pas un calvaire total.