Il se tenait à la fenêtre de sa chambre du château des Tuileries. Depuis son retour, il avait troqué sa redingote grise et son bicorne, pour ses habits de cour. L’hiver français avait commencé depuis plus d’un mois, mais jamais il ne se sentait aussi heureux, aussi vivant. Nous étions le 12 janvier 1813, et Napoléon avait vaincu le tsar de Russie.
A son entrée triomphale à Berlin, le 15 décembre, les chancelleries européennes n’y crurent pas. Londres, Vienne, Pétersbourg, s’attendaient à ce que les immenses steppes biélorusses digèrent et réduisent à néant la Grande Armée. L’hiver était tombé vite sur cette région du monde, mais l’Empereur avait immédiatement quitter Moscou et ses feux de joie, pour rentrer en Europe occidentale. Avant le départ, il dit à Murat, sur les murs des czars : « La Grande Armée est entrée dans la capitale ennemie, nous avons gagné, rentrons en France ». Pour les espions russes, qui commencèrent alors à brûler la ville, les Français et leurs alliées étaient condamnés au froid et à la famine de cette dure période qu’est l’hiver Russe. Mais en maintenant l’avancée des armées à un rythme rapide, notamment grâce à ses fausses manœuvres déstabilisant les cosaques ennemis, la Grande armée put rejoindre ses terres d’Europe fertile et plus familière.
Le 12 décembre, à Varsovie, il décrète la restauration de la République Des Deux Nations dans ses frontières de 1771, avant sa disparition, avec une Constitution écrite par le prince Joseph Poniatowski, neveu du dernier roi de Pologne. Les Etats concernés par ces pertes territoriales ne purent que prendre actes de la décision, exception faite des prussiens von Hardenberg et von Wartenburg, qui tentèrent de destituer le roi pour reprendre la guerre contre Napoléon. Mais le coup d’Etat échoua, notamment grâce à l’aide de Fouché et de Talleyrand, qui activèrent leurs réseaux et mirent les 2 révoltés en prison.
Le nouvellement nommé chancelier d’Autriche, le prince de Metternich, rendit immédiatement visite à l’Empereur afin de consolider l’alliance entre ces 2 puissances. Cette entrevue, nommé « Rencontre de Noël », se déroula du 23 au 26 décembre à Dresde. Aucun traité ne fut signé, mais il fut décidé de reprendre activement la guerre contre l’Angleterre, ce qui impliquait la pacification de la péninsule ibérique.
Les insurgés espagnols ont accepté leur défaite, mais demandèrent à la France de ne pas placer Joseph à leur tête : ils souhaitaient devenir une République, mais sans tutelle française. L’Empereur accepta, avec pour garantit l’implication totale de l’Espagne dans la guerre contre la Grande-Bretagne, en échange de quoi le Portugal leur sera rattaché. L’alliance fut conclue, et très vite se ne furent plus les troupes françaises qui furent victimes d’attentats et d’embuscade, mais les Anglais du Duc de Wellesley. Sans l’appui de la population, les Anglais n’eurent d’autres choix que de quitter l’Espagne, et de tenter, vainement, de tenir le Portugal. Mais les généraux de Soult et Berthier le mirent en déroute le 21 avril, avec seulement 47 000 hommes et 100 canons, contre ses 67 000 hommes et 57 canons. Ils durent rentrer en Angleterre avec de lourdes pertes, abandonnant la péninsule Ibérique, à présent unifié.
Après la pacification de l’Europe, l’Empereur proclama la paix perpétuelle bientôt obtenue : il resterait à écraser les Anglais, et cela sera possible. Les écraser, ou les soumettre : l’Empereur leur proposa de rendre les armes, en échange de quoi ils resteront indépendants. La France n’obtint pas de réponse.
La France, la France ! Les frontières de ce pays ont beaucoup changé depuis les débuts des guerres de Révolutions ! A présent, la Hollande, la Belgique, la rive Est du Rhin, la côte ouest de l’Italie, la Yougoslavie, les Alpes, faisaient parties de ces départements. Toutes ces provinces ne furent plus unies par la langue, la culture ou la religion, mais par un seul idéal : celui de l’Egalité, de la Liberté, et de la Fraternisation des peuples. Toutes ces valeurs que la Couronne anglaise ne reconnaissait pas à ses sujets.
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Vive l'Empereur !
Historical FictionUne uchronie racontant une campagne de Russie victorieuse ainsi qu'une invasion des Îles Britanniques par Napoléon Bonaparte.