Chapitre 31 - Flash

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Avant

Je ne voulais plus voir personne. Ni cette baby sitter stupide, ni mon père horrible, ni mes amis à l'école, personne. Je ne voulais plus me lever de mon lit. Plus rien n'avait de sens sans maman. Des adultes disent que les enfants ne comprennent rien, moi j'ai peut-être 8 ans mais j'ai tout compris.
Maman est morte parce que papa l'a abandonnée. Il ne lui a pas donné assez de force pour qu'elle s'en sorte. Et moi, on m'a empêché de le faire. Je voulais l'aider, mais personne ne m'a emmené à l'hôpital pour lui donner la force dont elle avait besoin. 

Je ne servais plus à rien désormais, personne ne m'aimait, je n'aimais plus personne. Je ne voulais même plus jouer, même plus me lever, même plus manger.
Papa a été forcé de revenir à la maison pour s'occuper de moi, mais il me crie dessus tout le temps, pour lui je ne fais que des caprices. Il ne comprend jamais rien, je ne veux plus jamais le voir. C'est plus mon père. 

Lentement, je me redressais pour regarder le ciel par la fenêtre. A l'école, on nous a dit que quand on mourrait, on montait dans le ciel. Je n'avait aucun moyen de vérifier, mais maman m'a toujours dit qu'elle serait toujours dans mon coeur et que quand je regarderai les étoiles, je pourrai la voir et être proche d'elle.
Je la crois. Ma maman c'est devenu une étoile dans le ciel, c'est même l'étoile qui brille le plus car c'était la meilleure des maman...

Maman...

Je me levais pour ouvrir la fenêtre et mieux regarder le ciel. Je me perdis un moment dans ma contemplation des nuages quand je vis du coin de l'oeil un mouvement de rideau. Une fille de mon âge me fixait avec perplexité. Elle ouvrit également sa fenêtre, elle tenait en main une peluche, c'était un petit lapin brun.

- Qu'est-ce que tu fais là toi? demanda-t-elle d'un ton agressif.
J'étais surpris par son attitude, moi je ne voulais rien de mal...
- Je regarde les nuages, répondis-je en haussant les épaules. 
- C'est nul. T'as pas de jouets pour t'amuser?

Elle me scannait en serrant son lapin contre son torse. Elle n'avait pas l'air gentille, pourtant je n'avais rien demandé moi...
- Je n'ai pas envie.
Je soupirai doucement en pensant à maman.
- Bah t'es bizarre.
Elle referma sa fenêtre presque sèchement et disparu de mon champ de vision.

Une larme perla au coin de mon œil. Même une petite fille que je n'avais jamais vue ne voulais pas me parler. Même elle ne m'aimait pas. Personne n'était là pour moi et je venais d'en avoir la confirmation.
Je retournais lentement dans mon lit et éclatai en sanglot, ma tête dans mon oreille.

Maintenant

Assis dans le lit d'Aline, je regardais le petit lapin brun que j'avais pris en main. Je venais d'avoir un flash, et un léger sourire se dessina au coin de mes lèvres. J'avais oublié cette période de ma vie, comme on enterre un mauvais souvenir ou quelque chose qu'on ne voudrait plus jamais revoir.

- Tu l'aimes bien? demanda-t-elle un peu étonnée.
- Oui. Je me souviens qu'un jour tu m'as agressé alors que je regardais les nuages, tu tenais cette peluche.

Elle me regardait avec des yeux ronds. 
- Déjà, je ne me souvenais pas t'avoir parlé avant cette année...
- Moi non plus, j'ai juste quelque flash de temps en temps... Qu'est-ce que t'étais agressive avant!

Elle rit.
- Oui, je sais, on me l'a souvent dit. Alors comme ça tu t'es senti agressé?
- Je venais de perdre ma mère... Et toi tu m'as engueulé parce que je ne jouais pas et que j'étais bizarre.
- Oh Gabriel, je suis désolée...
- C'est pas grave, tu as réussi à te faire pardonner depuis longtemps...

Elle me sourit et vint se blottir dans mes bras.
- Heureusement que j'ai changé...
Je souris en entendant sa remarque:
- Ah bon?
Elle me lança un regard noir et tapa doucement mon torse.
- Oui!
- Prouve-le princesse...

Son expression changea, elle arborait désormais un air de défi:
- Je dois donc te prouver que je suis gentille? Pas de problèmes...

Elle glissa une main sous mon t-shirt et l'autre dans mes cheveux.
- Là tu me prouves que je suis irrésistible, pas que t'es gentille...
- N'importe quoi!
Elle tapa doucement mon torse et je ris:
- Voilà, j'avais raison, la gentillesse c'est pas ton truc!
- Ouais, t'as peut-être raison...

Nous échangions un regard complice puis je posais une main sur sa cuisse pour la garder contre moi. Je passais machinalement ma main dans ses cheveux quand quelqu'un frappa à la porte. Son père entra et nous souris gentiment.
- On part faire les courses avec ta mère Aline...
Il hésita un instant avant de rajouter:
- Pas de bêtises hein...
Il s'éloigna et je ne pu m'empêcher de rire. Voisine leur avait beaucoup parlé de moi et ils avaient fini par oublier notre première rencontre. Ils savaient que je respectais leur fille et qu'au final je n'étais pas aussi méchant que j'en avais l'air. Son père était toujours un peu plus inquiet mais il me faisait confiance. De mon côté, je faisais des efforts pour être poli, même si honnêtement ça me cassais les couilles.

Aline me regardais avec une nouvelle lueur dans les yeux, et je compris de suite où elle venait en venir...
- Ton père a dit "pas de bêtise", dis-je en rigolant.
- Tant qu'on se protège, c'est pas des bêtises! ajouta-t-elle en enlevant mon t-shirt.
- T'es limite pire que moi...
- Ah non, ça c'est pas possible!

Elle rit. Je n'avais jamais été aussi heureux depuis tellement longtemps...

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Petit chapitre intermédiaire avant le déménagement final...

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