Deux

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Et le cauchemar commença par le voyage : j'étais coincée entre la fenêtre et Matisse, juste devant madame Durand. De plus, même si je me doutais que nous ne pourrions pas chahuter durant le trajet, j'étais loin d'imaginer que nous aurions une longue liste de déclinaisons à apprendre. Je me voyais plus en train d'écouter de la musique, qu'à travailler. En fait, j'espérais que -contre toute attente- madame Durand chercherait à se faire pardonner de nous imposer ce voyage en nous laissant un peu de liberté. Comme j'étais naïve ! J'aurais dû la connaître et me dire que pour elle c'était à nous d'être sage pour mériter ce voyage.

Bref, que des déceptions ! En plus, pour courroner le tout, mes règles tombaient pile la semaine du voyage. Enfin, le car s'arrêta sur le parking d'une station service. Je m'apprêtais à me précipiter aux toilettes, quand madame Durand m'arrêta d'un geste.

"Hop, hop, hop ! vas-tu comme ça, Lison ?
- Bah, aux toilettes !, répondis-je.
- Avant de te précipiter dehors, tu vas me réciter tes déclinaisons. Et ce sera pour tout le monde pareil. Si vous ne connaissez pas vos déclinaisons, vous restez dans le bus !, décréta la sorcière. Madame Hiver et monsieur Mathlouti vont m'aider à vous les faire réciter."

Tous, nous nous regardâmes avec horreur. Rares étaient ceux qui, comme Matisse et Vincent, avaient pris la peine d'apprendre. Nous étions dans la crotte, pour être polie, jusqu'au cou. Lorsque mon tour vînt, je réussis, je pense, assez bien, pour quelqu'un qui déteste le latin et n'avait fait que lire distraitement ma feuille.  Ah, que peut-on être prêt à faire pour des toilettes ! Mais je m'égare. De toutes façons, ce n'était pas assez pour madame Durand qui m'acheva avec la sanction suprême : interdiction d'aller aux toilettes !

"Mais madame, s'il-vous-plaît ! Je suis pressée et puis j'ai mes règles !, la suppliais-je à genoux.
- Non, n'insiste pas, tu as fait une faute sur le génitif de la 93e ligne !"

Que faire, face à tant de cruauté ! Il m'était impossible d'attendre le prochain arrêt, aussi je pris mon courage à deux mains et sortit du car, ni vu, ni connu. J'étais si pressée que je rentrais dans les toilettes sans même prendre le temps de lire le panneau accroché. Mal m'en prit, car au moment de ressortir, la porte refusa de s'ouvrir. Par malchance, un employé passait l'aspirateur, couvrant mes cris de son vacarme. Quand enfin il cessa, j'avais mal à la gorge à force d'appeler à l'aide.

Heureusement, il finit par m'entendre et me délivra de ma prison. Je pris à peine le temps de le remercier et courus jusqu'au parking où il n'y avait plus trace du car. Le caissier de la boutique m'apprit qu'ils venaient de partir.

"Vraiment, vous avez pas de chance !, s'apitoya-t-il. Allez, vous inquiétez pas, ils vont bien s'apercevoir que vous êtes pas avec eux !
- Et en plus je peux pas les appeler,  j'ai plus de batterie !, me lamentais-je.
-Y vont revenir, je vous dit ! Et puis tenez, je vais vous offrir une glace pour vous consoler, me dit-il."

J'hochai la tête, par miracle complètement revigorée quand...

"Lison Salin !"
Rhaaa... Elle aurait pas pu arriver cinq minutes plus tard, elle !

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 04, 2017 ⏰

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Voyage scolaire ou Lison au VaticanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant